Le dernier conseil européen qui se tenait à Luxembourg mardi 8 octobre a notamment planché sur l’élaboration d’un mécanisme de solidarité entre les Etats concernant la répartition des migrants. Ce conseil faisait suite à une réunion quadripartite (France, Allemagne, Italie, Malte) tenue le lundi 23 septembre à Malte, et qui avait abouti à un pré-accord entre ces quatre pays en vue de la création d’un mécanisme de répartition automatique des demandeurs d’asile et migrants débarqués en territoire maltais ou italien.
Lors de cette réunion technique, plusieurs noms de villes ont été évoqués pour accueillir un centre d’accueil de ces migrants – dont Marseille, qui possède l’avantage de disposer déjà d’une “Pada” (plate-forme d’accueil pour demandeurs d’asile). Le conseil européen de Luxembourg visait donc à faire valider le dispositif par l’ensemble des pays de l’Union, mais également à l’étendre à un maximum de pays. Selon le journal Le Monde, qui cite la secrétaire d’Etat aux affaires européennes Anne de Montchalin, une dizaine d’Etat-membres ont rallié l’accord « du bout des lèvres ».
Levée de boucliers à droite
Bien qu’encore hypothétique, l’annonce de Marseille en tant que potentiel centre d’accueil n’a pas tardé à faire réagir à droite. Par voie de communiqué, Martine Vassal, candidate à la mairie de Marseille, a déclaré que « faire de [notre] ville un port d’accueil, sans concertation et sans
condition, risque de la mettre dans une situation encore plus critique que celle dans laquelle elle se trouve actuellement ». « Quand on accueille mal, ça finit mal » a-t-elle également ajouté, dénonçant une « situation de blocage », dans laquelle Marseille ne peut « s’occuper convenablement des migrants ».
Bruno Gilles, sénateur LR des Bouches-du-Rhône et rival de Mme Vassal à l’investiture LR dans la course aux municipales 2020, va plus loin dans sa critique. « Il n’est pas possible de transformer la deuxième ville de France en camp de réfugiés ou de transit pour tout le continent européen » a-t-il écrit dans un communiqué, voulant croire que : « notre territoire connait de très fortes tensions, notamment en raison des migrants qu’elle abrite déjà et qu’elle peine à accueillir décemment ».
Jean-Claude Gaudin s’insurge
Attendue également, la réaction de Jean-Claude Gaudin, actuel maire LR de Marseille, est tombée dans les colonnes de la Provence vendredi 11 octobre. Dans une lettre envoyée au Premier ministre Edouard Philippe, il regrette la perspective de voir la cité phocéenne devenir un centre d’accueil, alors que « notre ville accueille déjà le centre d’accueil des familles de retour du djihad, sans que cette implantation ait fait l’objet de la moindre concertation ».
Il dénonce ainsi le « mépris total avec lequel l’Etat traite les collectivités », ajoutant que même si « Marseille est une cité ouverte, officialiser ce statut de port d’accueil reviendrait à lui faire tenir le rôle de “pompe aspirante” pour l’ensemble du pays ». Dans le contexte électoral actuel, la question risque d’être encore débattue jusqu’à ce qu’une annonce définitive du gouvernement ne survienne.
François-Michel Lambert relativise
L’une des rares voix dissonantes par rapport aux critiques de la droite est venue de François-Michel Lambert, co-président de l’UDE (Union des Démocrates et des Écologistes).
Il estime que « selon les projections d’accueil temporaire des migrants sauvés par les bateaux humanitaires […] la ville n’aura à accueillir au final que quelques dizaines de personnes ». En outre, il juge durement la prise de position des élus LR locaux, déclarant que « Jean-Claude Gaudin persiste et signe dans des postures de rejet et de mépris et Martine Vassal qui prône pourtant la rupture avec son mentor finalement lui emboîte le pas ».
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