Après avoir été auditionné par les sénateurs, le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, a été reçu par les députés. Une audition dans la cadre de la commission d’enquête parlementaire sur le coronavirus, mercredi 24 juin, qui a permis aux députés durant trois heures de poser différentes questions au professeur marseillais. La chloroquine, les critiques sur la gestion de crise et les découvertes sur le virus ont bien sûr été largement abordées.
Le coronavirus peut devenir saisonnier selon Raoult
Didier Raoult commence par livrer sa vision de l’évolution de l’épidémie en affirmant « On est proche de la fin ». Pour autant, il n’écarte pas l’idée d’un retour du virus à la saison froide : « Il est bien possible que le coronavirus devienne saisonnier », prévient-il en invitant à observer la Nouvelle-Zélande actuellement qui entre en hiver dans l’hémisphère Sud : « Si une épidémie commence en Nouvelle-Zélande actuellement, on peut s’attendre à un retour du virus chez nous à la saison froide », explique-t-il.
Raoult, « un extra-terrestre » au conseil scientifique
Le député PS Boris Vallaud l’a ensuite interrogé sur son rôle dans la gestion de crise. « J’ai pensé que je pouvais être utile dans cette crise car je crois avoir une expérience extrême dans ce domaine là », répond l’infectiologue pour expliquer sa participation éphémère au comité scientifique. « Mais finalement, j’étais un extraterrestre au sein du conseil scientifique. Ils avaient déjà déterminé ce qu’il fallait faire avant que j’arrive et nous n’arrivions pas à parler ensemble », semble-t-il regretter. Il assure pour autant avoir toujours « garder le contact avec le ministre de la Santé et le Président », affirme-t-il. Le docteur Raoult serait d’ailleurs à l’origine de l’idée de la médaille d’honneur des épidémies.
« Je ne suis pas d’accord avec la décision de ne pas généraliser les tests »
Sur la gestion elle-même, il estime que les politiques de santé publique dépendent à « 70% du politique et à 30% seulement du scientifique ». Sans attaquer frontalement l’exécutif, il reste critique sur ses décisions : « Je pense que le ministre a été mal entouré. Je ne suis pas d’accord avec la décision qui a été prise de ne pas généraliser les tests au départ. La France avait largement les moyens de le faire », assure Didier Raoult. « C’est moi qui ait expliqué au président (Macron) : la PCR c’est simple, tout le monde peut la faire. (…) On n’a pas dit la vérité (…) à partir du moment où le test n’était pas fait on ne pouvait pas connaître la maladie », dénonce-t-il.
Pour faire face à d’autres crises éventuelles, l’infectiologue estime que la France doit se doter de « sept centres de crise dédiées aux maladies infectieuses dans chaque zone de défense. C’est une question régalienne », insiste-t-il.