Vive la patinoire
Longtemps de méchants opposants ont reproché à Jean-Claude Gaudin d’avoir érigé une très onéreuse patinoire, dans une ville qui avait tant besoin d’autres équipement publics. Eminemment plus utiles. A observer les retournements, à entendre les figures de style, à s’épater devant la souplesse des élus des Républicains, on se dit que le sénateur-maire a été bien avisé de persister dans ce choix pharaonique. Il fallait une sacrée technique en effet pour retomber sur ses pattes après les derniers épisodes du Penelope gate. On a vu un Bruno Gilles se rétablir avec une majesté qui laisse admiratif, lui qui en était déjà au droit d’inventaire et qui sommait François Sillon de désensabler son camp. On a été épaté par la capacité du député maire de Châteaurenard, Bernard Reynès, à redresser sa course lui qui, sous l’œil des caméras, prétendait que la messe était dite. Il ne restait au père François qu’à retourner à confesse alors que selon ses propres dires il n’a plus pratiqué cet exercice depuis l’âge de 12 ans. Enfin, on est resté ébahi par la prouesse de Renaud Muselier qui, sabre au clair, en bon petit-fils d’amiral, avait sonné l’abordage avec un mot d’ordre impérieux : courage, fuyons Fillon ! Les autres sont restés plus discrets mais les Moraine et autres Tian affichent sur nos murs dans la perspective des législatives un très prudent… « avec Jean-Claude Gaudin ». C’est du patinage artistique qu’on vous dit.
La faute au thermomètre
Ce n’est pas Fillon qui a traversé un épisode fiévreux, c’est le thermomètre. Comprenez les médias. Ruth Elkrief, notre éminente consoeur de BFM TV, la télé qui donne toujours priorité au direct, a ajouté à la polémique en déclarant sur son plateau, « Il y a une demande très forte, un peu totalitaire parfois de transparence ». Voici dans un même paquet tout à trac condamnés, les faits, leurs commentaires et cette dictature de l’opinion qui exige que celui qui prétend à la plus haute marche du podium républicain soit immaculé. Ils sont comme ça ces nains d’électeurs : Blanche Neige ou rien. Du coup on se souvient d’un épisode de la vie médiatico-politique à Marseille. C’était en 1989 et un certain Pascal Arrighi, qui fut un temps député du FN, lança que « jamais Marseille ne serait dirigé par trois homosexuels ! » Du coup les envoyés spéciaux présents sur le Vieux Port se ruèrent dans une chasse effrénée pour débusquer les dires d’Arrighi. Et céder à l’injonction totalitaire du leader local de l’extrême-droite. Il me souvient d’avoir vu à cette époque tendant son micro à un des présumés coupables, le sourire plein de belles dents, d’une jeune journaliste de RTL. Une certaine Elkrief. Un sosie sûrement.
Vers un sur Ciot
Les socialistes bucco-rhodaniens ont failli en venir aux mains cette semaine à la fédération du PS. Ainsi va le parti de François Mitterrand et de Gaston Defferre. Finis les courants, finis les débats, finis les idées. Il n’y a plus pour l’animer que des Gaston la baffe. Misère. On croyait ces temps de la dialectique musclée définitivement enterrés. Gilbert Collard depuis son refuge gardois doit ricaner. Dans les soirées jadis, il aimait raconter comment il s’était présenté à Trets, avec l’aide musclée de François Bernardini à cette époque premier secrétaire du PS. L’homme à déboulonner alors était le maire de Trets, cette petite cité au pied de la Sainte Baume, un certain Loïc Fauchon. Collard était socialiste – eh oui vous lisez bien ! – et sans s’en offusquer outre mesure, il racontait en pouffant de rire comment des gros costauds faisaient taire dans les réunions les opposants à sa candidature. C’est sans doute cette brutalité faite à la démocratie qui l’a incité à changer de cap en rejoignant la douce Marine, après un passage décontaminant chez le pacifique Pasqua. Le PS, qui est déjà au bord du précipice, a donc fait un grand bond en avant.
