Après le documentaire Hissein Habré, une tragédie tchadienne, Mahamat Saleh Haroun revient à la fiction et tourne pour la première fois en France. Dans Une saison en France, sélectionné l’an dernier au prestigieux festival international de Toronto, le cinéaste tchadien (remarqué avec Bye, Bye Africa en 1999) capte le processus d’effacement d’un intellectuel centrafricain de l’espace public en attendant d’obtenir le statut de réfugié. Projection en avant-première suivie d’une rencontre au cinéma Les Variétés ce mercredi 24 janvier.
Au centre du film Abbas (Eriq Ebouaney), un professeur de français réfugié en France qui a fui la guerre en Centrafrique avec ses deux enfants. Hanté par le fantôme de sa femme assassinée par les Bangis, Abbas tente de construire une nouvelle vie. Ce dont son ami Etienne (Bibi Tanga) doit se préoccuper aussi : il était professeur de philosophie et repart à zéro comme agent de sécurité. Abbas et Etienne vont tout miser sur leur demande de droit d’asile. La bienveillance de Carole (Sandrine Bonnaire), la nouvelle compagne d’Abbas, va tout faire pour l’aider à chasser les fantômes du passé et la présence de ses enfants, Asma (Aalayna Lys) et Yacine (Ibrahim Burama Darboe), le maintient à rester rattacher à une vie normale, jusqu’à ce qu’il obtienne la réponse de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) …
De ce temps suspendu, Mahamat-Saleh Haroun tire une chronique sobre et dense qui sonde l’identité intime de deux exilés centrafricains, minés par la lenteur des procédures administratives. En même temps que le cinéaste nous transmet la mémoire africaine avec des chansons en langue sango ou la musique de Wasis Diop, Mahamat-Saleh Haroun engage aussi sa vision de l’Afrique à travers le personnage d’ Etienne : « Le Centrafrique n’existe pas, toute l’Afrique est une inévitable fiction…»
Pour cela, les interprètes principaux sont tous justes et sur la retenue : Eriq Ebouaney, (acteur d’origine camerounaise vu dans Fatale de Brian de Palma), excelle dans la peau d’un père de famille, a priori solide mais proche de vaciller à tout moment, Bibi Tanga (musicien afro-jazz) particulièrement émouvant, dont c’est le premier rôle à l’écran, et Sandrine Bonnaire qui illumine le personnage de Carole avec un naturel déconcertant.
Hasard de l’actualité, le film de Mahamat Saleh Haroun, sortira dans les salles le 31 janvier 2018 à quelques semaines de la présentation par le président Emmanuel Macron du nouveau projet de loi “Immigration et asile” en Conseil des ministres. À cet égard, la rencontre avec Mahamat – Saleh Hassoun et Eriq Ebouaney s’annonce d’ores et déjà particulièrement intéréssante mercredi 24 janvier à 20h au cinéma les Variétés à Marseille.
Informations pratiques
> Séance en avant-première le mercredi 24 janvier 2018 à 20h
> Cinéma Les Variétés – 37, rue Vincent Scotto, Marseille 1er
> Sortie nationale le mercredi 31 janvier 2018