Jean-Claude Gaudin à la tête du conseil municipal de Marseille, c’est terminé. Après 55 ans à avoir siéger dans l’hémicycle phocéen – dont 25 ans en tant que maire – celui que Benoît Payan a défini comme « l’un des derniers monuments de la politique française » a rendu son tablier ce lundi 27 janvier, après une ultime séance ponctuée d’hommages.
Emotion palpable devant l’hommage de l’hémicycle
Il y avait eu les derniers vœux à la presse en tant que maire il y a exactement une semaine, il y a eu ce matin le dernier conseil municipal de Jean-Claude Gaudin avant la sortie définitive au lendemain des élections municipales de mars prochain. Les trois premières heures ont pu paraître néanmoins comme une session ordinaire : une majorité soupçonnée d’occulter les résultats d’un audit commandé sur l’état des écoles de la ville, un Benoît Payan et des élus du RN en verve, quelques passes d’armes qui fleurent un électoralisme de saison, et un Jean-Claude Gaudin qui tape du poing sur son pupitre.
Puis, au bout de l’examen des 152 rapports du jour, une ovation. Les 101 conseillers municipaux se lèvent comme un seul homme, font résonner l’hémicycle de leurs applaudissements. A la tribune, Jean-Claude Gaudin peine à contenir son émotion. Point de larmes, non, mais un regard énigmatique tendu vers son auditoire. On y lit de la reconnaissance, celle de ses pairs politiques devant toute l’énergie qu’il aura mis à la tête de la Ville en 25 ans de mandats.

De la nostalgie aussi, de celle qui sert le cœur lorsque l’homme comprend que ses plus belles années sont déjà derrière lui. Plus que jamais, pendant ces 30 secondes durant lesquelles il regarde ceux qu’il a dominé de la tête et des épaules à la tête de Marseille, Jean-Claude Gaudin semble humain, profondément humain. Enfin, la carapace politique se fissure, et les émotions semblent poindre, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Mais à les entendre, on se demande presque si ce ne sont pas ses adversaires qui le regretteront le plus.
Hommage unanime de l’opposition
Ils y a ceux dont les hommages sont froids et polis. C’est le cas de Lydia Frentzel (EELV) et de Jean-Marc Coppola (PCF), qui souhaitent respectivement « une bonne et heureuse retraite » et « de la résilience, et le droit à la paresse » à Jean-Claude Gaudin. Ces deux-là ne pleureront pas de voir l’éternel maire de Marseille s’en aller. Plus enlevés sont les hommages rendus par Benoît Payan et Stéphane Ravier, de loin les plus ardents contestataires de la présente mandature.

« J’ai eu la chance d’être votre opposant » a ainsi déclaré le chef de groupe PS au conseil municipal, « face à l’un des derniers monuments de la politique française ». Une expérience qui l’aura aidé a se faire la main politique, dit-il en substance, comme un élève remercie son exigeant mentor. « Je salue l’engagement qui est le vôtre » prononce-t-il, tout en rappelant leurs divergences de fond. « Bien naïfs ceux sont ceux qui pensent que vous allez prendre votre retraite » croit-il enfin, sans plus de précisions.
Mais la surprise est indéniablement venue de Stéphane Ravier. D’ordinaire si virulent, ironique, cassant, le chef du groupe RN s’est fendu d’un discours pour le moins affable, à la limite de l’éloge. « J’ai été témoin d’un monstre, d’un monstre politique » dit-il, ajoutant : « vous avez marqué l’histoire de cette ville, en bien, en moins bien ». Mais il préfère charger l’entourage comme disculper le maire en ce moment particulier. « Vous êtes prisonnier de vos proches, de vos adjoints, de vos conseillers. Ils vont ont caché l’état de la ville » dénonce-t-il notamment vis-à-vis de ceux qu’il qualifie de « cerbères ».