Les acteurs économiques partagent, grosso modo, une même analyse. Jusqu’au premier trimestre 2022, les résultats des entreprises sont bons, voire très bons, avec de bonnes marges et des perspectives de croissance. Des avis qui contratsent avec les propos alarmistes du président du tribunal de commerce de Marseille, Jean-Marc Latreille, tenus dans les colonnes de Gomet’ L’Hebdo.
À la Banque populaire Méditerranée, Sabine Calba, directrice générale constate que toutes les situations sont différentes. Des secteurs précis sont impactés et plus vulnérables : le BTP et particulièrement le second œuvre et le secteur automobile. Le secteur de la construction vit à la fois une pénurie de matériaux et une augmentation de ses coûts qui sont difficilement répercutables vers le client.
Les vendeurs de véhicules, les grandes concessions ne peuvent satisfaire les demandes de voitures neuves de leurs clients. Pour l’instant la Banque populaire ne constate pas de demande d’ajournement des crédits. 9% des PGE ont été remboursés en un an, 75% des bénéficiaires ont demandé à passer sur 5 ans dont 70% avec un report d’échéance. Ce 1,4 milliard d’euros entre en amortissement fin 2022, mais la Banque populaire reste prudente face à la conjoncture ; elle a gardé à un niveau élevé son risque client et a demandé à tous ses chargés de clientèle d’être au plus près des entrepreneurs pour « mettre en place les amortisseurs » lorsque c’est nécessaire et possible.
Dans la métallurgie, le délégué général de l’UIMM Alpes Méditerranée, Serge Bornarel, ne voit pas à ce jour d’indicateur inquiétant dans les chiffres du premier trimestre 2022. Il ne perçoit pas de problématique de crise, mais il constate que dans le secteur de la métallurgie (qui inclut la microélectronique, l’aéronautique et l’aérospatiale) , les entreprises souffrent des problèmes d’approvisionnement, que « les carnets de commandes se décalent, que l’on tape dans les stocks » et qu’il y a là bien sûr un risque pour le reste de l’année.
À l’Ordre des experts-comptables, Colette Weizman a toujours refusé de sombrer dans le catastrophisme, et les faits lui ont donné raison. S’appuyant sur son vécu d’expert-comptable, comme sur les chiffres de la profession qui capte le pouls des entreprises en temps réel, elle persiste, tout en ayant « l’impression de vivre dans un autre monde », que les entreprises s’en sortent plutôt bien et qu’il ne faut pas à ce jour criez au loup. Il n’y a pas, dit-elle « d‘inversion de tendance, il n’y a pas de signal rouge ni même orange qui viennent des banques ».
La présidente du Conseil de l’ordre relève que les créations d’entreprises se tiennent plutôt bien avec l’année dernière 19 300 nouvelles boîtes. Que les dépôts de bilan sont à la baisse : 1555 en avril 2022, pour 1621 en 2021, 2343 en 2020 et 3600 toujours en avril en 2019 ; avec cependant une évolution : 70 % des dossiers finissent en liquidation pour 30 % de redressement, alors que l’on était l’année dernière à 50/50. Le rythme des encours de crédit, c’est-à-dire le niveau de remboursement des crédits n’a pas connu de diminution et sur l’ensemble des PGE, le risque se limite à 4%. Il n’y a donc pas à ce jour de difficultés importantes, il y a peut-être un ralentissement dû aux incertitudes de la conjoncture internationale qui peut peser sur le développement et sur les investissements. Mais conclut-elle « il faut faire confiance aux entreprises : elles ont appris avec le Covid à devenir plus souples, plus réactives, plus agiles ; elles ont appris à s’adapter et à rebondir ».
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Conjoncture : l’activité globalement stable en avril malgré l’inflation