Rencontre interview avec Hafsia Herzi, accompagnée de son actrice Nadia Melliti, lors de la conférence de presse au cinéma Les Variétés à Marseille début octobre à l’occasion de la présentation de son dernier film La Petite Dernière.
Comment avez-vous travaillé sur l’adaptation du livre de Fatima Daas ? Cette dernière a-t-elle collaboré au scénario et avez-vous modifié des éléments du roman pour les besoins du film ?
Hafsia Herzi : Je n’ai pas travaillé avec Fatima sur le scénario. C’est quelque chose qui me faisait peur car j’avais entendu dire que des auteurs ou des autrices étaient parfois déçus par les films. En plus, j’aime bien écrire seule, surtout le scénario, c’est un travail différent du roman. Le livre de Fatima Daas a une structure assez spéciale, comme une sorte de long monologue, donc ce n’était pas un récit facile à adapter.
J’ai gardé l’essence, les personnages et la famille. J’ai essayé de conserver ce qui m’intéressait le plus, ce que j’arrivais à visualiser cinématographiquement. Mais je pense que le film est assez proche du roman, peut-être un peu plus doux, notamment le personnage du père. Dans le livre, il est assez virulent alors que dans le film, il est plus âgé, du coup il a démissionné depuis longemps ! Et puis, j’avais plus envie de montrer la mère qui a du caractère, une mère nourricière.
Hafsa Herzi : « J’avais cette inspiration des tableaux de femmes d’Ingres »
On sent chez vous un vrai plaisir à filmer, certaines images évoquent parfois des tableaux, on pense notamment à cette scène où l’on découvre le corps alanguie de l’amante de Fatima allongée sur un lit… Qu’en pensez-vous ?
Hafsia Herzi : J’aime la peinture, c’est vrai, mais aussi Marcel Pagnol (sourires). J’aime filmer le quotidien avec des dialogues comme dans la vraie vie. Et puis, c’est la première fois que j’avais une cheffe déco et une cheffe costumière, ce sont des scènes très préparées avec elles. J’avais en effet cette inspiration des tableaux de femmes d’Ingres.

Comment avez-vous découvert Nadia Melliti ?
Hafsia Herzi : Au cours d’un casting sauvage, à Marseille, à Paris et dans plusieurs villes de France, grâce à la directrice de casting, Audrey Gini-Ravel qui est marseillaise. Quand j’ai reçu la photo de Nadia, j’ai flashé tout de suite, son visage, son regard. Très vite, j’ai su qu’elle avait ce truc. Au départ, je pensais qu’elle était métisse, alors qu’elle est française, d’origine algérienne comme l’héroïne du roman.
Nadia Melliti : « Je vis les choses en mode Carpe diem »
Et vous Nadia, envisagiez-vous d’être comédienne avant de faire le film ?
Nadia Melliti : Pas du tout. Je voulais être professeur d’EPS (éducation physique et sportive). Lorsque j’ai appris que j’étais retenue, je n’y croyais pas. Mais comme en règle générale je vis les choses en mode « carpe diem », dans l’instant présent, c’est devenu un challenge.
Vous réussissez à incarner un personnage très intériorisé, d’où vous vient cette capacité à vous fondre dans le rôle de Fatima, d’autant que c’est votre première expérience au cinéma ?
Nadia Melliti : Je le dois à mon émancipation sportive en tant que footballeuse. Très vite, j’ai compris que j’étais dans un monde d’hommes et je ne voulais pas faire partie de ce monde-là. Mener ce combat par moi-même, cela a créé un caractère, une personnalité. En tant que sportive, on a un mental assez dur. On a beaucoup d’exigences vis-à-vis de soi-même, et en l’occurence je ne voulais pas décevoir Hafsia Herzi sur le plateau. Je ne voulais pas sentir en moi l’écart de niveau, comme quand je faisais du foot avec les garçons.

Sur le plateau, j’ai ressenti cette piqûre de rappel de mon enfance, il fallait être à la hauteur des exigences et de la confiance qu’on m’accordait. J’avais aussi les conseils d’Hafsia qui m’a véritablement accompagnée, car quand on ne connaît rien à ce métier on peut se leurrer. C’est là qu’intervient l’intelligence émotionnelle et l’expérience d’Hafsia en tant qu’actrice.
Nadia Melliti : « Au cours de l’histoire, les femmes ont toujours été en quête de liberté »
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le personnage de Fatima ?
Nadia Melliti : J’ai beaucoup aimé cette lutte intérieure. Je pense qu’au cours de l’histoire, les femmes ont toujours été en quête de liberté. Mai 68 par exemple, même si je ne l’ai pas connu, le droit au plaisir, il est interdire d’interdire, l’émancipation de la femme pour avoir un compte bancaire… les femmes ont toujours mené des combats et, là, le fait de voir une femme en quête identitaire, cela a résonné en moi.
On imagine que depuis le Festival de Cannes, vous avez reçu des propositions. Quels sont vos projets aujourd’hui ?
Nadia Melliti : Oui, j’ai reçu d’autres projets de films, j’y réfléchis… J’aimerais bien jouer dans un film d’action. Mais j’ai aussi un concours à passer à la fac d’EPS. J’espère donner le meilleur de moi-même pour réussir les deux (sourires).
Et vous Hafsia ?
Hafsia Herzi : Pour l’instant, je suis prise par la sortie de mon film. En tant qu’actrice, je viens de terminer le prochain film de Léa Mysius Histoires de la nuit avec Benoît Magimel.
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