Sans surprendre réellement la classe politique locale, la démission de Jean-Claude Gaudin à la tête de la Métropole n’a pas manqué de provoquer des réactions chez les élus des Bouches-du-Rhône. Ses plus proches alliés ont d’abord tenu à rendre hommage au travail accompli. « Après avoir œuvré inlassablement pour mettre sur les rails notre Métropole, Jean-Claude Gaudin choisit de se consacrer désormais à Marseille. C’est une décision éminemment respectable de la part de celui qui a consacré sa vie au développement de Marseille et de notre territoire », écrit Dominique Tian, son premier adjoint à la Ville.
Roland Blum, l’adjoint aux finances, est tout aussi dithyrambique sur son parcours : « Sans son courage et sa force de conviction, cette jeune institution n’aurait jamais vu le jour. Il a accepté plus de deux ans durant d’affronter toutes les difficultés, tant au plan humain que politique, pour permettre la création de cette collectivité », a-t-il déclaré. Toujours chez les Républicains, le président de la Région, Renaud Muselier, s’est montré plus mesuré dans ses propos prenant simplement acte « du choix de Jean-Claude Gaudin de démissionner de la présidence de la Métropole Aix-Marseille Provence créée le 1er janvier 2016.» Même Maryse Joissains, l’une des plus rudes opposantes du Président dans l’hémicycle métropolitain s’est montrée plus cordiale : « Jean Claude Gaudin m’a appelée pour m’annoncer sa démission de la Présidence de la Métropole peu avant le commencement de sa conférence de presse ce matin. Je l’ai remercié de cette forme de délicatesse », a-t-elle expliqué dans son communiqué de réaction. A Aubagne, la présidente du conseil de territoire Sylvia Barthélémy (UDI) a salué « son sens du dialogue, son souci du consensus et un sens inné des responsabilités. » Le président de la chambre de commerce et d’industrie, Jean-Luc Chauvin, a également affirmé que le maire de Marseille « a su dans un contexte difficile mettre en place un outil, certes perfectible mais qui existe, et créer les conditions de sa réussite future ».
Les élus LREM saluent « le travail et ténacité »
Les élus de la République en Marche du département ont, pour leur part, publié une réaction commune : « Nous tenons à saluer son travail en tant que premier président et sa ténacité à faire avancer cette nouvelle institution malgré les difficultés et les divergences politiques. Ces deux dernières années, il a notamment œuvré pour que le dossier des transports, central et essentiel au développement métropolitain, prenne corps au travers de son agenda mobilité », ont-ils commenté. Le vice-président à la mobilité de la Métropole, Jean-Pierre Serrus, récemment passé sous les couleurs de LREM, parle « d’un travail considérable pour la mise en route de cette métropole ». A gauche, certains de ses opposants ont également tenu à saluer le travail de Jean-Claude Gaudin. L’ancien président PS de la communauté urbaine, Eugène Caselli, lui a peut-être rendu l’un des plus vibrant hommage : « C’est au cours de ces années, au-delà de nos divergences partisanes, que j’ai pu apprécier, non seulement l’animal politique, mais aussi l’homme, ses qualités de cœur, ses talents de conteur, et son amour charnel pour cette ville, Marseille, qu’il a fini par incarner. » A Istres, le maire (DVG) François Bernardini résume son sentiment sur le parcours et la décision de Jean-Claude Gaudin par deux mots : « courage et respect ».
Benoît Payan, le président du groupe PS au conseil municipal de Marseille, avoue également que « si la Métropole, outil de cohérence, de développement et de justice territoriale, a été voulue dès 2012 par la gauche, c’est cependant aussi grâce au travail du Maire de Marseille que cette dernière a pu voir le jour. Si je ne me reconnais pas dans les orientations politiques du président de la Métropole, je me dois toutefois de respecter son travail dans l’émergence de cette nouvelle institution ». Mais encore plus que la fin du mandat de Jean-Claude Gaudin, c’est la candidature de Martine Vassal à sa succession qui a fait réagir les politiques. Celle qui ne s’est pas encore officiellement présentée a notamment reçu un grand nombre de soutien de la part de sa famille politique.
Un large consensus autour de Martine Vassal
Dès que le maire de Marseille a confirmé sa volonté de voir la présidente du Département prendre sa suite à la tête de la Métropole, les élus républicains ont presque unanimement suivi de leurs messages de soutien. « Cette candidature est pour nous une évidence. Martine Vassal est la seule, aujourd’hui, à avoir une vraie vision des enjeux métropolitains. Elle est aussi la seule qui peut relever ce défi », a affirmé Jean-Marc Perrin, le président du groupe majoritaire au Conseil départemental. Georges Cristiani, le truculent maire de Mimet (SE), va dans le même sens : « Je sais que Martine Vassal réunit les meilleurs atouts pour transformer l’essai métropolitain, en une nouvelle métropole partagée et concertée avec les maires. Avec elle, nous ajusterons la métropole aux réalité des Bouches-du-Rhône et à la varie vie des deux millions d’habitants. Et ce chantier ne sera pas facile…», prévient-il.
Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Massini semble y voir « un vrai tournant » et demande que « le Pays d’Aix prenne ses responsabilités aux côtés de Martine Vassal ». La sénatrice Anne-Marie Bertrand qui a récupéré le siège de Jean-Claude Gaudin il y a un an voit également Martine Vassal comme « la Présidente de demain. » « Elle a toujours su être à l’écoute des différents territoires et de leurs représentants, je pense notamment au Pays d’Arles », relève-t-elle. Les récentes prises de positions sur l’avenir des communes qui ne font pas aujourd’hui partie de la Métropole ne sont pas non plus passées inaperçues à gauche. « Elle a eu plusieurs interventions intéressantes sur le sujet. En tant que Présidente du Département, c’est peut-être la seule qui peut les rassurer et défendre leurs intérêts », estime Gaby Charroux, le maire communiste de Martigues. Il attend cependant plus de la candidate qui « connaît nos propositions sur un retour à une métropole raisonnable avec quatre grands domaines de compétences sur l’économie, les transports, l’environnement et la santé. J’ai espoir que ça change positivement », assure-t-il. Le jeune secrétaire général du parti communiste des Bouches-du-Rhône, Jérémy Bacchi, reste dans la même veine : « On demande que les communes récupèrent leurs compétences régaliennes comme la voirie. Ces derniers mois, elle a eu des déclarations dans ce sens. On verra si elles sont suivies par des actes ». Toujours au PCF, le Président du groupe communistes et partenaires au Département, Claude Jorda, dénonce un cumul des mandats si Martine Vassal était élu à la tête de la Métropole : « L’argument mis en avant est qu’elle est la mieux placée pour organiser l’éventuelle fusion de la Métropole et du Département. Si la question est celle-ci alors ce « cumul des mandats » est un signe inquiétant pour le devenir du Département et contradictoire avec les propos antérieurs de Mme Vassal qui a défendu cette collectivité», avance ce dernier. Mais pour le moment, la loi n’empêche aucunement la Présidente du Département de prendre les rênes de la Métropole à l’instar de Jean-Claude Gaudin qui est resté maire de Marseille pendant son mandat.
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