Dans les rues du centre-ville de Marseille, la consommation de drogue s’affiche désormais à ciel ouvert. Pour les associations de réduction des risques comme pour les collectifs de riverains, « les personnes en grande précarité et consommatrices de drogues » sont « littéralement abandonnées par la puissance publique. » Jeudi 31 juillet, six associations (Médecins du Monde, Aides, Asud Mars Say Yeah, Bus 31‑32, Nouvelle Aube, Fédération Addiction Provence Alpes Côte d’Azur) et trois collectifs d’habitants publient un communiqué commun pour demander une réaction « une réponse sociale et sanitaire adaptée. »
L’arrêt du projet de salle de shoot en grande partie responsable
Les signataires pointent du doigt une faute « de dispositif d’accompagnement social et sanitaire », de « structure permettant une consommation supervisée ouvrant une porte vers le soin » mais aussi d’une « réelle politique d’accès au logement. » Ils dénoncent l’absence persistante de politique publique : aucune annonce concrète n’est intervenue après une réunion (pourtant d’urgence) avec la préfecture le 15 juillet, en dehors d’un communiqué uniquement centré sur le narcotrafic et la délinquance.
Le cœur du problème : l’arrêt depuis janvier 2024 du projet de Halte Soins Addictions (HSA) – la fameuse « salle de shoot » – pourtant validé par l’ARS et l’hôpital, mais suspendu sous la pression politique. Comme l’explique le communiqué : « Nous avons également rappelé que cette situation, largement prévisible, est une des conséquences directes de l’incapacité de l’Etat. L’incapacité chronique à répondre aux besoins primaires d’un public marginalisé que personne ne veut voir. L’incapacité aussi à mettre en place des dispositifs d’accompagnement, validés par la science depuis plus de 30 ans. »
Un explosion des besoins
Selon Asud MSY, le nombre de personnes nécessitant d’un accompagnement médico-psycho-social sur le long terme est passé de 499 en 2023, à 635 en 2024 puis plus d’un millier en projection sur 2025, « du jamais vu depuis sa création il y a 30 ans », selon l’association. Le communiqué appelle donc à :
- L’annonce immédiate de moyens supplémentaires, adaptés à la réalité des besoins, afin de renforcer le travail de rue des associations et l’offre d’accompagnement.
- La mise en place d’une politique ambitieuse d’accès au logement pour les publics les plus précarisés.
- La reprise des discussions concernant l’implantation de HSA ou dispositifs similaires sur le territoire marseillais.
- La mise en place de rendez-vous réguliers avec les institutions concernées (Préfecture, ARS et Ville) afin que la parole des associations, des habitants et des personnes concernées soit davantage entendue.
- La réouverture de centres médico-psychologiques, qui constituaient une offre de premier recours et répondaient à un besoin réel et évident.
- Une réflexion de fond pour une meilleur accès à l’eau, à des douches et à des toilettes dignes pour les personnes à la rue.
À un an des élections municipales de 2026, aucun candidat n’a déclaré publiquement la question des réductions de risques au cœur de son programme.