L’article 36 de la loi de financement de la sécurité sociale de 2014, modifié en décembre 2016, autorise le développement de la télésurveillance à domicile des patients insuffisants cardiaques sur le territoire national. En partenariat avec Air Liquide, qui commercialise les outils de télésurveillance, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, fait bénéficier ses patients de ce dispositif innovant, depuis le 19 mars 2018 pour la première fois en France.
Comme le précise le code de santé publique (art. L.6316-1), la télémédecine est une composante de la télésanté. Elle est « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. » D’année en année, la télémédecine se développe et prouve son intérêt dans les consultations à distances (téléconsultation), les expertises (télé-expertise), la surveillance et l’interprétation de paramètres médicaux (télésurveillance médicale), l’assistance à distance d’un autre professionnel de santé (téléassistance médicale) et enfin le premier diagnostic par téléphone assuré par le Samu (régulation médicale).
La télésurveillance médicale de l’insuffisant cardiaque
Plusieurs études ont été menées sur le sujet, notamment l’étude OSICAT (Optimisation de la Surveillance ambulatoire des Insuffisants CArdiaques par Télécardiologie) dont le CHU de Toulouse était le promoteur (Professeur Michel Galinier) qui a inclus 990 patients. La suite logique de ces études est la mise en œuvre effective sur tout le territoire d’une télésurveillance au long cours. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’éviter des hospitalisations en intervenant avant que le patient ne décompense.
Le système de télésurveillance, « Chronic Care ConnectTM Cardiologie », a été conçu par la société Air Liquide et fonctionne avec deux outils très simples : une tablette et une balance, fournies au patient. Tous les matins, à la même heure et dans les mêmes conditions (avant ou après petit-déjeuner, habillé ou pas…), le patient doit allumer sa tablette, se peser, et répondre à 8 questions :
1. dyspnée nocturne : avez-vous eu cette nuit des troubles respiratoires plus forts que la nuit précédente ?
2. orthopnée : avez-vous eu besoin la nuit dernière d’un oreiller supplémentaire pour mieux respirer ?
3. toux : toussez-vous plus que d’habitude ?
4. œdèmes : est-ce que vos jambes sont plus enflées que d’habitude ?
5. fatigue : vous sentez-vous aujourd’hui plus fatigué ?
6. palpitations : avez-vous ressenti ou ressentez-vous des palpitations ?
7. fièvre : avez-vous ou avez-vous eu de la fièvre au-dessus de 38.5 °C ?
8. épuisement : votre activité physique est-elle plus limitée que les jours précédents ?
En fonction des réponses et du poids mentionnés, le système calcule le risque encouru par le patient d’une aggravation de sa pathologie. En cas de problème, une alerte est déclenchée sur la plateforme de surveillance et un professionnel de santé prend contact avec le patient.
Parallèlement à l’inscription du patient à la télésurveillance, un programme d’une journée d’éducation thérapeutique y est associé. Il se déroule en ambulatoire et permet au patient d’appréhender au mieux sa pathologie en apprenant les comportements adéquats qui lui permettront de mieux vivre avec sa maladie : conseils diététiques, surveillance des signes cliniques, gestions des médicaments (indications et interactions médicamenteuses, effets secondaires). Afin que le plus grand nombre possible de patients de la région puissent bénéficier de ces journées d’éducation thérapeutique, 13 établissements (centres hospitaliers ou cliniques) se sont regroupés. Ils forment l’Association Pour l’Education Thérapeutique de Cardiologie en Occitanie et organisent ces journées dans différents départements.
Cet accompagnement thérapeutique consiste à appeler le patient un mois, trois mois et six mois après la journée d’éducation thérapeutique pour un entretien d’une heure. Lors de cet entretien, le professionnel de santé évalue si les attitudes adéquates apprises lors de la journée d’éducation thérapeutique ont bien été mises en place. Il questionne le patient sur le suivi du poids, de la tension, de la fatigue, de l’essoufflement… Il s’agira aussi d’évaluer son état psychologique, son régime diététique et toute difficulté éventuelle qu’il pourrait rencontrer.
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