Le nouveau bâtiment de l’Institut méditerranéen de la ville et des territoires (IMVT) livré en août 2023 s’érige face à la Porte d’Aix. En tant que grand témoin de la transformation du quartier Saint-Charles, le campus accueille près de 1 300 étudiants, futurs architectes, urbanistes et paysagistes. 350 enseignants-chercheurs et 60 personnes des services administratifs sont également présents depuis le 4 septembre. Ce nouvel écrin doit encourager les échanges entre les étudiants et le développement de la recherche.
« Vous étiez un peu isolés, maintenant vous êtes en prise avec la ville », glisse la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, à un étudiant lors de l’inauguration de l’IMVT jeudi 12 octobre. « Oui, c’est un bonne chose », acquiesce le jeune, casquette vissée sur la tête. L’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille (Ensa.m) a déménagé de la pinède tranquille de Luminy pour se rapprocher du coeur battant de la ville. Dans la même dynamique, deux autres écoles ont intégré le bâtiment de 12 800 m2 : l’Ecole nationale supérieure de paysage et l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional (IUAR) d’Aix-Marseille Université.
Un bâtiment ouvert sur la vi(ll)e
Les trois locataires espèrent ainsi créer plus de transdisciplinarité à l’heure de défi climatique et de la densification des villes. L’immense terrasse sur le toit semble ouvrir les bras au renouveau de Marseille, à la créativité, l’art et l’esthétique. Les grands espaces très ouverts laissant entrer la lumière, l’air et la ville ont été conçus par les quatre architectes de l’agence NP2F qui espèrent provoquer des échanges réguliers entre les élèves des trois écoles.
Les architectes ont délibérément laissé le béton brut apparent qui recouvre les structures en bois. « Ça peut paraître contre intuitif pour un bâtiment bas carbone mais c’est ce qui est le plus responsable », explique l’architecte François Chas sous le regard attentif de Martine Vassal, la présidente de la Métropole Aix-Marseille, Renaud Muselier, le président de la Région Sud et Aurélie Biancarelli-Lopes, l’adjointe à l’enseignement supérieur et la recherche de Marseille.
La recherche au coeur du projet de l’IMVT
« Nous avons voulu mettre la recherche au centre du bâtiment », évoque Hélène Corset-Maillard, la directrice de l’Ensa de Marseille. Un pôle dédié à la recherche sur le campus a été placé au milieu du bâtiment pour permettre « de produire de la connaissance en lien étroit avec les problématiques contemporaines que convoque l’acte de bâtir et d’aménager nos espaces » avec des matériaux plus responsables, des isolations moins énergivores, ou des ombrières naturelles.
L’État a financé 60% de l’opération (27,32 millions du ministère de la Culture, 300 000 euros du ministère de la Recherche et 1,91 million de l’Ensa.m), et les collectivités locales, malgré leurs divergences, ont assuré les 40% restants : la Région Sud, la Métropole Aix-Marseille et la Ville de Marseille ont participé à hauteur de six millions d’euros chacun. Le Département des Bouches-du-Rhône a également versé deux millions d’euros.
Les espaces verts sources de tensions politiques
Si le chantier a respecté le budget, il a mis 10 ans à sortir de terre rappelle Martine Vassal. L’IMVT a en effet essuyé beaucoup de débats entre la municipalité de gauche, les opérateurs (le ministère, l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture et les architectes) et l’ancienne municipalité Gaudin qui a soutenu l’origine du projet. En juillet 2020, la maire EELV fraîchement élue, Michèle Rubirola, les accusaient de « détruire un espace boisé et précieux dans ces quartiers qui en sont dépourvus.»
Six mois plus tard, lorsque son premier adjoint Benoît Payan a pris sa place de maire, il a également demandé au préfet Christophe Mirmand de réunir les acteurs autour d’une table pour apaiser les tensions, toujours liées au manque d’espaces verts et aux études environnementales. Depuis, l’aménageur Euromediterranée a réalisé un parc de 11 000 m2, juste devant le campus… et l’atmosphère semble s’être détendue.
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