Crêpage en vue
Martine Vassal a choisi l’époque de la chandeleur pour évoquer ses ambitions. Elle a raison car à l’écouter il y a du crêpage de chignons à venir. La présidente du conseil départemental annonce en effet son intention d’être candidate en 2020 à la présidence de la Métropole lorsque Gaudin se retirera. Maryse Joissains, la maire d’Aix, qui nourrit une sainte détestation pour cette organisation qu’elle conteste urbi et orbi, va être confortée dans ses préventions. Les Marseillais vont tenir, comme elle le craint, tous les leviers et sa bonne ville devra tendre l’escarcelle pour obtenir quelques secours. A moins que Maryse n’arrive à s’entendre avec Martine, les deux femmes ayant en commun une horreur affichée pour la langue de bois et une bonne pratique d’un champ lexicologique que l’on croirait à tort réservé aux hommes. Malgré tout la reine d’Aix aura du mal à avaler d’être définitivement condamnée à un rôle de… vassal. Elle va sans doute nous faire d’ici là un festival qui ne versera pas forcément dans le lyrique.
Retenez-les…
… ils vont faire un malheur. Guy Teissier, président du conseil de territoire et Lionel Royer-Perreault son vice-président ne décolèrent pas, et ils l’ont déclaré sans ambages dans La Provence, à propos de la voierie éternellement sinistrée de Marseille. « C’est la cour du roi Pétaud » s’indigne même Royer-Perreault. Pour les non-lettrés rappelons que, notamment dans l’œuvre d’Alexandre Dumas, ce monarque était un mendiant dont la cour était ingouvernable puisque chacun y allait de son pouvoir. Rapporté à cette actualité urbaine, cela signifie que personne ne dirige vraiment à Marseille les services censés améliorer notre cadre de vie et que nous payons par nos impôts. D’où les trottoirs éventrés sans préavis, le bitume noir servant de sparadrap sur du bitume rose, des pavés historiques remplacés par du béton contemporain, on en passe et des plus désagréables. Mais promis, juré, ce cauchemar aura une fin et on va voir ce que l’on va voir. Comme pour la propreté. Le quotidien La Croix vient de rappeler opportunément qu’une fois de plus la ville est en panne. Monique Cordier l’élue chargée du dossier jure que depuis le « contrat local de propreté » tout allait mieux pourtant. Et puis advint la métropole, interstice dans lequel le syndicat majoritaire, FO, s’est glissé pour négocier illico des effectifs supplémentaires. En attendant nous dit-on on approche les cinq heures de travail effectif payées sept heures. Si Fillon, partisan des 39h payées 35, lit cela il est capable de parler d’emploi fictif.
Balade muséale
Les musées marseillais vont mieux, même s’il reste encore beaucoup à faire. Martine Vassal annonce dans le cadre de la politique de réanimation du centre-ville, son intention de donner une nouvelle vie au délicieux musée Grobet-Labadié, sis au pied du palais Longchamp (photo capture d’écran école Font-Vert). Dans cette jolie demeure du XIXème siècle on trouve des œuvres, du XVIIIème au Moyen-Age, de très belles factures. Que le département et la métropole se préoccupent de redonner de l’éclat à nos richesses patrimoniales ne peut que faire l’unanimité. Nous avons constaté également qu’un début de dynamique pointe, pour exhumer de l’oubli collectif, les objets, monuments et autres témoins de l’histoire de la ville et de ses rivages (Oratoires, bornes gallo-romaines, vestiges d’aqueduc). Il y a de quoi faire, de la grotte Cosquer et ses 22 000 ans, aux prouesses architecturales du Corbusier ou de Fernand Pouillon. On nous dit encore que les start-up ne manquent ni d’audace ni d’imagination, de la friche de le Belle-de-Mai aux Docks. Un répertoire numérique de ce foisonnement patrimonial, géré de manière ludique, pourrait entraîner les générations des plus jeunes sur ces chemins muséaux. Car pour savoir où l’on va, il vaut mieux connaitre d’où l’on vient.