Mardi 28 avril à 15 heures, Edouard Philippe a dévoilé devant l’Assemblée nationale le plan de déconfinement de son gouvernement, devant un parterre réduit à 75 députés – normes sanitaires obligent. « Voilà le moment où nous devons dire aux Français comment notre vie va reprendre » a dit le chef du gouvernement, qui s’est fixé un cap selon lequel le pays doit avancer par « marche de trois semaines » dans sa lutte contre l’épidémie de coronavirus. Ainsi, un nouveau point d’étape devra avoir lieu début juin, pour adapter les mesures prises dans le cadre du plan présenté ce jour. Ce plan de déconfinement devrait être voté dans la soirée par les députés.
1. Les déplacements autorisés jusqu’à 100 kilomètres du domicile
En préambule, le chef du gouvernement prévient : « si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai ». Il indique que cela dépendra de l’évolution des indicateurs de circulation du virus selon les départements. Ainsi, dès ce jeudi 30 avril, il annonce la mise en place avec d’une cartographie avec des « départements verts et rouges » selon leurs résultats, qui sera actualisée tous les jours.
Pour l’heure, Edouard Philippe affirme son intention de « décourager les déplacements entre départements », et annonce que les déplacements interrégionaux resteront proscrits après le 11 mai. Même si chacun pourra désormais sortir de son domicile sans l’attestation dérogatoire actuellement en vigueur, les déplacements seront limités dans un rayon de 100 kilomètres du domicile, sauf « motif impérieux, familial ou professionnel. ». « Ce n’est pas le moment de partir en week-end » met ainsi en garde Edouard Philippe, alors que se profilent deux week-end de trois jours.
2. Réouverture progressive des écoles et des entreprises
En ce qui concerne les écoles, le chef du gouvernement valide le scénario d’une « réouverture progressive » déjà présenté par Jean-Michel Blanquer le mardi 21 avril devant les députés. Ainsi, comme prévu, les écoles maternelles rouvriront le 11 mai « sur la base du volontariat », et dans limite de « 15 élèves par classe ». Pour les collèges, la réouverture est fixée au 18 mai, avec priorité aux classes de sixième et de cinquième, tandis que la situation des lycées sera statuée « à la fin du mois de mai », avec une priorité qui sera donnée aux lycées professionnels. Quant aux crèches, elles rouvriront dès le 11 mai, dans la limite de « groupes de dix enfants ».
Le Premier ministre a ensuite évoqué le cas des entreprises, en insistant sur le risque « d’écroulement » de l’économie. Il a annoncé la prolongation du dispositif d’activité partielle « jusqu’au premier juin ». Pour limiter les risques de contagion dans les entreprises, il a invité celles-ci à organiser autant que faire se peut la « prolongation du télétravail » et la « mise en place d’horaires décalés ». Des incitations qui visent notamment à désengorger les transports publics en heure de pointe. Les salons professionnels et les festivals ne pourront quant à eux se tenir « avant le mois de septembre ». Les événements de plus de 5000 sont tous annulés jusqu’à la rentrée. la saison de football est terminée.
3. Les transports et les activités en extérieur soumis à un ensemble de règles
Si l’obligation du port du masque ne sera pas généralisée à l’ensemble des sorties, elle s’appliquera dans certaines situations, notamment dans les tramways, les bus, les métros et les trains. La stratégie du gouvernement pour éviter une contagion du virus dans ces transports consiste ainsi à « faire monter l’offre » et « baisser la demande » selon les mots employés par le Premier ministre.
« La vie sociale reprendra progressivement » a-t-il également dit, confirmant qu’il sera possible de pratiquer une activité sportive de plein air après le 11 mai. En revanche, les sports de contact et les activités sportives en intérieur resteront proscrites. « Les parcs et jardins seront rouverts dans les départements où le virus ne circule pas », a également affirmé Edouard Philippe. Seuls ceux situés dans les départements catégorisés comme « verts » dans la cartographie qui sera mise en place par la Direction générale de la Santé pourront ainsi accueillir de nouveau du public.
4. Les « cinémas, théâtres et grands musées » demeureront fermés
Concernant les lieux de culture, les « cinémas, théâtres et grands musées » demeureront fermés, de même que les restaurants, cafés et bars, pour lesquels ils sera statué « fin mai ». En revanche, les bibliothèques, médiathèques et les petits musées pourront rouvrir dès le 11 mai. Sur la question sensible des cérémonies religieuses, elles ne pourront pas rassembler « plus de 20 personnes », tandis que « les mairies continueront à proposer le report des mariages », selon les mots du Premier ministre.
« Les marchés seront en général autorisés » a également précisé le chef du gouvernement, sauf décision contraire prise par le maire ou le préfet dans le cas où il serait impossible de faire respecter les gestes barrières. Il a également énoncé que « la saison 2019-2020 de sports professionnels, notamment celle de football, ne pourra pas non plus reprendre ». C’est donc bien un « régime de liberté dans lequel nous devons fixer des exceptions », pour reprendre les termes employés par Edouard Philippe, qui gouvernera la vie des Français à partir du 11 mai.
5. Les personnes dépistées positives seront soumises au confinement
L’exécutif était également attendu sur le volet sanitaire du déconfinement. « Protéger, tester, isoler » a dit le premier Ministre, qui annonce un objectif de « réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine au 11 mai ». Concernant les personnes dépistées positives au Covid-19, elles se verront proposer deux possibilités : où elles resteront chez elles, obligeant toutes les personnes de leur foyer à rester confinées également, soit elles pourront s’isoler dans un « lieu spécifique mis à disposition ». Pour ce qui est des masques, Edouard Philippe a indiqué se fixer pour objectif « d’augmenter la production nationale autant que possible », et annonce la prise en charge par l’Etat de 50 % du coût des masques achetés par les collectivités territoriales.
Sur la question sensible des visites aux personnes âgées, le chef du gouvernement s’est montré prudent. « Nous demanderons à nos aînés de continuer à se protéger. Il faut qu’ils respectent des règles similaires à la période de confinement, […] en limitant leurs contacts, et donc leurs sorties » a-t-il déclaré, invitant les plus fragiles à la « patience ». Enfin, il a différé la mise en place de l’application de traçage Stop Covid à un débat ultérieur. « Lorsque l’application fonctionnera et avant sa mise en œuvre, nous organiserons un débat spécifique, suivi d’un vote spécifique », a-t-il éclairci, sur un sujet politiquement très glissant.
Lien utile :
> L’exécutif tente de déminer le terrain local avant son plan de déconfinement