« La France a loupé le virage de l’éolien en mer. Elle ne doit pas rater celui de l’éolien flottant », s’inquiète Renaud Muselier, le président de la Région Sud à l’occasion du lancement de Fowt 2020, le salon mondial de l’éolien flottant qui s’est tenu à Marseille lundi 7 septembre. Sur le territoire, EDF porte depuis près de dix ans un projet prometteur de ferme pilote de trois éoliennes flottantes au large de Fos-sur-Mer. Aujourd’hui, il est bloqué à cause d’un recours porté par l’association arlésienne Nacicca. « Nous attendons la décision de la cour administrative d’appel de Nantes (autorité compétente sur les recours contre les projets éoliens, NDLR) pour qu’enfin ce projet puisse voir le jour, explique-t-il. Je regrette que ce projet prenne du retard à cause de recours d’associations qui n’ont pas participé à la concertation initiée il y a huit ans par EDF. Ces recours pénalisent de tel projets structurants pour nos territoires », s’agace le président de la Région. La cour doit rendre son verdict sur l’affaire le 18 septembre prochain.
[Energie] @RenaudMuselier annonce la mise en service de la ferme éolienne flottante au large de @Ville_PSL pour 2022 #GPMM #FOWT2020 pic.twitter.com/tnyK4YyFY1
— Gomet’ (@Gometmedia) September 7, 2020
EDF prêt pour démarrer le chantier
Renaud Muselier reste cependant optimiste sur l’issue de la procédure et annonce une mise en service de Provence Grand Large pour 2022. « Cela nous aura fait perdre un an mais on va y arriver. C’est un projet très important pour l’environnement et l’emploi de la région », insiste-t-il. Du côté d’EDF, la prudence est de mise sur une date de mise en service. Interrogée par Gomet’, la nouvelle directrice du projet Provence Grand Large, Christine de Jouëtte, ne veut pas s’engager sur un calendrier précis tant que la justice n’aura pas tranché. Cependant, elle affirme que « tout est prêt pour démarrer » et en cas d’issue favorable pour le projet, « on pourrait lancer le chantier pour la construction des éoliennes début 2021 ».
Lauréat de l’appel à projets de l’Ademe en 2016, Provence Grand Large prévoit d’installer trois éoliennes flottantes d’une puissance de 8,4 MW chacune au large de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône sur le site dit de Faraman. EDF promet une production électrique équivalente à la consommation de 40 000 habitants. « A moyen terme, ce projet permettra d’augmenter d’environ 8% la production régionale d’électricité renouvelable (hors hydraulique), et de doubler la production éolienne en Provence-Alpes-Côte d’Azur », indique la Région Sud. Le projet a nécessité un investissement global de 220 millions d’euros porté par les actionnaires à parité de Provence Grand Large, EDF Renouvelables et la société canadienne d’infrastructures énergétiques Enbridge. Il bénéficie également de subventions dans le cadre des programmes d’investissements d’avenir (78 millions d’euros), du programme européen NER 300 et des fonds Feder de la Région Sud à hauteur de 5 millions d’euros.
Provence Grand Large créateur de centaines d’emplois
De plus, « ce projet d’éolien en mer est très important en termes d’emplois sur la zone de Fos-sur-Mer », insiste Renaud Muselier. Pour EDF, ce sont près de 70 personnes qui vont s’installer sur le quai Gloria du grand port maritime de Marseille (GPMM) pour la réalisation des trois éoliennes. SBM Offshore, la société monégasque qui réalise les flotteurs annonce également l’installation d’une équipe dédiée au projet à Fos-sur-Mer. Même chose pour Siemens Gamesa qui s’occupe de la fourniture des éoliennes. A titre de comparaison, Renaud Muselier évoque le projet similaire de Port-la-Nouvelle avec « près de 600 emplois créés » au total.
Objectif : 2 GW en 2050 avec l’éolien flottant en région Sud
Et ce projet n’est que la première ferme pilote pour l’éolien flottant sur le territoire. L’an dernier, les régions Sud et Occitanie ont fait pression sur le gouvernement pour obtenir l’inscription de deux nouveaux appels d’offres pour des fermes de 250 MW en Méditerranée en 2022. « Il s’agit de passer à l’étape de la commercialisation pour rattraper notre retard », prévient Nicolas Wolff, le président de France énergie éolienne pendant la conférence de lancement du Fowt 2020. Et Renaud Muselier d’avancer son plan de bataille : « Pour nous, l’enjeu est simple. On va investir dans la filière plus de 100 millions d’euros d’ici 2030. L’objectif étant d’atteindre les 2 GW de puissance en 2050 ». Pour y parvenir, il espère profiter des 30 milliards d’euros annoncés par le gouvernement dans son plan de relance pour l’écologie. « Maintenant qu’on va commencer à rediscuter avec l’Etat pour les contrats de plan, on va, j’espère, pouvoir intégrer l’éolien en mer dans les investissements annoncés pour la transition énergétique », déclare le président de Régions de France qui doit accompagner ces homologues la semaine prochaine pour discuter de la déclinaison au niveau régional du plan de relance.
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