Après une première matinale consacrée aux défis de la décarbonation dans le secteur industriel, ENGIE propose aux acteurs publics et privés d’Aix-Marseille et de la région un nouvel événement : « Les défis de la décarbonation tertiaire en région Sud. » Ludovic Parisot, le Directeur régions Sud, Corse et Principauté de Monaco du Groupe ENGIE présente ici les grandes questions qui seront abordées à Marseille le 3 juin à La Coque.
Quels sont les enjeux de la décarbonation dans le secteur tertiaire ?
Ludovic Parisot : Le secteur tertiaire représente une part importante de l’économie française et de ses émissions de gaz à effet de serre avec près de 40% de la consommation d’énergie finale et d’environ 20% des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, plusieurs leviers législatifs, dont les obligations européennes du Green Deal, le Décret Tertiaire, la réglementation énergétique 2020… accompagnent cet impératif de transformation du marché. Avec des bâtiments souvent anciens et mal isolés, la transition énergétique du secteur tertiaire est devenue primordiale pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Il ne s’agit pas seulement de réduire les émissions du secteur, mais aussi de soutenir une transformation profonde des bâtiments et des pratiques, tout en générant des économies d’énergie et en renforçant la résilience face aux risques climatiques.
Décret tertiaire : mettre en place une gestion active de l’énergie
Au niveau européen, le Green Deal constitue un cadre stratégique visant à faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050. Pour y parvenir, l’Union européenne a mis en place des obligations légales contraignantes pour les États membres, et donc pour les secteurs économiques, dont le tertiaire. La législation européenne impose, par exemple, de réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, avec des réductions supplémentaires à atteindre en 2050. En France, avec le Décret Tertiaire publié en 2019, de nouvelles obligations ont été imposées aux propriétaires et gestionnaires de bâtiments tertiaires en termes de consommations énergétiques à savoir une baisse d’au moins 40% d’ici 2030, 50% d’ici 2040, et 60% d’ici 2050, par rapport à 2010. Ce décret inclut l’obligation de mettre en place une gestion active de l’énergie en installant des outils de mesure et de suivi de la consommation d’énergie.
Le marché de la construction n’est pas en reste avec la réglementation énergétique 2020, RE2020, qui vient compléter l’arsenal législatif et apporte une réponse aux défis climatiques. Elle pousse à une réduction significative des consommations d’énergie dans la construction de nouveaux bâtiments.
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est-elle particulièrement concernée par ce sujet de la décarbonation dans le tertiaire ?
Ludovic Parisot : La transition énergétique est au cœur des priorités politiques et économiques en France, et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne fait pas exception. Particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique et fortement consommatrice d’énergie, elle se trouve en première ligne dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Le marché tertiaire régional est un secteur clé pour l’économie locale. Selon le Sraddet (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires), les bâtiments tertiaires représentent localement environ 30% de la consommation d’énergie finale. Cette consommation est marquée par une forte demande énergétique, en particulier pour la climatisation avec le climat méditerranéen qui génère des pics de consommation pouvant atteindre des niveaux particulièrement élevés. Le secteur tertiaire est ainsi responsable d’environ 12% des émissions de gaz à effet de serre de la région, une proportion non négligeable lorsqu’on sait que la région a émis 36,7 millions de tonnes de CO2 en 2018. Ces émissions sont dues en grande partie à la consommation énergétique des bâtiments. L’enjeu est donc de taille : réduire l’empreinte carbone du secteur tertiaire de manière significative pour contribuer aux objectifs de neutralité carbone de la France d’ici 2050.
Rénovation énergétique et construction à faible empreinte
La Région s’est fixée des objectifs ambitieux et vise ainsi une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Pour atteindre ces objectifs, la décarbonation du marché tertiaire est donc essentielle. Les investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments publics et privés, ainsi que la promotion de la construction de nouveaux bâtiments à faible empreinte carbone, sont des leviers essentiels pour atteindre ces objectifs.
Quels messages et quelles solutions peut apporter ENGIE en matière de décarbonation dans le tertiaire ?
Ludovic Parisot : ENGIE, acteur majeur dans le domaine de l’énergie et des services, se positionne parmi les leaders de la transition énergétique en apportant des solutions innovantes et adaptées aux spécificités du marché tertiaire. Pour le Groupe ENGIE, la décarbonation ne peut être réalisée de manière fragmentée, elle doit être abordée de manière globale et systémique. Cela implique de repenser la gestion de l’énergie, la rénovation des bâtiments, la gestion des ressources et l’intégration des technologies numériques. Cette approche intégrée permet par ailleurs d’optimiser les performances énergétiques des parcs immobiliers tout en répondant aux défis économiques, écologiques et sociétaux de la transition énergétique.
ENGIE propose ainsi une gamme complète de solutions pour améliorer la performance énergétique des bâtiments existants et des nouvelles constructions. Cela passe notamment par la rénovation thermique du parc (systèmes de chauffage et de climatisation plus performants) et la mise en place de systèmes de gestion de l’énergie (gestion centralisée de la consommation d’énergie via des plateformes numériques intelligentes).
L’intégration des énergies renouvelables : un axe majeur
Ludovic Parisot : L’intégration d’énergies renouvelables (solaire, géothermie, biomasse, biogaz, etc.) est un autre axe majeur. Dans ce cadre, ENGIE accompagne les entreprises du secteur tertiaire dans le déploiement de systèmes de chauffage et de refroidissement renouvelables (réseaux de chaud et de froid, pompes à chaleur…). En réduisant leur dépendance aux énergies fossiles, les entreprises peuvent ainsi diminuer significativement leur empreinte carbone tout en maîtrisant leurs coûts énergétiques à long terme. ENGIE met également l’accent sur la digitalisation pour accompagner les entreprises dans leur transition énergétique. En intégrant des solutions numériques intelligentes, comme la gestion énergétique prédictive ou les bâtiments connectés, ENGIE permet à ses clients de piloter en temps réel leur consommation énergétique, d’identifier des gisements d’économies d’énergie et de maximiser l’efficacité de leurs infrastructures.
Vous organisez le 3 juin prochain une matinale sur « Les défis de la décarbonation tertiaire en région Sud » à La Coque à Marseille, quel est votre objectif ?
Ludovic Parisot : Il est essentiel pour un groupe comme ENGIE d’affirmer son engagement en faveur de la décarbonation sur son territoire et cela passe notamment par ce type d’opération de sensibilisation. Cette matinale, à destination des acteurs des tertiaires privé et public, s’annonce passionnante. En ouverture, François Gemenne, rédacteur principal du 6e rapport du GIEC et expert en géopolitique de l’environnement et des migrations, viendra présenter les grands enjeux climatiques et les défis de la décarbonation dans le tertiaire. Des intervenants comme les représentants de l’ADEME, de la Métropole Aix-Marseille-Provence, de la Fédération des Promoteurs Immobiliers de Provence, d’EIFFAGE Immobilier ou encore d’UNICIL seront présents afin de partager leur vision. Les acteurs du tertiaire auront également voix au chapitre avec une table-ronde qui leur sera dédiée et ce afin qu’ils puissent s’exprimer sur leurs expériences et trajectoires de décarbonation. L’enjeu, en réunissant l’écosystème tertiaire et les services de l’État est avant tout de contribuer à une accélération des pratiques dans le domaine.