Une semaine après la signature du document d’orientation stratégique de l’Etat pour la fin de la centrale à charbon, le P-dg de Gazel Energie, Olivia Levasseur dévoile à Gomet’ ses ambitions pour le site de Gardanne et fait le point sur la situation compliquée avec les salariés.
Comment Gazel Energie envisage-t-il la poursuite de ses activités après l’arrêt du charbon ?
Olivia Levasseur : L’avenir de Gardanne passe par celui de la biomasse. Développer la biomasse, qui est une filière d’avenir, positionnerait le site de Gardanne comme un acteur de pointe dans le secteur des énergies renouvelables. Mais le développement de la tranche biomasse reste conditionné à l’engagement de toutes les parties prenantes. Il faut que l’Etat investisse effectivement dans le territoire, que les collectivités soutiennent les nouveaux projets et que les syndicats permettent la sécurisation des installations du site et le bon fonctionnement de l’unité biomasse. Ce dernier point n’est aujourd’hui pas garanti. La reprise normale de l’activité est un pré-requis, qu’il s’agisse d’obtenir le soutien de l’Etat ou de donner les garanties nécessaires à l’actionnaire pour qu’il effectue des investissements.
Emmanuelle Wargon conditionne une aide au développement de la tranche biomasse à la création d’une filière bois régionale respectueuse de l’environnement. Gazel est-il entré en contact avec les autres acteurs du territoire pour mettre en place cette filière ?
O. L. Bien évidemment. Une évaluation des incidences de l’approvisionnement de la tranche biomasse a été réalisée en 2018 dans le cadre du dossier d’autorisation environnementale unique par l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) et les bureaux d’étude Terra Silva et OBBois. Les conclusions de cette étude ont démontré l’existence d’une disponibilité de la ressource, compatible avec les besoins de l’unité biomasse dans le temps en respectant la hiérarchie des usages du bois, c’est-à-dire sans effet d’éviction entre utilisateurs et sans gaspillage de la qualité des bois dans le cadre d’une gestion forestière durable. En bref, l’approvisionnement est favorable tant d’un point de vue économique que social et environnemental.
Une augmentation du tarif de rachat de l’électricité issue de la biomasse est-elle indispensable à la rentabilité du projet ?
O. L. Avant de pouvoir parler de rentabilité du projet, il faut que la tranche biomasse fonctionne et produise de l’électricité. A ce jour, en raison des 195 jours de grèves et des nombreux blocages, l’unité biomasse P4 n’a pu fonctionner que 500 heures depuis le 1er juillet 2019. Cette situation n’est évidemment pas tenable. Seule la reprise de l’activité peut permettre d’envisager un avenir pour le site.
La situation de blocage actuelle est un énorme gâchis
Olivia Levasseur
Outre la biomasse, travaillez-vous sur d’autres projets ?
O. L. Il existe pour Gardanne de nombreux projets possibles comme la création d’une scierie ou le développement d’une plateforme de préparation de bois de recyclage et déchets verts, qui permettraient d’assurer le maintien de l’activité économique locale et donc l’emploi. Mais sans retour à la normale de la situation sur le site il ne sera pas possible d’envisager sereinement son avenir et celui de ses salariés. La situation de blocage actuelle est un énorme gâchis.