C’était son premier grand meeting de l’entre deux tours. Le président sortant a opté pour une valeur sûre en choisissant Marseille, ville où il a annoncé en septembre dernier sa grande ambition Marseille en grand, au même endroit, devant le palais du Pharo. « Il ne va pas s’adresser qu’aux Marseillais, mais à tous les Français », souligne en préambule l’ex-ministre Christophe Castaner, interrogé par Gomet’. Pourtant, c’est bien en rappelant les grandes lignes de « Marseille en grand » qu’Emmanuel Macron a débuté son discours. Il a ainsi rappelé le statut qu’il a lui-même conféré à la cité phocéenne de « laboratoire de la République », ainsi que les projets sur la restructuration des écoles, sur le cinéma, le développement d’un grand port du sud, ou encore celui des transports. En prévoyant de « casser les murs qui isolent et bâtir sur l’humain », le candidat adopte des valeurs résolument à gauche, dans la ville même où Jean-Luc Mélenchon (LFI) est arrivé en tête au premier tour, et lui seulement à la deuxième position.
« Nous sommes un pays d’ouverture, de migration. Nous ne sommes pas le grand rabougrissement qui consiste à dire à des enfants de la République qu’ils ne sont pas chez eux ! » scande ainsi Emmanuel Macron, ciblant indirectement sa rivale d’extrême-droite, Marine Le Pen, avec qui il a clairement voulu marquer la scission. « Ne sifflez pas le Rassemblement national, battez-le le 24 avril » a-t-il exhorté à plusieurs reprises, sortant de sa carrure de président pour adopter une attitude combattive de candidat à la présidence de la République.
Emmanuel Macron : « Aller deux fois plus vite sur l’écologie »
Critiqué par les médias comme ses adversaires sur le manque d’écologie dans son programme, Emmanuel Macron a voulu démonter ces idées, avec un discours majoritairement orienté vers l’écologie occultant totalement d’autres points phares de son programme comme le pouvoir d’achat ou la réforme des retraites. Le candidat a dans un premier temps défendu son bilan : « Nous n’avons pas rien fait ces cinq dernières années », embraye-t-il. Et d’égrener les différentes mesures adoptées sous le quinquennat : l’arrêt du projet de terminal 4 de Roissy, l’arrêt des centrales à charbon, la réouverture des lignes de train de nuit … « Nous sommes allés deux fois plus vite que les quinquennats précédents sur la réduction des gas à effet de serre », affirme aussi l’élu. Ce dernier reconnaît cependant, au regard du dernier rapport du Giec, qu’il faut à présent « aller encore deux fois plus vite ».
« Mon Premier ministre sera directement chargé de la planification écologique »
Emmanuel Macron
Le président sortant en a profité pour annoncer une mesure phare qui ne figurait pas dans son programme : la création d’un ministère chargé de la planification énergétique « qui aura pour mission de faire sortir la France du charbon et du gaz et de développer les énergies renouvelables », ainsi qu’un ministère chargé de la planification écologique territoriale, qui devra œuvrer en concertation avec les collectivités. Ces deux ministères appuieront le Premier ministre « qui sera directement chargé de la planification écologique », promet Emmanuel Macron, reprenant à son compte une notion chère à Jean-Luc Mélenchon.
« Ma politique sera écologique ou ne sera pas »
Emmanuel Macron
« Les grands patrons seront des patrons verts et écoresponsables ! » clame même l’ex-ministre de l’Economie, pourtant perçu comme libéral. Emmanuel Macron est également revenu sur ses engagements de réduire encore davantage le plastique ainsi que d’instaurer les 30% d’aires marines protégées promises lors du Congrès mondial de la Nature, en septembre 2021.
Fustigé par les écologistes pour son appétence pour le nucléaire, le candidat a clarifié sa position : « Dans un contexte de guerre en Ukraine, nous ne pouvons pas fermer les centrales nucléaires. Dans le même temps, nous développerons l’éolien, le solaire et l’hydrogène ». Enfin, sur une note plus légère pour terminer son discours, le président sortant a exprimé son souhait d’instaurer « une grande fête de la nature » chaque 4e samedi du mois de mai. « Ma politique sera écologique ou ne sera pas », a conclu le candidat.
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