Les archives municipales de Marseille ont mis en ligne une exposition virtuelle sur le thème des bastides marseillaises. Baptisée « À l’ombre des bastides », elle a pour but « d’attirer l’attention sur ce patrimoine en voie de disparition », comme l’explique à Gomet’ Isabelle Aillaud, chargée de l’action culturelle au sein de la structure. « On est dans une période où la ville change beaucoup. De nombreuses bastides ont disparu et continuent de disparaître ». D’où l’importance de les mettre en lumière.
Ces bâtisses ont connu leur « âge d’or » principalement au 17e siècle. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? C’est justement la réponse que tend à apporter cette exposition, accessible en un clic sur internet.
L’histoire des bastides en différents actes
L’exposition virtuelle est séquencée en quatre parties. La première s’attarde sur les différentes formes de bastides que l’on pouvait trouver pendant les siècles où elles étaient encore légion. 1 200 ont pu être recensées sur l’ensemble de la ville. De la traditionnelle bâtisse aux belles et simples proportions, à la façade à cinq ou sept travées ou encore à la modénature simple et au toit à quatre pentes, aux châteaux, « folies » et autres villas, la variété ne manque pas.
Certaines bastides ont servi de lieu de résidence, d’autres de villégiatures. Elles ont offert à leurs propriétaires de nombreuses activités de loisir : promenades, jeux de boules ou de croquet, baignade, partie de chasse… Mais aussi la possibilité d’organiser des événements mondains – y compris des jeux d’argent alors interdits – ainsi que des représentations culturelles. Mais la vie à la bastide ne serait pas complète si celle des fermiers, qui les ont occupées, entretenues et ont veillé à leur rendement, n’était pas décrite. Autant d’usages dévoilés au fil du parcours. « L’exposition compte 77 documents provenant essentiellement de fonds privés comme des écrits, des photos, des gravures, des archives familiales. On y trouve aussi des fonds publics, à travers les documents d’urbanisme et de voirie », met en avant Isabelle Aillaud.
Que reste-t-il de nos bastides ?
La visite virtuelle se termine par quelque clichés des dernières bastides encore debout. Leur déclin a démarré dès la fin des années 1800, victimes de leur « simplicité architecturelle » et soumises à une pression foncière grandissante. L’urbanisation et les grands travaux d’aménagement ont peu à peu grignoté les domaines et ont eu raison des bâtisses. Beaucoup ont disparu, notamment dans le nord de la ville, dont seuls leurs noms ont survécu, les grands ensembles immobiliers des années 1960 les ayant repris. Quelques vestiges demeurent aussi çà et là, comme des portails ou des arbres remarquables.
Certaines bastides ont toutefois résisté au temps et aux grands projets, bien souvent amputées de leurs domaines. Il s’agit généralement de bâtisses qui ont été reconverties en établissements d’enseignement publics ou privés, hôpitaux (la Timone), équipements publics de type mairie (celles des 9e/10e ou des 13e/14e arrondissements), centre social ou culturel (La Magalone), musée (Borély, Pastré), auberge de jeunesse (Bois-Luzy), maisons de retraite, établissements religieux ou parcs (Brégante). D’autres attendent encore quel sort leur sera réservé, à l’image de la bastide de Montgolfier.
Du physique au virtuel
Avant d’être proposée virtuellement, l’exposition À l’ombre des bastides a été présentée au public au sein des archives municipales de Marseille, entre novembre 2018 et avril 2019. 4 000 visiteurs s’y sont pressés. « C’est une de nos expositions qui a eu le plus de succès ces dernières années, ce qui prouve que le sujet interroge », glisse Isabelle Aillaud.
La politique des archives municipales de Marseille est de convertir systématiquement ses expositions sur site en version virtuelle. « C’est une façon de valoriser le travail qui a été fait et de donner la possibilité à plus de monde de le voir ». De rappeler aussi que les archives existent. Et qu’elles regorgent de documents – 18 kilomètres de fonds d’archives et 80 000 documents iconographiques – qui n’attendent qu’à être consultés.
Liens utiles
> L’exposition À l’ombre des bastides est accessible sur le site des archives municipales de Marseille en cliquant ici.
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