L’équipe du film « Djellaba Basket », représentée par les deux réalisateurs Philippe Pujol et Jean-Christophe Gaudry accompagnés de la productrice Sabrina Agresti Roubache (Gurkin Entertainment), a présenté vendredi 16 octobre, à la presse en avant-première leur documentaire au cinéma La Joliette. Le film est diffusé sur France 3 lundi 26 octobre, en deuxième partie de soirée.
« L’hyperprésence de l’islam » dans les quartiers défavorisés
« C’est un film sur l’islam et la jeunesse », résume le scénariste, le journaliste Philippe Pujol. Le titre est d’ailleurs de lui. L’expression « djellaba basket » est tirée de son livre La Fabrique du Monstre. Elle fait référence à ces jeunes qui ont troqué leur t-shirt Che Guevara du temps de sa jeunesse, pour l’habit religieux quelques générations plus tard. C’est ce qu’explique la voix-off du journaliste au début du film. Ainsi, le documentaire entend montrer « l’hyperprésence de l’islam », toujours selon les mots du réalisateur, dans les quartiers défavorisés de Marseille où les mosquées « remplies » prennent le pas sur les centres sociaux, eux, « fermés ».
Pendant 50 minutes, imams, jeunes pratiquants ou pas, dealer, enseignant d’un collège musulman, prennent tour à tour à la parole entrecoupés par des archives vidéos. L’imam Ludovic-Mohamed Zahed, ouvertement homosexuel, prône un discours politique et inclusif. A ses côtés, un fidèle, lui aussi homosexuel, témoigne. Son visage est flouté. Il a changé d’avis au dernier moment après s’être fait agressé pour homophobie. Plus tard, l’ancien imam du Panier et élu socialiste, Nassurdine Haidari, présenté comme un « repenti du salafisme » revient sur son expérience. Face caméra, il s’attaque à « l’entre-soi » et à ce qu’il appelle la « macdonalisation de l’islam ». Il introduit le message politique du film : « la ségrégation sociale entraine le radicalisme ».
Témoigner d’une diversité et d’une évolution
Tous ont été castés pour témoigner de la diversité de la confession musulmane. « Il y a plusieurs Islam, plusieurs musulmans », défend la productrice, Sabrina Agresti Roubache. En introduction, elle revendique « un point de vue assumé ». Elle-même musulmane, elle ne peut s’empêcher de comparer la jeunesse d’aujourd’hui à la sienne. « Les pratiques sont différentes, je ne reconnais pas la culture » s’étonne-t-elle.
Son observation fait écho à ce que la voix-off présente comme une mutation entre « l’Islam chibani », autrement dit celui des anciens, à celui des « djellabas baskets ». On comprend ainsi le parti pris de superposer dans le film la « parole sage » des aînés, à la « parole approximative » des plus jeunes. Pour illustrer ces propos, le film montre certains paradoxes. Dans un extrait, on voit des jeunes faire référence à l’interdiction d’écouter de la musique que le Coran imposerait ; interdit qu’ils brisent eux-mêmes. « Il y a une différence entre le discours et la réalité du quotidien », osbervePhilippe Pujol.
Absense de parole féminine
Il aura fallu deux ans pour que le film voit le jour. Prévu pour mars initialement, il ne sortira qu’à la fin du mois. « C’était un film compliqué à faire », commente le réalisateur Jean-Christophe Gaudry. Beaucoup d’intervenants se sont rétractés. Des femmes notamment ; grandes absentes du film.
« Ce n’était peut-être pas l’équipe qu’il fallait pour recueillir ces témoignages », observe Philippe Pujol. « Il a fallu angler énormément », poursuit-t-il en évoquant des regrets. Une trilogie a cependant été évoquée par la productrice Sabrina Agresti Roubache pour poursuivre la narration et creuser les angles morts comme celui des femmes ou de la pression sociale.
Lien utile :
> L’actualité des films dans notre rubrique cinéma