Le budget 2024 était supposé monopoliser les débats de ce dernier conseil municipal marseillais de 2023. Finalement, c’est une séance à haute teneur politique qui s’est tenue vendredi 15 décembre. Une date hautement symbolique puisque le 15 décembre 2020, la maire élue Michèle Rubirola cédait sa place à son 1er adjoint Benoît Payan, un épisode appelé aujourd’hui appelé le “switch.”
La Ville de Marseille a-t-elle tendu le bâton pour se faire battre en planifiant un conseil municipal à cette date précise ? L’opposition de droite a en tout cas sauté sur l’occasion pour rappeler cet épisode. Dès le début de séance, les élus du groupe Une volonté pour Marseille (divers droite), emmenés par leur présidente Catherine Pila, entonnent gaiement « Joyeux anniversaire » dans l’hémicycle et remettent à Michèle Rubirola un faux cartouche comportant son nom et ses dates de mandat, similaire à ceux des précédents maires marseillais qui sont affichés dans une des salles de l’hôtel de Ville – celui de l’ex-maire écologiste manquant à l’appel. « Il vaut mieux fermer la bouche et passer pour un imbécile plutôt que de l’ouvrir et lever les doutes », tacle Benoît Payan en retour, à l’intention de Catherine Pila. Le ton du conseil est donné …
Remise à @MicheleRubirola d’un panneau commémoratif pour qu’elle puisse laisser une trace de son passage, n’en déplaise à Benoît Payan maire non-élu ! Trois ans après le switch machiavélique de la #Nupes, nous n’oublions pas ! pic.twitter.com/hN1Df7f6VI
— Une Volonté Pour Marseille (@UVPMarseille) December 15, 2023
Muselier accuse Payan de « féminicide politique », Rubirola répond
Ce n’est pas tout : la veille, sur le plateau de l’émission Marseille Politiques et dans les colonnes de La Provence, le président de Région Renaud Muselier revenait sur ce “switch” en employant le terme de « féminicide politique. » Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir les principaux intéressés, alors que le Printemps Marseillais présentait justement son rapport sur l’égalité femmes-hommes en début de conseil. A commencer par l’ex-édile marseillaise Michèle Rubirola, qui est sortie de son habituelle réserve : « Ceux qui parlent en mon nom dénigrent la place des femmes. Oui j’ai gagné la Ville : c’est un combat mené collectivement que je suis fière d’avoir porté. […] Mais être maire implique d’avoir une capacité de présence à 300%. Je ne vais pas revenir sur mes problèmes de santé (motif invoqué par l’ex-maire en 2020 pour justifier son choix de se retirer, ndlr) […] Mais ce n’est pas un féminicide, car je ne suis pas morte politiquement » réagit ainsi celle qui est aujourd’hui première adjointe. « Les mots abjects du président de Région nous font honte », lâche pour sa part le maire de Marseille Benoît Payan.
Le ping-pong continue sur les financements régionaux
Hasard du calendrier (ou pas), ce 15 décembre se tenait également, à quelques encablures de l’hémicycle Bargemon, l’assemblée plénière de la région Sud, place Jules Guesde. Au cours de cette plénière, les élus régionaux ont notamment acté un certain nombre de projets marseillais financés via une convention avec la Métropole Aix-Marseille Provence. Dans la matinée du 15 décembre, la collectivité régionale a transmis un communiqué de presse intitulé « Notre capitale régionale à l’abandon » signé par les élus de Marseille siégeant au conseil régional : « Depuis 2016, la Région a investi massivement pour Marseille, et continue de le faire avec, par exemple, le contrat « Nos Territoires d’Abord » avec la Métropole qui consacre 53 millions d’euros au territoire municipal. Mais les insinuations du maire de Marseille, et de son entourage, ne sont plus supportables, quand on sait que la Région consacre 5 milliards d’euros pour la ville sur la durée de la mandature, autour de projets très emblématiques : grotte Cosquer, Cité scolaire internationale Jacques Chirac, SAMU neuf, commissariat du 13/14, Escales Zéro Fumée, modernisation du MIN, nouvelle gare Saint-Charles … »
Après l’annonce de cette convention avec la Métropole, fin novembre, le maire de Marseille avait pris la plume pour écrire à son homologue de la Région afin de lui réclamer des financements similaires. « Trop tard » avait répondu en substance Renaud Muselier. Une fin de non-recevoir qui ne passe toujours pas côté mairie. Malgré l’absence d’un financement européen de 600 000 euros, que la Région a refusé à la Ville sous prétexte qu’elle était hors délais, cette dernière a malgré tout voté son plan de protection des herbiers de posidonie.
Le débat sur ce sujet des financements régionaux est aussi ressorti à l’aune du vote sur le plan pluriannuel de la Ville, présenté en conseil municipal. « Renaud Muselier nous donne de l’argent mais ce sont surtout des chèques en blanc … J’ai écouté votre nouveau candidat : il semble avoir une idée très précise des politiques à mener à Marseille, je propose donc aux médias d’organiser un débat avec Renaud Muselier et s’il veut nous donner des leçons, qu’il vienne le faire en public », grince Benoît Payan. De son côté, l’adjoint aux finances Joël Canicave, rapporteur du budget, déplore que la Région ne représente « que 1% dans ce budget et se cache derrière des arguties administratives, alors qu’il investit massivement à Toulon. »
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