Alors qu’Obratori et Zebox sont désormais bien installés aux premier et deuxième étage du Catsel, c’est au tour des équipes d’Aix-Marseille Université (Amu), à l’origine du projet, d’investir la fameuse cité de l’innovation et des savoirs. Si l’inauguration officielle a été finalement repoussée au 13 mars à cause des évènements dramatiques de la rue d’Aubagne, les salariés d’Amu ont déjà commencé pas pour mettre en marche à travailler sur le projet.
Parmi les premiers résidents, Protisvalor. Cette filiale de l’université a pour mission principale d’accompagner les chercheurs dans le montage de leurs contrats de recherche partenariaux et européens. Elle s’appuie également sur les plateformes technologiques d’Amu qui propose aux entreprises d’utiliser des équipements de pointe et les compétences de ses experts scientifiques. Autre filiale représentée au Castel, la Société d’accélération du transfert de technologie (Satt) se sert aussi de ce nouveau lieu totem pour mieux se faire connaître des entreprises.
L’institut Carnot Star, le bras armé d’Amu dans les domaines du sport, de la santé et du bien être, est également présent. Il travaille déjà avec des grands groupes et des PME pour développer de nouvelles technologies comme des IRM miniatures, des intelligences artificielles pour analyser les performances des sportifs de haut niveau ou encore des compléments alimentaires haute-performance. Réparti sur plusieurs sites marseillais (Luminy, Hôpital Nord, Chateau-Gombert…), il a installé son bureau principal au Castel pour accueillir les professionnels désireux de travailler avec ses équipes. « Avec la Cité de l’innovation et des savoirs, les entreprises ont un guichet unique pour s’informer sur l’ensemble de nos services. C’est une vitrine pour mieux se faire connaître des entreprises et du grand public », explique Eric Berton, le vice-président innovation et valorisation d’Amu. Avec le Castel, l’université veut également attirer les start-up pour leur proposer un accompagnement sur le long terme.
Des fonds d’investissements pour financer l’innovation
Sur son plateau de 500 mètres carrés, la Cité de l’innovation va consacrer une bonne partie de son espace aux start-up. Elle abrite notamment des bureaux de ses deux incubateurs Impulse et Belle-de Mai. Leurs résidents peuvent profiter du lieu pour travailler, faire des réunions et surtout rencontrer de potentiels partenaires. Pour créer de l’émulation, Amu a souhaité ouvrir ses portes à d’autres acteurs de l’accompagnement des jeunes pousses.
Ainsi, le Réseau entreprendre a pris un bureau dans ses locaux pour offrir ses services. L’accélérateur Pfactory, jusqu’ici installée à l’école de management EMD, va installer la totalité de ses équipes à la Cité de l’innovation et des savoirs. Il apportera ainsi son expérience et surtout son carnet d’adresse rempli d’investisseurs. Le financement est au centre des préoccupations des start-up donc Amu a souhaité s’entourer de spécialistes. Deux banques locales ont également pris un bureau pour proposer des solutions de financement aux jeunes entreprises de la cité. Mais surtout, l’université espère bientôt disposer de ses propres fonds d’investissements qui siègeront au Castel. Elle a notamment répondu à l’appel à manifestation d’intérêt (Ami) pour gérer le fonds French Tech Seed au niveau régional. Doté d’un budget de 400 millions d’euros pour tout le pays, il s’adressera particulièrement aux start-up de la « deep tech ». La réponse doit intervenir dans les jours qui viennent. Amu espère aussi décrocher l’Ami pour le fonds Pertinence Invest II. Plusieurs de ses filiales s’associent avec la BPI e des investisseurs privés pour créer un fonds de 50 millions d’euros qui aidera les start-up de tous les domaines, « avec ne petite préférence pour les sciences humaines qui sont souvent le parent pauvre du financement », ajoute Eric Berton.
Au final, ce seront 50 personnes qui travailleront quotidiennement dans les bureaux d’Amu au Castel. A l’origine, ils devaient être beaucoup plus nombreux mais l’université a fait le choix de partager son bâtiment à d’autres projets qui rendent la cité de l’innovation et des savoirs encore plus intéressante.
La Cité de l’innovation rêve de s’étendre sur le J1
Aix-Marseille Université est le premier à avoir vu le potentiel de l’ancien siège de la Compagnie méridionale de navigation. Ce bâtiment de style « art déco » propose 3 000 mètres carrés idéalement situé face au port de la Joliette, en plein cœur du quartier Euroméditerranée. Dès que le projet immobilier a commencé à se préciser en 2015, Amu a jeté son dévolu sur l’édifice y voyant l’occasion d’y créer un lieu en lien avec l’économie productive.
Le président Yvon Berland et Eric Berton, vice-président innovation et valorisation, ont évoqué le principe de la Cité de l’innovation et des savoirs pour la première fois en 2012 : « Au départ, on voulait occuper tout le bâtiment pour y installer l’ensemble de nos services en lien avec les entreprises et même créer des espaces dédiés à l’incubation des start-up », raconte Eric Berton. Mais c’était sans compter sur la convoitise que le bâtiment allait susciter. Très vite, d’autres grands noms de l’économie régionale ont prévenu les institutions locales que, eux aussi, étaient intéressés par le bâtiment. Le premier d’entre eux, la CMA CGM et son président Rodolphe Saadé, a mis en œuvre tous les moyens pour se positionner. Ils avaient besoin des 3 000 mètres carrés pour abriter l’accélérateur de leurs rêves mais ils ont dû trouver un compromis avec l’université pour se partager les locaux.
Eric Berton : «L’intérêt de s’allier avec des groupes privés »
Finalement, ils occupent avec Zebox près de 1 000 mètres carrés au premier étage et recherche toujours plus d’espace notamment dans le programme immobilier contigu en cours de réalisation. Pour L’Occitane, tout est parti d’une rencontre. Le groupe de cosmétique cherchait un lieu à Marseille et travaille depuis longtemps avec l’université, la Satt notamment. En 2016, Amaury Godron, l’actuel patron d’Obratori, se retrouve avec Yvon Berland, le président d’AMU, et Eric Berton pour leur présenter son projet. « On a très vite compris l’intérêt de s’allier avec ces grands groupes privés pour offrir les moyens aux start-up de se développer à la cité », explique Eric Berton. Il voit ce lieu comme une fusée à plusieurs étages. Au rez-de-chaussée, le totem numérique de la Métropole et la Cité de l’innovation d’Amu s’occupe des projets entrepreneuriaux naissants. « On a une bonne vision des idées issues de la recherche fondamentale qui peuvent déboucher sur une création d’entreprise. Une fois qu’ils ont grandi à nos côtés, on peut passer le relais à Zebox et Obratori pour les amener au marché », avance Eric Berton. Si Amu doit finalement se contenter de six fois moins de surface qu’escompter au départ, elle n’abandonne pas ses idées de grandeur et mise beaucoup sur l’appel d’offres du J1 en face du Castel.
Cette installation pourrait n’être qu’une préfiguration de ce que sera à terme la Cité de l’innovation et des savoirs. De l’autre côté de la Joliette, l’ancien hangar J1 propose 25 000 mètres carrés sur la mer à aménager. Amu voit dans ce projet l’occasion de concrétiser son ambition : une grande cité des sciences ouverte aux professionnels et au grand public. L’université s’est donc associée au groupe Redman pour présenter un dossier qui a été retenu parmi les quatre finalistes. Elle prévoit d’occuper 5 500 mètres carrés au total pour y installer des démonstrateurs de ses travaux, des lieux d’accélérations pour les start-up, de grandes expositions… Le Port détient le destin de ce projet d’envergure internationale entre ses mains. Verdict attendu l’année prochaine.
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Gomet’ Premium : La Cité de l’innovation et des savoirs ouvrira ses portes en juin à Marseille au Castel