À Septèmes-les-Vallons, le parti d’Emmanuel Macron a tenté de mettre en valeur ses mesures phares, dans une ville pas franchement acquise à sa cause.
Entre extrême gauche et extrême droite, difficile de convaincre les habitants “que la vérité est au centre”. Septèmes-les-Vallons, tenue par une municipalité communiste depuis 1965, a pourtant donné 51,62% de ses voix à Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle. Le Front national était déjà en tête au premier tour, avec 36,31% des votes. Dans ce contexte politique, rien n’est joué et les candidats viennent défendre leur programme.
Sur la 11e circonscription, qui intègre les cantons d’Aix-en-Provence-Sud-Ouest, Salon-de-Provence et Pélissanne, il existe des problématiques transversales, l’emploi par exemple, mais surtout des crispations locales. « Les habitants de cette commune limitrophe à Marseille voudraient un mur entre les deux villes, étant très sensibles aux problèmes de sécurité, explique le candidat La République en marche, Mohamed Laqhila venu rencontrer les habitants lors du marché mercredi. Il faut leur faire comprendre que c’est un pont qu’il faut bâtir. »
Tout miser sur le président
Ce jour-là, les militants du maire André Molino (PCF) ont précédé ceux de La République en marche. Lionel, qui tient l’un des bars de la ville, n’a pas encore arrêté son choix. « Ce que je regrette, c’est que les événements festifs ont lieu pour la plupart au Grand Pavois et le centre-ville est déserté. » Dans l’une des boucheries, le discours est plus radical. « Emmanuel Macron ? C’est un guignol, un banquier, un escroc ! Moi je sais pour qui je vais voter : Marine Le Pen. Elle a un vrai programme, ici le maire ne fait rien pour nous. » Les législatives semblent ici juste un prolongement de la présidentielle. Peu de personnes connaissent les candidats de leur circonscription, hormis le député sortant (LR-UDI) Christian Kert et André Molino, le maire. L’équipe de Mohamed Laqhila l’a bien compris et mise tout sur le président fraîchement élu. « Sur les bulletins de vote, nous avons choisi d’afficher le visage d’Emmanuel Macron, pour être bien reconnaissable », glisse Marion Padellini, sa suppléante.
Jean-Louis Pozo tient son bar depuis 48 ans. Lui aussi sait pour qui il va voter, sans toutefois révéler quel bulletin il glissera dans l’urne. « Je suis comme Saint-Thomas, je demande à voir. L’idée d’ouvrir la politique à la société civile est bonne. Mais localement, comme d’un point de vue national, l’économie manque de dynamisme. Nous avons besoin d’une politique fiscale plus souple, des banques moins frileuses, pour permettre aux entreprises de se développer. Et des mesures contre le terrorisme plus fermes. La première de nos libertés, c’est la sécurité. » À Septèmes-les-Vallons, comme ailleurs dans la 11e circonscription, La République en marche va devoir mener un lourd combat contre le Front national, qui compte encore de nombreux électeurs.
La suppression du RSI, l’arme pas si secrète
Quelques mains serrées, des sourires échangés, les militants du parti d’Emmanuel Macron ont vite fait le tour de la petite place de la mairie. « Il y a plus de militants que d’électeurs », plaisante Mohamed Laqhila. Au stand des fruits et légumes, une dame le met en garde, melons à la main : « Il ne faut pas qu’il se plante, Macron ! » Juste à côté, une passante, la soixantaine, jette un œil au dépliant sur lequel on voit davantage le nouveau président que le candidat aux législatives. « Je l’adore Emmanuel Macron ! Je n’ai pas voté pour lui mais je le trouve charmant. Je ne sais pas encore si je vais mettre son bulletin dans l’urne ou si je vais rester sur ma candidate de la présidentielle. »
Plus loin, on vend des encornets farcis, ici des poulets rôtis, de la brousse du Rove et là, dans un food-truck, on prépare une paella. « Elle sent bon ! » s’exclame Marion Padellini, suppléante. En face, l’œil est méfiant, le sourire discret, l’accueil un peu froid. Alors pour séduire les commerçants, Mohamed Laqhila dégaine l’arme pas si secrète de son parti : la suppression du RSI. Et l’oreille devient plus attentive. « J’ai des collègues qui arrêtent les marchés à cause du RSI, affirme François, vendeur de vêtements. Mais j’ai tendance à penser que les hommes politiques sont tous les mêmes. Même si le RSI disparaît, il faudra qu’on continue de payer. »