C’était le 16 avril dernier. Devant des milliers de militants réunis devant le palais du Pharo pour son meeting à Marseille, le candidat Emmanuel Macron faisait une promesse : « Mon Premier ministre sera directement chargé de la planification écologique.»
Sept mois plus tard, au même endroit, l’actuelle Première ministre Elisabeth Borne est venue s’assurer de la concrétisation de cette promesse : depuis l’auditorium du Pharo, à l’occasion de la 4e convention annuelle des maires de la Région Sud, la cheffe du Gouvernement a signé un protocole d’expérimentation pour faire de la collectivité dirigée par Renaud Muselier le pilote de cette planification écologique. « La transition écologique sera locale ou ne sera pas » a martelé dans son discours la Première ministre, qui entend s’appuyer sur les territoires pour mettre en œuvre sa mission. Et la Région Sud est la première à bénéficier de cette déclinaison locale de la planification écologique : « La région Provence-Alpes-Côte d’azur, dotée d’une biodiversité exceptionnelle, fait partie des plus touchées par le réchauffement climatique […]. Elle est le laboratoire idéal de la planification écologique », justifie la Première ministre. Cette notion de planification écologique, incarnée dans le plan gouvernemental « France nation verte » vise à mieux anticiper les besoins écologiques et les mettre en œuvre.
« La transition écologique sera locale ou ne sera pas »
Elisabeth Borne
Planification écologique : renforcer le plan régional « Une cop d’avance »
Le protocole d’expérimentation mis en place dans la Région Sud s’appuiera donc sur huit piliers que sont la décarbonation de l’industrie – avec, en l’occurrence, un focus sur le périmètre de Fos – la production d’énergie renouvelable – l’Etat et la Région veulent notamment renforcer leur coopération sur la mise en place des parcs éoliens en méditerranée -, la sobriété foncière, la rénovation des bâtiments, la décarbonation des mobilités, la préservation des ressources en eau, la protection des forêts et la réduction des pollutions liées aux activités portuaires – déjà engagé par la Région avec son plan « Escales zéro fumées ».
Des mesures déjà en grande partie comprises dans le plan « Une Cop d’avance » mis en place par la Région depuis 2017 : « Nous structurons les moyens financiers [pour mettre en œuvre notre plan]. Aujourd’hui, cet accord avec la Première ministre est un moyen d’accroître la décentralisation mais nous devons aussi agir de notre côté. On ne peut pas tout demander à l’Etat » ajoute pour sa part le président de la Région Sud Renaud Muselier. Au total, la Région Sud mobilise un budget de 30 milliards d’euros dédié à la transition écologique pour la période 2021-2028, construit à la fois sur des fonds propres, des fonds nationaux et des fonds européens (10 milliards d’euros). Soit « Le premier budget 100% vert d’Europe » affirme Renaud Muselier.
40 millions d’euros pour l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse
Parmi les mesures à court terme annoncées par Elisabeth Borne figure une dotation de 100 millions d’euros directement dédiée aux agence de l’eau, dont 40 millions pour l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, soit près de la moitié du budget total. Cette mesure intervient alors que la Région a été frappée par une très grande sécheresse durant la période estivale.
L’Etat a prévu d’accompagner les agences de l’eau dans la construction et la mise en œuvre d’une feuille de route destinée à préserver les ressources en eau, notamment en accélérant la réutilisation des eaux usées. Des états régionaux de l’eau seront en outre organisés avec les collectivités au premier trimestre 2023.
Un fonds vert de deux milliards pour « incarner France Nation verte dans les territoires »
Ce n’est pas tout : une fois l’expérimentation généralisée, Elisabeth Borne entend doter chaque territoire d’un fonds spécifique à l’accélération de la transition écologique, à hauteur de deux milliards d’euros, dès 2023. « Ce fonds aura vocation à incarner France Nation Verte dans les territoires et permettra de soutenir des initiatives locales, sans toutefois se perdre dans de multiples appels à projets, pour lesquels les petites collectivités ont du mal à répondre » a ensuite précisé la Première ministre, interrogée par la presse à l’issue de la signature de la convention.
Concrètement, le suivi de cette période d’expérimentation sera mené par un comité de pilotage présidé par le Préfet de Région et le président de la Région Sud, réuni tous les six mois.
Document source : le protocole d’expérimentation de la planification écologique
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