Le fonds Ginkgo, propriétaire du site de l’ancienne usine Legré-Mante, continue de travailler sur un projet de dépollution et un programme immobilier avec les associations et les habitants. D’ici quelques jours, il présentera la plan de conception des travaux aux associations et riverains. Pascal Roudier, le directeur environnement de Ginkgo, fait le point sur le chantier.
Depuis combien de temps travaillez-vous se le projet de réhabilitation de l’usine Legré-Mante ?
Pascal Roudier : Cela fait très longtemps que l’on s’intéresse à la friche de Legré-Mante. Personnellement, je suis le dossier depuis plus de dix ans donc on commence à avoir une idée précise des enjeux et de son potentiel. Mais finalement, nous avons acquis le terrain à la famille Margnat qui détenait l’usine en 2017 et c’est là que le travail a commencé.
Quelles actions avez-vous entreprises depuis le rachat ?
Pascal Roudier : La première chose a été de contacter la Direction régionale de l’aménagement, de l’environnement et du logement (Dreal) pour être conforme au niveau de la mise en sécurité du site. La préfecture nous a présenté ses recommandations que nous avons immédiatement suivies. Par exemple, on a débroussaillé le site pour éviter les incendies. On a refait la clôture et mis en place un système anti-intrusion. On consacre déjà un budget de plusieurs milliers d’euros chaque mois pour financer ces mesures.
Les associations et les riverains s’inquiètent surtout des risques de pollution aux métaux lourds. Avez-vous commencé à travailler sur le sujet ?
Pascal Roudier : Bien sûr. La dépollution du site est l’une de nos priorités et dès 2017, nous avons réalisés des diagnostics supplémentaires pour connaître l’état réel du site. Nous avons donc commandé une étude à la société ERG Environnement. Plusieurs phases d’investigations des milieux ont été réalisées avec des outils de diagnostic et d’interprétation innovants spécifiques pour les métaux (statistiques, géochimie, paragenèses métalliques et isotopie). Les analyses ont concerné plus de 40 métaux et métalloïdes et l’isotopie du plomb, dans une démarche de traçage et de signature de sources. Ensuite, nous avons réalisé ce qu’on appelle un plan de gestion. Il s’appuie sur plus de 300 analyses de sols et d’eaux des polluants caractéristiques des activités historiques du site ( des polluants organiques et inorganiques volatiles, des polluants organiques et inorganiques non volatiles et des polluants métalliques). La compilation de tous ces éléments permet de disposer aujourd’hui d’une connaissance approfondie de la qualité des sols et des gaz des sols sur le site.
Quelles en sont les enseignements ?
Pascal Roudier : Les études ont révélé que seulement quelques parcelles présentent un excès de métaux lourds. C’est plutôt une bonne surprise. La pollution se situe sur trois zones : l’usine elle-même, le crassier qui se situe de l’autre côté de la route et la partie haute avec la cheminée. Au final, environ 80% de la pollution vient plus de l’ancienne usine de l’Escalette que de Legré Mante elle-même. L’étude des sols montre des teneurs anormales en arsenic et plomb généralisées sur tout le terrain de l’ancienne usine à l’exception de la zone Est. Ces anomalies sont également présentes sous les bâtiments
Quelles solutions envisagez-vous pour dépolluer le site ?
Pascal Roudier : Le principal sujet se situe au niveau du crassier qui regroupe aujourd’hui environ 50 000 mètres cubes de résidus de plomb. On a étudié plusieurs possibilités. On pouvait ne rien faire et surveiller les possibles pollutions. On pouvait également transporter ces résidus par camions pour les envoyer être traités ailleurs mais cette solution coûterait extrêmement cher, environ 25 millions et elle ne ferait que déplacer le problème avec en plus la problématique d’une possible dissémination des produits dangereux sur le trajet, sans parler du bilan carbone de plusieurs dizaines de camions sur les routes. Finalement, nous avons choisi une troisième solution : la construction d’un sarcophage autour du crassier pour enfermer la pollution. Nous l’avons déjà fait et c’est certainement l’option la plus sûre. Cela va nous coûter environ 4,5 millions d’euros et on pourra même créer un espace public au dessus de ce sarcophage.
Quelle est la prochaine étape de vos travaux sur la réhabilitation du site ?
Pascal Roudier: Nous allons présenter le plan de conception des travaux aux différents comités d’intérêt de quartier (CIQ) et aux associations dans le courant du mois de septembre. Il détaillera nos propositions concrètes pour dépolluer le site et les dernières évolutions que nous avons apportés au projet que nous souhaitons réalisés sur le site. C’est une phase de concertation importante avec les habitants qui va nous permettre d’avancer significativement afin de commencer au plus vite la dépollution dans l’intérêt de tous.
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