Le festival de cinéma espagnol de Marseille Cinehorizontes se déroule du 12 au 24 novembre dans six salles et lieux culturels de la cité phocéenne avec des escales dans sept communes de la Région Sud : Aix-en-Provence, Avignon, Digne-les-Bains, La Ciotat, Nice, Port-de-Bouc et Vitrolles.
« Une 21e édition qui s’ouvre sous une bonne étoile » se réjouit Jocelyne Faessel, présidente d’honneur du festival, lors de la conférence de presse« une récolte de films riches, qui ont eu une belle reconnaissance internationale cette année comme Nos Soleils (Alcarrás) de Carla Simón qui a remporté l’Ours d’or à Berlin» (en avant-première à Cinehorizontes, ndlr).
Au menu, une trentaine de films (fictions et documentaires) pour la plupart inédits, en présence de réalisateurs et de comédien.n.e.s, un hommage à Carlos Saura, des conférences autour de l’oeuvre du cinéaste, sans oublier des moments festifs feront le bonheur des cinéphiles et des curieux désireux de découvrir en avant-première les nouvelles productions venues de la péninsule ibérique.
C’est désormais une tradition, en prélude au festival, le cinéma cubain et argentin sont à l’honneur le temps d’un week-end. À commencer par un film historique cubain Lucía d’Humberto Solás, qui évoque trois époques de luttes pour l’indépendance, suivi de Corazón azul de Miguel Coyula, un conte fantastique sur l’homme cubain d’aujourd’hui en proie à des transformations “un ovni déjanté ! ” rapportent les organisateurs, de quoi se réjouir de la venue de Lynn Cruz, l’une des comédiennes du film (samedi 12 novembre à 20h15, au cinéma Alhambra ). Le lendemain, place à la journée argentine, au cours de laquelle les spectateurs découvriront deux longs-métrages, notamment Compétition Officielle de Mariano Cohn et Gastón Duprat, interprété par un trio de choc : Penélope Cruz, Antonio Banderas et Oscar Martínez, mettant en scène une bataille d’égo hilarante sur l’univers du 7e Art (dimanche 13 novembre à 15h 30, au cinéma ArtPlexe Canebière).
Carlos Saura, à la confluence de tous les arts
Cette année les festivaliers auront tout le loisir de se pencher sur la filmographie de Carlos Saura, parrain de Cinehorizontes, dont l’oeuvre fera l’objet d’un hommage. Figure emblématique du cinéma espagnol à la renommée internationale, le cinéaste aragonais, aujourd’hui âgé de 90 ans, a choisi lui-la thématique des arts pour illustrer l’hommage qui lui est rendu, d’où le titre de la rétrospective. C’est dire combien la musique, la danse, l’opéra ou la peinture font partie intégrante de ses sources d’inspiration. 16 longs-métrages représentatifs ont été sélectionnés par cet auteur prolifique parmi lesquels, son premier chef d’oeuvre sur la violence franquiste La chasse (La Caza) , en passant par Noces de sang (Bodas de sangre), sublime film-ballet réalisé avec le célèbre danseur et chorégraphe Antonio Gades, Don Giovanni, naissance d’un opéra (Io, Don Giovanni), ou encore Goya à Bordeaux (Goya en Buerdeos), illustrant l’acuité de Saura à se saisir des territoires de l’art et nous transmettre de l’émotion sur grand écran.
Preuve en est, encore aujourd’hui, avec son nouveau film : Le Roi du monde (El rey de todo el mundo), un film musical tourné au Mexique qui rend hommage à la musique “huapangos” à travers l’histoire d’une jeune danseuse confronté à un père mafieux.
Présenté en avant-première, ce nouvel opus a ouvert officiellement la 21e édition du festival, en présence de Laura Del Sol, danseuse et actrice fétiche de Saura révélée dans Carmen, et de Anna Saura Ramón, fille et productrice du cinéaste (mardi 12 novembre à 20h au cinéma Le Prado).
Outre la (re)découverte des oeuvres immenses de ce réalisateur, une série d’événements (en entrée libre) accompagne cette rétrospective : exposition d’affiches de films, leçon de cinéma, table ronde, conférences animées par des universitaires, des historiens de l’art et du cinéma notamment Nancy Berthier, Directrice de la Casa de Velasquez à Madrid, présidente du jury des longs-métrages cette année.
Cinehorizontes : une vitrine du cinéma espagnol contemporain
Parmi la trentaine de films sélectionnés répartis dans les différentes catégories (films en compétition, belle jeunesse, fenêtre sur le cinéma catalan et section panorama), on notera une prédominance pour des sujets de société liés à des problématiques familiales, à la jeunesse et aux jeunes filles en particulier : qu’elle soit déjà mère à 14 ans, La Maternal de Pilar Pilomero (La Niñas), ou qu’elle ait à prendre en charge sa famille Lullaby (Cinco Lobitos) de Alauda Ruiz de Azúa, (en présence de la comédienne Laia Costa, étoile montante du cinéma espagnol), qu’elle tente de s’échapper à un quotidien agressif Libélulas, un premier film de Luc Kowles (en présence du réalisateur) ou qu’elle soit victime d’abus sexuels The Yellow Ceiling (El sostre groc), un documentaired’Isabel Coixet.
D’autres thèmes, plus politiques mais tout aussi passionnants, seront également abordés tels que celui de la résilience comme dans Les Repentis (Maixabel) de Icíar Bollaín, la rencontre insolite de Maixabel Lasa, veuve d’un responsable socialiste basque assassiné avec l’auteur du crime, un ancien membre de l’ETA, ou dans le même sillon On the other side (Del Otro Lado) d’Iván Garnizo, un documentaire sur la recherche du fils du “guerillero” des Farcs qui a permis à une femme otage de survivre dans la jungle colombienne.
Enfin, dans un autre registre les amateurs des films d’animation ne seront pas en reste avec un programme consacré à ce genre particulièrement florissant comme Black is Bletza II : Ainhoa de Fermin Muguruza, le deuxième volet des aventures de Ainhoa, la fille d’un activiste basque (en présence du réalisateur, de la scénariste Isa Campo et de la productrice Jone Unanua) ou encore Unicorn Wars d’Alberto Vásquez, un film sur la guerre entre les bisounours et les licornes dans une forêt magique.
Et qui dit Espagne, dit bal flamenco, bal tango qui jalonneront le festival jusqu’à la cérémonie de clôtue qui sera animée par la chanteuse Christina Rosmini accompagnée de son guitariste Bruno Caviglia. De quoi faire vibrer les aficionados de la Fiesta !
Informations pratiques et liens utiles
Les projections auront lieu principalement au cinéma Le Prado, mais aussi à l’Alhambra, à l’Alcazar, l’Artplexe Canebière, au Vidéodrome 2 et aux Variétes à Marseille. À noter que tous les films sont en version originale sous-titrés en français.
Pour plus d’informations sur les lieux du festival hors les murs et le programme consulter le lien https://www.cinehorizontes.com/
> Les précédentes éditions de Cinehorizontes dans les archives de Gomet’