Un public attentif, des rires parfois retenus et des applaudissements, c’est l’atmosphère générale qui régnait mardi soir à la Villa Méditerranée. Il faut dire que dresser un bilan sur la réalité du monde actuel ne peut que retenir l’attention. « Je prône l’idéalisme. Or, il faut être réaliste pour ne pas perdre le contact. Devoir affronter un retour trop brutal à la réalité peut nous faire tomber dans la déprime », annonce Hubert Védrine avant d’entamer une conférence sans tabous ni langue de bois.
Et pour cause, en présentant le tableau d’un monde éclaté, l’ancien ministre ne pèse pas ses mots : « Toutes les civilisations ne sont pas soeurs comme la mondialisation nous le laisse croire. En effet, des groupes s’affrontent à l’intérieur même du monde musulman, ou du monde occidental ». Une situation telle, qui peine pourtant à être tempérée : « Il ne faut pas croire qu’il existe une puissance qui mettra de l’ordre sur nos sociétés. Se demander ce que fait la communauté internationale, c’est une perte de temps ! » Selon l’ancien diplomate, la communauté internationale n’existe pas car l’Occident est désormais séparé des autres aires de civilisation. Ainsi, les individus doivent personnellement engager leurs propres responsabilités.
De la géopolitique à l’écologie
Au fur et à mesure de la conférence, de nombreuses questions écologiques entrent en jeu. En effet, dans son livre « Le Monde au défi », Hubert Védrine étend la géopolitique à la préservation du climat ou la biodiversité. Une transition qui ne manque pas de susciter les réactions : « Vous vous êtes converti, vous êtes tombé dans une secte, m’a-t-on parfois dis ! », lance Hubert Védrine, entrainant ainsi les rires du public.
Selon lui, nous sommes aujourd’hui face à un compte à rebours écologique et les Etats doivent repenser à leur fonctionnement : « La maitrise des capacités militaires, du respect des droits humains, de la puissance économique ne suffit plus. Demain, les Etats seront jugés sur leur participation à la question écologique». Alors que les mentalités et les intérêts des peuples se croisent et s’opposent, retrouver une cohésion demande alors de se questionner sur la planète.