Le maire de Marseille, Benoît Payan (PS), a rassemblé ce lundi 11 octobre la quasi-totalité de l’exécutif municipal à l’école Chave (5e), tant l’annonce est importante. À quelques jours du retour d’Emmanuel Macron, attendu vendredi 15 et samedi 16 octobre dans la cité phocéenne, le socialiste lève le voile sur le chantier de sa mandature : le Plan Écoles. C’est « le cœur du programme du Printemps Marseillais », rappelle Didier Jau, maire EELV des 4e-5e arrondissements, également présent sur place.
Un projet annoncé par la mairie à 1,2 milliard d’euros qui vise à réhabiliter les 470 écoles marseillaises, en rénovant (réhabilitation lourde)/créant 174 établissements. « Jamais la ville n’a porté un projet d’une telle ampleur (…) depuis les années 60 », se félicite Benoît Payan. Avec ce projet, le maire PS veut « recoudre Marseille » en créant plus de 4000 classes, notamment dans les quartiers les plus défavorisés. Il annonce d’ores et déjà « 80 écoles terminées d’ici 2026 », au terme de son mandat. Le reste des travaux devrait être achever à l’horizon 2030.
Délabrement des écoles marseillaises, le terrible constat de la nouvelle municipalité
Les 78 000 écoliers marseillais payent-ils les pots cassés de l’ère Gaudin ? D’après la mairie, il y aurait à Marseille le nombre suffisant d’établissements, mais pas aux bons endroits. « La carte des inégalités scolaires se confond avec la carte des inégalités sociales », remarque Benoît Payan, soulignant « la faiblesse des politiques publiques municipales passées. » Les établissements des quartiers Nord de la ville ont été, selon lui, abandonnés par l’ancienne mandature. Sur les 30 écoles les plus délabrées de Marseille, deux tiers se trouvent dans le secteur Nord. La mairie estime qu’il manque « au moins huit écoles » dans le 3e arrondissement.
Comment apprendre dans des écoles où il fait trop chaud, trop froid, où les sanitaires ne fonctionnent pas, où les classes sont surchargées ?
Benoît Payan
Le maire PS déplore notamment la surconsommation énergétique de certaines écoles, « estimée à 30%, soit 20 000 mégawatts par an ». Une perte annuelle équivalente à la consommation en énergie d’une ville comme Cassis. Benoît Payan promet une réduction de 40% de la facture énergétique des écoles marseillaises. Le maire de Marseille imagine un parc scolaire plus vert. Et pour ce vaste chantier, « à chaque fois que cela sera possible, nous ferons le choix de la réhabilitation plutôt que la déconstruction / reconstruction », assure Benoît Payan. Au regard des premiers chiffres, le chantier semble colossal.
Plan écoles : 1,2 milliard pour ne plus être « la honte de la République »
La mairie annonce un projet titanesque sur « huit ou neuf ans » : 600 000 m² de travaux, l’équivalent de 100 stades de foot. Devant la presse, l’exécutif municipal détaille le calendrier des opérations. Après avoir concerté avec les parents, les élèves et les professionnels, « nous avons dégagé trois priorités », explique Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au maire en charge en charge du dossier. Le Plan Écoles devra sécuriser le bâti, permettre de réduire la facture énergétique et engager la prospective des établissements.
Une première vague de réhabilitation de 16 écoles (dont Abeilles, Aygalades, Bouge, Dromel, Saint-Louis Gare ou encore Vayssières), principalement dans le Nord de Marseille, sera lancée fin 2022. La deuxième vague de 16 autres écoles (dont Roseraie, National, Pommie, Kallisté etc.) est à l’étude. Au terme du projet, d’ici 2030, une trentaine de nouveaux établissements devrait aussi voir le jour. Benoît Payan estime à 2,27 milliards d’euros les retombées économiques du Plan Écoles pour Marseille.
Un partenariat public-public pour sauver les écoles de Marseille
Sans un chèque à « plusieurs centaines de millions » signé de la main d’Emmanuel Macron, le Plan Écoles ne pourrait sortir de terre. En déplacement ce lundi après-midi à Paris pour rencontrer le Premier ministre Jean Castex, le socialiste Benoît Payan négocie l’implication de l’État dans ce partenariat public-public inédit. « Nous sommes prêts à travailler main dans la main avec l’État », répète le maire de Marseille face aux caméras. Mais certains aspects financiers et juridiques sont encore à déterminer. Notamment la nature de la société ad-hoc en charge des travaux.
Ce sera une SA (société anonyme) ou une SPLA-IN (société publique locale d’aménagement), révèle Benoît Payan. « J’ai ma préférence », lance sourire en coin le socialiste, sans donner plus de précisions. Le maire de Marseille, qui souhaite une répartition paritaire au sein du futur conseil d’administration, présidera cette société publique. Elle devrait voir le jour dans les prochaines semaines. « Croyez-moi, on va mobiliser tout l’argent possible », promet Benoît Payan. Le maire PS espère notamment une forte implication de l’Anru (agence nationale pour la rénovation urbaine) et de plusieurs ministères.