Vite, il ne reste qu’un week-end pour découvrir les œuvres d’Édith Laplane dans l’une des plus originales galeries de Marseille. En effet, ce petit lieu face à la mer expose des travaux d’une grande délicatesse, tant par leur réalisation que par la démarche de l’artiste.
« Je me suis penchée sur l’histoire et les traditions autour de ce petit biscuit marseillais qu’est la navette et je me suis aperçue qu’il y avait beaucoup de liens avec la fécondité, que ce soit dans les rites chrétiens ou païens”, raconte l’artiste qui mêle différentes techniques et produit des photomontages, des œuvres textiles ou papier. Elle collectionne également quelques pièces anciennes, comme un étonnant cache-sexe du Togo, ou contemporaines. Et le lien le plus évident, celui qui ne peut plus vous échapper, est cette ressemblance formelle avec ce qui est rarement bien nommé : la vulve féminine.
Mais les œuvres d’Édith Laplane n’ont rien de provocatrices. Il est plutôt question de compassion, à travers, par exemple un ex-voto sur l’échec de la maternité ou la fausse couche – My Little Fanny in the stormy Ocean of Motherhood (*). « Comment une femme peut rester à flot après une telle tempête qu’est la fausse couche ? » questionne alors Édith Laplane.
Points de croix, points de nœud, fil rouge, fil noir : ses broderies sur morceaux draps anciens évoquent les mutilations génitales mais aussi les femmes vaginiques à partir de dessins réalisés par elles-mêmes. Ses patientes. Car Édith Laplane est bien plasticienne depuis une quinzaine d’années, mais elle est également médecin gynécologue depuis bien plus longtemps. « Mon métier d’origine m’a amenée à me poser bien des questions. Par exemple, pourquoi il est si courant de dire qu’une fille n’a pas de sexe alors que oui, le sexe féminin existe et ce dès l’échographie ? » Alors, l’artiste explore aussi la transmission dans la lignée féminine, de mère à fille, de grand-mère à petite-fille et un fil d’or se glisse dans sa broderie.
Quant à la galerie Le Pangolin, si “le nom n’a plus besoin d’être expliqué, même s’il n’a rien à voir avec la situation actuelle” comme le précise Mickaël Serfaty, co-fondateur , c’est un lieu atypique d’exposition et de rencontres avec vue sur mer. Depuis 2017, les artistes sont accueillis gratuitement et « s’ils vendent, nous ne prenons aucune commission » poursuit Mickaël Serfaty. Alors pour financer les expositions, la galerie devient un airbnb pour touristes amateurs d’art ou pour artistes en résidence.
Informations pratiques et liens utiles :
Visite de l’exposition jusqu’au 12 décembre, les vendredis, samedis et dimanches à 11h, 16h et 18h, sur inscription uniquement.
Catalogue de l’exposition co-signé avec Élizabeth Chambon, commissaire de l’exposition, Armand Bizalion Edition, en vente sur place.
Le Pangolin – 131, corniche Kennedy – Marseille (7e)
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