Fin novembre, le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a provoqué la colère des industriels de l’éolien flottant et des Régions en retardant le lancement de l’appel à projets des fermes commerciales qui doit donner les moyen à la filière de prendre son envol. Malgré cette profonde déception, les entreprises comme EDF continuent de faire avancer les dossiers locaux engagés comme celui des trois éoliennes au large de Fos-sur-Mer qui doit démontrer la faisabilité technique et économique de l’éolien flottant.
Le 28 novembre, le projet Provence Grand Large a reçu une bonne nouvelle. La commission d’enquête a rendu le rapport de l’enquête publique qui s’est déroulée de 17 septembre au 29 octobre. Dans ses conclusions, elle estime « qu’il s’agit d’un très bon dossier permettant de bien justifier le choix de ce projet dans le respect de l’environnement, avec les connaissances actuelles ». Parmi les contributions, on retrouve des opposants, membres d’association de protection de la nature, et une forte mobilisation des acteurs économiques qui soutiennent le projet.
Une opposition essentiellement portée par la société nationale de protection de la nature
Au final, 114 personnes ont participé à cette enquête publique. Le nombre d’avis favorables et défavorables est assez équitablement répartis : 57 pour, 41 contre et 16 expriment des réserves. La grande majorité des oppositions émane d’une association, la société nationale de protection de la nature (SNPN). Cette dernière regrette le choix d’une zone Natura 2000 : « La réalité des impacts sur la biodiversité est minorée dans le projet, ce qui dénote certaines faiblesses et manques de l’étude d’impact. Les multiples études montrant les conséquences dommageables des parcs éoliens sur l’avifaune et les chiroptères sont ignorées », relève Rémi Luglia, le président de la SNPN. D’autres associations comme France nature Environnement (FNE) expriment à l’inverse un avis favorable avec quelques réserves. « Initiée bien en amont du projet, nous reconnaissons la grande qualité de cette concertation en termes d’écoute et de prise en compte des observations et remarques des personnes et structures participantes », reconnaît tout d’abord FNE. L’association appuie ensuite la volonté dé développer la place de l’éolien « de manière croissante dans le bouquet énergétique renouvelable français, au-delà des objectifs 2020 ». Côté réserves, FNE estime cependant que « les mesures de suivi sont insuffisantes au regard des enjeux d’un projet expérimental qui doit permettre de définir les mesures d’évitement et de réduction des impacts à terre comme en mer ».
Parmi les soutiens indéfectibles au projet, les entreprises de l’éolien de toute la France ont apporté leur appui : « Cette ferme pilote, de par ses caractéristiques techniques, sera une vitrine importante pour les acteurs industriels eux-mêmes mais également un vecteur essentiel pour valoriser toute la filière industrielle française de l’éolien offshore flottant », avance Alain Leroy, le président de Neopolia, une association regroupant 245 entreprises essentiellement implantée dans les Pays de la Loire. Ainsi, la chambre de commerce, la Région, le Pole Mer Méditerranée et même le Parc naturel Régional de Camargue ont salué l’opération.
L’assemblage se fera sur le quai Gloria à Port-Saint-Louis du Rhône
Cette enquête a également permis de préciser les contours du futur projet notamment sur la partie logistique. Le quai Gloria à Port-Saint-Louis-du-Rhône a été confirmé comme site d’assemblage des flotteurs, leur stockage et leur mise à l’eau. De même pour l’assemblage des éoliennes sur les flotteurs. Si le port de Marseille ne voit pas d’inconvénient à l’implantation de cette activité sur ses terrains, il prévient cependant qu’il ne participera pas financièrement à d’éventuels travaux de confortement. La maintenance, elle, se fera à partir d’un quai désaffecté de la centrale de Martigues d’EDF. Une dizaine de postes permanents y seront affectés.
La localisation reprend celle de l’ancien projet Nenuphar autorisée en 2014. Les trois éoliennes seront installées à 14 km de l’embouchure du Rhône à Arles, 17 km de la plage Napoléon à Port-St-Louis-du-Rhône et 23 km de la Côte Bleue à Carro- Martigues. La consultation s’est également penchée sur le raccordement électrique qui sera effectué par RTE. Au final, la câble s’étirera sur une longueur de 28 km dont 5,5 km à terre.
EDF Energies Nouvelles devrait donc commencer les travaux dès le début de l’année prochaine pour tenir les délais qui prévoient une mise en service en 2020. Au total, avec les trois éoliennes de 8 Mw chacune, il espère démontrer la viabilité de cette technologie qui permet d’installer des machines à des profondeurs de 100 mètres. La Méditerranée étant particulièrement adaptée à cette solution. Le coût du projet est actuellement estimé à 200 millions d’euros et doit produire l’équivalent de la consommation énergétique de 40 000 habitants. EDF compte sur ce premier test pour démontrer la viabilité technologique et économique de l’éolien flottant en Méditerranée. Si les trois éoliennes font leurs preuves, le groupe souhaite passer à une plus grande échelle grâce à l’appel à projet sur les fermes commerciales qui doit arriver en 2022. Il espère à terme installer plusieurs dizaines d’éoliennes sur le site qui pourrait alimenter en énergie une bonne partie de la Métropole et laisse présager la création de plusieurs centaines d’emplois pérennes et plusieurs d’un millier en indirect.
La rapport de la commission sur l’enquête publique pour Provence Grand Large
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