Le 7 décembre se sont tenues les Assises annuelles de la Transition écologique organisées par le Club Immobilier Marseille Provence (CIMP), en partenariat avec l’association Envirobatbdm au nouvel Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT) Porte d’Aix à Marseille. Cette 9e édition était centrée sur la transition des territoires face aux défis du changement climatique et accueillait en grand témoin François Gemenne, membre et co-auteur du 6e rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), grand spécialiste des sujets de géopolitique de l’environnement, enseignant à HEC Paris et Sciences Po Paris notamment, qui a introduit et cadré les débats.
François Gemenne (Giec) « Le logement est la première protection contre les impacts du changement climatique »
Accueilli par Jérôme Dentz, président du CIMP, François Gemenne s’est montré à la hauteur des attentes de la profession dès l’ouverture, en inspirant les acteurs de l’immobilier dans leur mission au cœur de la résilience climatique. Morceaux choisis : « Le logement est la première protection contre les impacts du changement climatique. Face à l’impact climatique, il va falloir nous adapter, et la clé sera le bâtiment, à l’échelle individuelle et collective. Eléments essentiels de la résilience d’une société : le logement et la cohésion sociale et territoriale ». Autrement dit, évitons les fours et les passoires, optimisons les matériaux, mais aussi l’urbanisme, la manière dont on organise les bâtiments.
Il n’a pas oublié de rappeler que le logement pesait pour un cinquième de l’empreinte carbone de la France, que construction et immobilier devaient se décarboner, être plus économes en ressources et en eau, et déployer de nouveaux moyens le permettant. Mais il a accordé à l’immobilier une qualité précieuse pour réussir le défi global : « l’immobilier permet de montrer comment nous pouvons mieux habiter la terre, avec des constructions concrètes et tangibles. Puisque la physique du climat ne nous permet pas de toucher du doigt les conséquences de nos actions, puisque réduire les émissions de gaz à effet de serre n’est pas visible directement, alors que nous aurions besoin de voir à court terme concrètement le fruit de nos actions vertueuses, qui souvent imposent contraintes et efforts, nous sommes tiraillés entre la cause qui nous touche et nos intérêts immédiats. L’immobilier permet de rejoindre nos intérêts : avoir intérêt à vivre dans un monde décarbonné ».
De tels propos sont motivants pour les professionnels de l’immobilier, mais aussi pour les étudiants. Les 9e Assises de la Transition écologique étaient justement accueillies par Hélène Corset Maillard, directrice de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille (ENSA.M), sur le lieu même de formation des architectes, mais aussi des urbanistes et paysagistes. Ce nouveau lieu, l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires, créé Porte d’Aix à Marseille, au budget de 48 M€, vient d’ouvrir pour la rentrée 2023, sur 12 000 m2, auxquels s’ajoutent 8000 m2 de prolongements extérieurs. Il s’agit d’un « bâtiment low tech, pas suréquipé, misant sur l’intelligence du projet », pour des « jeunes qui ont l’écologie dans le sang ».
Au cours de la matinée, les échanges animés par François Gemenne entre tables-rondes d’experts et panels d’entrepreneurs ont porté sur : le défi de l’eau dans un contexte de raréfaction et l’avenir de l’urbanisation des zones à risque et les impacts du dérèglement climatique sur les modèles assurantiels. Enfin, des solutions concrètes de projets locaux qui fonctionnent ont inspiré, espère-t-on, les acteurs de la chaîne de l’immobilier présents, afin de les engager vers les bonnes pratiques et vers un immobilier durable.
Lien utile :
[Expertise] Envirobat : « Écoconstruction : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » (6/10)