Six ans après La Délicatesse, d’après le roman éponyme de David Foenkinos, les deux frères Foenkinos – Stéphane et David – signent, avec Jalouse, un nouveau portrait de femme dans lequel Karin Viard excelle dans le rôle d’une mère jalouse de sa fille. Le film sort dans les salles de la métropole mercredi 8 novembre 2017 et Gomet’ a rencontré Stéphane Foenkinos, accompagné du comédien Thibault de Montalembert, lors de la projection presse au cinéma le Cézanne à Aix-en-Provence.
« Jalouse : Qui éprouve de la jalousie à l’idée qu’ un autre jouit ou pourrait jouir d’un avantage que lui-même ne possède pas ou qu’il désire posséder exclusivement », nous dit le dictionnaire. De ce qualificatif déclinée au féminin, les frères Foenkinos en tirent une comédie caustique aux rebondissements efficaces portée par Karin Viard, drôle et sombre à la fois. Un personnage complexe qu’elle interprète aux côtés d’Anne Dorval (son amie Sophie), actrice québécoise emblématique du cinéma de Xavier Dolan, Thibault de Montalembert (Jean-Pierre, son ex-mari), vu récemment dans la série Dix pour cent, Dara Tombroff (Mathilde, sa fille) dont c’est la première apparition à l’écran …
Jalouse décrit comment Nathalie Pêcheux (Karin Viard), la cinquantaine rayonnante, professeure de lettres, divorcée, qui élève seule sa fille de 18 ans, Mathilde, va basculer du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Face à elle-même, aspirée par sa névrose, elle va faire vivre un véritable cauchemar à son entourage, jusqu’à ce qu’elle commette l’irréparable et rencontre une vieille dame …
Comment parler de Jalouse sans évoquer la complicité des deux frères ? Stéphane Foenkinos ne cache pas son admiration pour son jeune frère David, écrivain discret qui lui a fait la surprise un jour de Noël 2001 en lui amenant son premier livre édité chez Gallimard. Il nous confie également que c’est sous son impulsion qu’il est passé derrière la caméra, Stéphane Foenkinos a occupé pendant vingt-cinq ans le poste de directeur de casting. « C’est vraiment un travail complémentaire, c’est mon frère mais on est très différent, explique le réalisateur au sujet de leur collaboration lors de l’écriture du scénario. Ce n’est pas quelque chose qu’on a prévu, on parle énormément de l’histoire, on cible les grands axes et après on s’envoit les séquences, on n’est pas collé l’un à l’autre, c’est beaucoup de dialogue et à partir de là on essaie de se surprendre l’un l’autre et sur le plateau on est assez complémentaire. »
S’il est difficile de ne pas faire le parallèle avec la Nathalie, incarnée par Audrey Tautou dans La Délicatesse, il ne s’agit pas vraiment d’un hasard de personnage. L’idée des frères Foenkinos était de faire le portrait d’une femme d”une autre génération qui souffre cette fois de la jalousie à un moment clef de sa vie, arrivée à la cinquantaine. « Dès l’instant qu’on a eu cette idée de départ que la jalousie soit concentrée sur sa fille, on s’est rendu compte du côté tabou du sujet qui n’avait pas été traîté jusque-là. En parlant et en lisant des articles on s’est rendu-compte que plus que la jalousie, c’est de l’envie dont il s’agit et l’envie qui naît d’une frustation dans un moment de notre vie quand on se sent en porte-à-faux. C’est ce qu’exprime Nathalie, quand elle dit qu’elle a des pulsions quelquefois et après s’excuse. Mais ça, c’est plus de la frustation de voir quand le bonheur des autres vous saute à la figure, c’est difficile à vivre », poursuit Stéphane Foenkinos.
Enfin, comment expliquer alors l’ampathie que l’on peut avoir au final pour Nathalie ? « C’était notre crainte, répond Stéphane Foenkinos. En plus, c’est un film rêvé et pensé pour Karin Viard. Parce que c’est une comédienne qui aime foncer dans le tas, elle nous a répondu en 24 heures (…), elle nous à encourager à pousser le bouchon, dès l’instant qu’elle trouvait une vérité psychologique au personnage. Ce qui nous importait, c’était de doser. Dans une même scène, elle est capable de passer d’un état à un autre, ce qui est le cas du personnage. Elle nous a dit tout de suite il ne faut pas excuser son personnage. L’ampathie au final … il y a un tel amour du public pour elle. On savait qu’on pouvait faire ça avec Karin Viard, ce qui n’est pas le cas avec beaucoup d’actrice, aussi on a envie de lui pardonner. »
En conclusion, soyez rassurées Mesdames, « la jalousie n’est pas l’apanage des femmes » et si c’est Stéphane Foenkinos qui le dit … !
> Jalouse, de Stéphane Foenkinos et David Foenkinos, sortie nationale mercredi 8 novembre 2017 dont les salles suivantes : Le Cézanne à Aix-en-Provence, Le Pagnol à Aubagne, Les 3 Casinos à Gardanne, Le Prado et Bonneveine à Marseille, Les Arcades à Salon, au CGR à Vitrolles.