L’usine de Total de la Mède a déjà entamé sa reconversion en bioraffinerie mais ce projet ne fait toujours pas l’unanimité chez les élus locaux. Vendredi 7 avril, le conseil municipal de Martigues a émis un avis défavorable à l’autorisation d’exploitation des terrains de la commune par le groupe pétrolier (Le Digest Hebdo n°18). L’occasion pour le maire communiste de la ville, Gaby Charroux, de rappeler son opposition au projet.
Des camions à la place des pipelines
« Cette évolution de la société Total montre toute l’ambiguïté du débat qui voudrait opposer industrie et urbanisation, industrie et environnement, et industrie et vie humaine », a déclaré le maire de Martigues. Si Total affirme prendre un virage écologique en délaissant le brut pour les biocarburants à la Mède, Gaby Charroux refuse cet argument estimant que les conditions d’exploitation nécessaires ne sont pas remplies : « Ils vont arrêter d’utiliser les pipelines pour les remplacer par de l’acheminement ferroviaire et routier. Quand on connaît le manque d’infrastructures ferroviaires de la région, il est certain que cela va augmenter le trafic par camions qui vont brûler du diesel et engorger un peu plus les axes du territoire », affirme-t-il. De plus, les élus martégaux estiment que le risque sanitaire n’est pas suffisamment pris en compte. Total a mandaté une étude pour l’évaluer mais elle ne devrait pas être rendue publique.
L’État est resté sourd aux demandes du maire
Annoncée en 2015, la transformation en bioraffinerie de la Mède a immédiatement provoqué une levée de bouclier chez les syndicats et les élus communistes car elle implique une réduction des effectifs de 180 postes sur le site. « Nous avons obtenu satisfaction pour le reclassement des emplois statutaires mais rien pour la sous-traitance », regrette Gaby Charroux. Globalement, il dénonce le manque de concertation avec les élus locaux et l’attitude de l’État. En février 2015, la conseil municipal de Martigues a demandé au préfet de Région, sous forme de motion, une rencontre avec les représentants des salariés, la direction de Total et les services de l’État : « On l’attend toujours ! », peste le maire. Il a également interpellé à l’Assemblée Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, pour la création d’un comité d’expert sur le suivi écologique du site : « Elle m’a affirmé qu’elle appuyait mon idée mais rien n’a été fait », ajoute-t-il.
Un avis sans conséquence
Le vote de vendredi ne bloquera cependant en rien les projets de Total car la commune n’émet qu’un simple avis : « C’est le préfet qui décide au final et il va bien évidemment leur donner l’autorisation », indique Gaby Charroux. Le maire de Martigues reste membre du comité de suivi mis en place par la préfecture via une convention de développement économique et social signée avec Total. Il lui appartiendra de s’assurer que le groupe respecte ses engagements sur la redynamisation du territoire même si pour lui : « C’est un échec programmé car le port va perdre du trafic avec la baisse des volumes induite par la reconversion. Et le nombre d’emplois perdus sera difficile à rattraper ».
Lien utile :
Le communiqué de Gaby Charroux