A l’entrée du jardin du Pharo, les journalistes se pressent pour rejoindre à temps la conférence de presse annoncée la veille par Jean-Claude Gaudin pour 11h du matin. Comme Gomet’ l’a annoncé en primeur, le maire de Marseille doit y annoncer sa démission de la présidence de la Métropole. Un événement majeur dans la vie politique locale qui attire la presse de tout le pays. Une heure et demie plus tôt, Jean-Claude Gaudin a réuni les présidents de groupe pour leur annoncer la nouvelle. Croisé sur place, Jean-David Ciot, le premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, s’avoue « déçu par cette décision même si je la respecte. J’ai voté pour lui sur un rassemblement des territoires au-delà des clivages politiques. J’espère que son successeur poursuivra sur cette ligne », avance-t-il.
Dans la salle de presse, les caméras prennent place et les journalistes attendent impatiemment l’arrivée du maire. Dix minutes plus tard, ce dernier fait son entrée avec son fidèle bras droit et directeur général des services, Jean-Claude Gondard à ses côtés. Jean-Claude Gaudin arbore un large sourire contrairement à la veille où il semblait quelque peu renfrogné pour sa visite de rentrée des classes. Avant d’entrer dans le vif du sujet, le toujours président de la Métropole se permet de rappeler son bilan : « En deux ans et demi, la Métropole est devenue une réalité irréversible. Nous avons accompli de grandes choses avec la mise en place de l’agenda économique, celui de la mobilité ou encore le financement de grands équipements publics comme l’Arena, la Smac ou encore la halle des sports de Miramas. J’ai le sentiment d’avoir accompli ma mission ».
Conscient que l’assistance n’est pas venu ici écouter un inventaire à la Prévert des tâches réalisées ces deux dernières années, Jean-Claude Gaudin en vient assez rapidement au fait et lâche la phrase tant attendue : « J’ai décidé bien entendu de démissionner ! ». Ce départ sonne donc comme une évidence pour le maire de Marseille. Il préfère laisser la place à plus jeune que lui en la personne de Martine Vassal, la Présidente du Département. Si il ne peut pas lui donner directement son poste car elle devra passer par le vote des conseillers métropolitains, il lui apporte en tous cas tout son soutien. « Elle a prouvé sa valeur et semble la mieux placée pour préparer la fusion avec le Département voulu par le gouvernement », explique-t-il. Si en ce jour, il passe le flambeau métropolitain, il ne désarme pas pour autant en ce qui concerne la Ville.
Fini la Métropole, place à la mairie
A deux ans des municipales, le maire de Marseille n’a rien perdu de sa verve quand il s’agit de sa Ville : « Je compte bien finir mon mandat jusqu’en 2020. j’ai encore des choses à faire. Aujourd’hui, si la droite républicaine est aussi rassemblée localement, j’y ai pris grande part et ce n’est pas fini », prévient-il. Cependant, il se refuse à commenter les éventuelles chances de Martine Vassal ou de tout autre candidat à sa succession. Il préfère attaquer les députés de La République en Marche « qui n’ont pas de racines localement. Aucun d’entre eux n’est même venu pour la commémoration de la libération de Marseille », se désole-t-il.
Une fois la conférence officielle terminée, Jean-Claude Gaudin s’est rapidement livré au jeu des caméras de télévision et des radios sur la terrasse du siège de la Métropole. Le soleil de plomb, loin de le gêner, semble le ravir. L’exercice ne durera qu’une dizaine de minutes et le maire semble se diriger vers la sortie. Mais finalement, il s’assoit au milieu des quelques journalistes toujours présents. Ce qui ressemble à une halte pour reprendre son souffle se transforme finalement en discussion sur un ton moins formel. « Je suis un peu soulagé de tourner cette page », avoue le maire de Marseille. « La vie politique devient de plus en plus dure. On nous ponctionne trop, on nous supprime trop d’aides de l’État », regrette-t-il. « Je ne veux pas qu’on me dise que je m’accroche trop à mes mandats. Martine Vassal est moderne, déterminée… Elle a tout mon soutien », répète-t-il. Sur ses débuts à la Métropole, il raconte qu’il ne voulait pas de la Présidence : « C’est la ministre Marylise Lebranchu et le préfet Cadot qui m’ont convaincu à l’époque ».
Aujourd’hui, il peut souffler et partir en vacances pour une dizaine de jours à partir de vendredi après la réunion de Macron et Merkel à Marseille. Ensuite, il devra revenir pour reprendre les rênes de la Ville et préparer une nouvelle succession avec la course aux municipales qui devraient s’accélérer dans les mois qui viennent. Si il ne se représente pas pour un nouveau mandat, il compte bien soutenir sa famille politique et la met en garde contre le « danger Mélenchon si il parvient à une union de toute la gauche autour de lui ». La politique, c’est toute sa vie.
Liens utiles :
[Edition spéciale] Les explications de Jean-Claude Gaudin
[Edition spéciale] Jean-Claude Gaudin quitte la présidence de la Métropole Aix-Marseille Provence