Le conseil régional vient d’adopter, vendredi 16 décembre, en assemblée plénière, la création d’un comité stratégique dédié au développement et à la structuration de la filière industrielle hydrogène en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette nouvelle instance, dont la feuille de route sera connue le 9 février 2023, est constituée d’un collège d’acteurs publics et privés, actifs dans le domaine de l’hydrogène, et présidée par deux élus de la Région Sud. Il s’agit d’Anne-Claudius Petit, présidente de la commission « transition énergétique, stratégie des déchets, qualité de l’air », et de David Géhant, vice-président en charge de l’aménagement du territoire.
Un comité de pilotage « Energies de demain » et des groupes de travail thématisés sont également mis en place. Cette gouvernance se réunira « une à deux fois par an », renseigne l’établissement public. L’occasion de « mettre à plat les connaissances de chacun », précise le conseiller régional Mohamed Mahali, qui défend le rapport. Le texte est adopté à l’unanimité par l’hémicycle, malgré les réticences du principal groupe d’opposition : « l’hydrogène n’est pas l’alpha et l’oméga de la neutralité carbone », commente Colline Houssays (RN), qui regrette au passage que l’extrême droite ne soit pas impliquée dans la démarche.
Faire monter en puissance la filière hydrogène.
Région Sud
L’apparition de ce comité stratégique est le fruit d’un processus politique que la Région a entamé il y a près de cinq ans. En 2017, l’institution présidée par Renaud Muselier a inscrit l’hydrogène comme « levier incontournable » permettant l’atteinte de la neutralité carbone dans son plan climat baptisé “une COP d’avance”. Elle a par la suite, en décembre 2020, adopté le plan régional hydrogène, avec pour ambition principale de « faire monter cette filière en puissance ».
La Région Sud entend même s’imposer comme « véritable laboratoire du développement industriel de l’hydrogène », voire comme un “hub” international. Notamment à travers le projet d’interconnexion sous-marine entre Barcelone et Marseille, nommé H2Gen (ou « BarMar »). Chiffré à environ deux milliards d’euros, sans compter le coût des installations terrestres, cette pipeline vise à transporter de l’hydrogène vert entre la France et l’Espagne. En septembre 2023, la Région Sud organisera des assises de l’hydrogène.
La Région Sud défend le projet MassHylia
À l’instar de la Métropole Aix-Marseille Provence, la Région Sud a apporté son soutien, en janvier 2021, au méga projet de production d’hydrogène vert, baptisé MassHylia, et porté à Châteauneuf-les-Martigues, sur la raffinerie de La Mède, par le tandem Total Energies – Engie. MassHylia doit devenir, en 2024, le plus grand site producteur d’hydrogène renouvelable de France. Cette installation, dont le coût est estimé, selon nos sources, entre 160 et 250 millions d’euros, requiert une énergie photovoltaïque conséquente.
Elle sera générée par une ferme solaire d’envergure (100 MW), qui alimentera elle même un électrolyseur sur site (40 MW). Ce-dernier fournira, à terme, plus de cinq tonnes d’hydrogène “propre” par an à la raffinerie de Total la Mède – productrice quant à elle de carburants. Suivant ce processus, près de 15 000 tonnes de CO² seront évités chaque année selon les porteurs du projet. De quoi permettre à l’usine de rentrer dans les clous européens en terme d’émissions carbones.
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