Malgré la polémique, le controversé professeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection Didier Raoult continue de militer pour le traitement du coronavirus à la chloroquine. Il a publié vendredi 27 mars les résultats d’une nouvelle étude tendant à prouver l’efficacité du médicament.
Plus de 80% des patients en rémission au bout de cinq jours
Dix jours après la présentation de premiers résultats encourageants sur 24 patients, l’infectiologue marseillais dévoile une nouvelle étude élargie à 80 personnes suivies pendant 6 à 10 jours à l’IHU ayant bénéficié d’un traitement à l’hydroxychloroquine, un dérivé de la chloroquine utilisé comme anti-paludéen, associé à l’azithromycine, un antibiotique bien connu également du monde médical pour ses vertus contre les infections respiratoires.
Les résultats de cette étude relèvent « une évolution favorable » pour 65 patients, soit 81% du groupe, qui sont sortis de l’hôpital au bout de cinq jours en moyenne. Seulement 15% du groupe a eu besoin d’oxygénothérapie.
Trois personnes ont été transférées en soins intensifs dont deux ont vu leur situation s’améliorer et un se trouvait encore en soins intensifs à l’heure de la publication. Finalement, un seul patient de 86 ans est décédé à l’IHU.
« Nous confirmons l’efficacité de l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine dans le traitement de Covid-19 », concluent les scientifiques à partir de ces statistiques. Pourtant, ces chiffres sont assez proches de ceux observés habituellement dans les hôpitaux sans traitement à la chloroquine.
1003 patients traités à l’@ihu_marseille avec le protocole hydroxychloroquine-azithromycine.
— Didier Raoult (@raoult_didier) March 29, 2020
Notre priorité est de guérir les patients diagnostiqués positifs au COVID-19.
Merci aux équipes de diagnostic et de soin qui se mobilisent jour et nuit.#SFMPhttps://t.co/V6HiXiuHUM pic.twitter.com/ohKeHctkYr
La chloroquine, une arme efficace contre la contagion ?
Le deuxième enseignement important de l’étude est la baisse de la charge virale chez les patients traités. Didier Raoult et son équipe note une chute rapide de la charge virale nasopharyngée dans les tests PCR, avec 83% de négatifs au jour 7, et 93% au jour 8. « Une baisse marquée est observée après six jours de traitement. Après dix jours, deux patients seulement étaient toujours présumés contagieux », expliquent les scientifiques de l’IHU. Mieux, 97,5% des patients ne présentaient plus de cultures de virus dans les voies respiratoires au bout de cinq jours. « Après cinq jours de traitement, deux patients seulement étaient contagieux », ajoute l’étude. Ces résultats tendent à prouver que le traitement du professeur Raoult permettrait de faire baisser le nombre de personnes contagieuses plus rapidement sachant que la durée moyenne actuelle de la contagiosité est actuellement estimée à plus de quinze jours. Cependant, l’ensemble de la méthode et donc des résultats, restent toujours contestée par une partie de la communauté scientifique.
Première critique récurrente contre cette nouvelle étude : l’absence de groupe-contrôle. Habituellement, un essai clinique se base sur deux groupes, l’un avec le traitement en test, l’autre avec un placebo ou sans traitement du tout. Ici, le professeur Raoult a décidé de ne pas mettre en place de groupe-contrôle car il souhaite traiter tous les patients possibles face à l’épidémie. Il répond sur twitter :
Notre étude porte sur 80 patients, sans groupe contrôle car nous proposons notre protocole à tous les patients ne présentant pas de contre-indication.
— Didier Raoult (@raoult_didier) March 28, 2020
C’est ce que nous dicte le serment d’Hippocrate que nous avons prêté. https://t.co/6f8e1tXNns https://t.co/Y91bsFOgB2
Didier Raoult continue cependant de profiter du soutien d’une partie de la classe politique de droite essentiellement. Dernier en date, l’ancien ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy et membre du conseil d’administration de l’IHU, a apporté sur Twitter son appui au protocole hydroxychloroquine-azithromycine. Ce dernier lance un appel au Président de la République pour permettre « à tous les médecins français, hospitaliers ou libéraux, de prescrire s’ils le souhaitent ce traitement aux malades atteints de Covid-19 sachant que plus tôt il sera donné, plus il sera efficace ».
Merci à Philippe Douste-Blazy, ancien Ministre de la Santé et membre du Conseil d’Administration de l’@IHU_Marseille, pour sa prise de position.https://t.co/4S7Y3Tj0UF
— Didier Raoult (@raoult_didier) March 28, 2020
A Marseille, le soutien des acteurs locaux pour Didier Raoul est très fort. Symbole de ce courant de sympathie, la Caisse d’épargne Cepac a annoncé ce matin dans les colonnes de Gomet’ via son président Joël Chassard qu’elle apportait une dotation immédiate de 200 000 euros pour soutenir l’IHU Méditerranée Infection dans son effort face au virus.
Liens utiles :
> Cathy Racon-Bouzon : ce que j’ai vu à l’IHU du professeur Didier Raoult
> Didier Raoult : « Je suis serein, je sais comment cela va se terminer »
> Coronavirus : le décret qui autorise la chloroquine dans le traitement du covid-19