Yves Moraine et le rond-point « d’interrogation »
Yves Moraine, le sémillant maire de secteur (6-8) a cru, un instant à l’information, en regardant dans La Provence une photo où figurait, au beau milieu du tout nouveau rond-point du Prado, la reproduction d’une tour Eiffel. Et notre élu, en ce 1er avril, de se justifier, en affirmant qu’on avait pensé au pouce de César, dernier vestige d’un parcours d’œuvres qui en comportait naguère trois à partir du David. Le mât de Buren devant l’escale Borély, un mobile au carrefour qui mène à Bonneveine, et enfin le fameux pouce, à proximité du musée d’art contemporain. Deux de ces chefs d’œuvre ont disparu, pour des raisons obscures, et du coup, la course d’orientation. Mais revenons à M. Moraine, il nous explique que l’œuvre de César était un peu petite pour le Prado. Bon, si l’artiste marseillais en avait fait un majeur tendu,l’œuvre aurait peut-être pu y trouver place. