Ce mardi 5 novembre eut sans nul doute été tranquille en d’autres circonstances, autour de la petite place formée par l’intersection des rue d’Aubagne, de l’Arc et Moustier, dans le centre de Marseille. Mais dans la fraîcheur du matin, un peu avant neuf heures, il règne une agitation inhabituelle. Les journalistes jouent des coudes autour du modeste autel funèbre dressé pour l’occasion – tout juste une table, un bouquet de fleurs et quelques bougies. Une assemblée de quelques 200 personnes se déploie autour du buste d’Homère, qui affiche fièrement son marbre du haut de sa colonne. A neuf heures exactes, le silence se fait. La commémoration débute.
Huit minutes de silence, huit torches allumées, huit destins brisés
Si la cérémonie devait être résumée en un chiffre, ce serait indéniablement le huit. Point de superstition cependant, simplement un hommage à Julien, Taher, Cherif, Fabien, Simona, Niasse, Ouloume et Marie-Emmanuelle, les huit qui payèrent de leur vie les effondrements du 63 et 65 de la rue d’Aubagne. En leur mémoire, huit torches sont allumées, alors que la foule se recueille. L’émotion est palpable. Les uns et les autres s’embrassent, s’enlacent, se soutiennent, quelques larmes coulent le long de joues fatiguées.
Huit minutes de silence sont observées, une éternité, celle-là même qui a englouti les vies de ceux qui sont aujourd’hui devenus des martyrs de l’habitat indigne. Toutefois, les bruissements de Noailles se rappellent à l’assemblée, comme pour signifier que la vie continue malgré le souvenir cuisant de la tragédie : le son d’une cloche, des cris de voisins qui se perdent dans le lointain, ou encore ce chanteur ambulant qui déclame quelques vers avant d’être poliment invité à différer sa performance.