Le directeur régional d’Orange Business Services, Etienne Robert, a répondu aux questions de Gomet’ à l’heure où les entreprises sont forcées d’évoluer pour s’adapter aux conditions de la crise sanitaire. Entretien.
Un mot d’abord sur l’actualité récente de votre entreprise. Orange Business Services vient d’annoncer le transfert de toute son activité santé au sein d’Enovacom basée à Marseille. Qu’est-ce que cela change ?
Etienne Robert : Enovacom, qui avait été acquis par Orange Healthcare, prend désormais le » lead », depuis Marseille, de toute la stratégie BtoB et e-santé d’Orange Business Services. J’étais déjà très proche des équipes de Laurent Frigara, dès qu’il s’agissait de la verticale santé et de mes clients santé. On se voit de manière très régulière pour adresser ce marché de la santé. C’est un vrai pôle d’envergure national et international, du Québec à la Chine, qui est basé à Marseille. Il y a un renforcement des équipes puisqu’Enovacom récupère les effectifs d’Orange Healthcare.
Justement, parlons d’abord de ce marché de l’e-santé ? Est-il aussi dynamique qu’on le dit ?
E.R. : Oui il est très dynamique. Un peu comme dans les autres secteurs, il y avait dans les entreprises et les collectivités un certain retard français. Malheureusement, c’est un secteur qui a été fortement touché par des cyber-attaques comme à l’AP-HP ou au centre hospitalier de Rouen. A l’étranger, on a déploré une première victime à cause d’un bloc opératoire qui n’a pas pu démarrer. Ces menaces et la nécessaire réponse à la crise sanitaire font que le secteur est forcé d’investir et libère un peu plus de moyens pour sa nécessaire transformation numérique. Rien que la téléconsultation, qui était très peu développée, a pris un sacré coup d’accélérateur. Ce phénomène s’observe dans les autres secteurs également.
Cette crise constitue effectivement un accélérateur d’évolution des usages. Comment la caractériser ?
E.R. : Il y a d’abord le travail. Certaines grandes entreprises du territoire n’avaient aucun collaborateur en télétravail avant la crise actuelle. Ils ont du s’y mettre. Et je pense que ce « trend » est irréversible. Deuxièmement, cette crise a mis en exergue le retard des entreprises dans la gestion du multicanal. Il n’y a aujourd’hui qu’entre 14% et 18%, selon les estimations, des entreprises françaises qui ont un site d’e-commerce. Nous sommes seulement le 16e pays en Europe en matière d’avancement dans le domaine de la transformation numérique des entreprises. Les infrastructures, télécoms notamment, sont pourtant bien là. Le canal digital permet de vendre bien sûr mais aussi de gérer la relation client (vie du contrat, SAV, etc). On voit aujourd’hui beaucoup de sociétés franchir le pas. Le troisième aspect à souligner est l’empilement pendant la crise des solutions collaboratives ou des solutions d’accès au système d’information de l’entreprise. Cette mise en place, parfois dans l’urgence, n’a pas toujours été bien structurée ou homogène. De nombreuses capacités d’intrusion dans les systèmes d’informations des entreprises ont été à cette occasion ouvertes. D’où l’expansion des cyber-attaques.
Cette montée en puissance des usages n’est-elle pas aussi un défi en matière de capacité réseaux et hébergement ?
E. R. : Oui très clairement. C’est le basique. Les opérateurs et les infrastructures télécoms ont su accompagner le mouvement. Nous sommes habitués. C’est comme si chaque année, on nous demandait de produire 40% d’autoroutes en plus. Au global sur les infrastructures, on a fait en un mois ce que l’on délivre d’habitude en un an. C’est pour cela aussi que nous faisons en permanence évoluer les générations de réseaux comme aujourd’hui avec la fibre et la 5G, demain la 6G.
Quelles sont vos solutions sur la partie Web ? Comment la France peut-elle rattraper son retard dans le classement européen que vous évoquiez ?
E. R : Rappelons que c’est stratégique d’être présent sur le canal web face à la concurrence. Si les entreprises françaises et régionales ne s’y trouvent pas, c’est potentiellement d’autres acteurs, européens voire mondiaux, qui sont présents. Et l’on passe à côté du marché… Beaucoup de sociétés, notamment dans la relation BtoB, privilégient la relation commerciale physique. Il ne s’agit pas de remplacer le contact humain mais d’avoir un levier supplémentaire. Nous proposons un dispositif que l’on appelle MyBusinessPlace pour les acteurs qui sont sur le marché professionnel. Notre solution permet sur quatre grands secteurs (industrie, agro-alimentaire et restauration, BTP et vente de matériaux et secteur pharmaceutique et matériel médical, de disposer d’un regroupement des acteurs français. C’est une sorte de place de marché globale qui permet de démarrer une relation numérique BtoB dans quatre grands secteurs d’activité. Elle s’adresse en particulier aux sociétés qui n’ont pas forcément de services informatiques ni beaucoup de moyens. Les premiers mois sont gratuits et l’abonnement mensuel est de l’ordre de 500 euros, ce qui est n‘est rien par rapport aux coûts habituels de développement et de maintenance d’un site e-commerce. Et il n’y a pas de coûts liés aux transactions générées.
Concernant le télétravail, comment Orange Business Services aborde ce nouveau marché ?
E. R : Nous avons un catalogue très large permettant de répondre à l’ensemble des enjeux de nos différents clients. Peu importe les technologies et solutions collaboratives utilisées. Par ailleurs, nous accompagnons les entreprises dans différents processus de dématérialisation qui accompagnent le développement du télétravail. Avec la mise en place du télétravail, beaucoup d’entreprises ont dû accélérer la dématérialisation d’un certain nombre de processus: la facturation client, les feuilles de paie ou encore la contractualisation avec la signature électronique. Donc face à ces différents enjeux, le groupe Orange Business Services a audité et « screené » un certain nombre d’éditeurs de logiciels français pour apporter et répondre à ce besoin de dématérialisation des entreprises. Nous avons une vingtaine d’applications, en mode SAS, disponible sur mobile et PC que l’on peut proposer à nos clients tout en les interfaçant avec les ERP, CRM et autres outils internes.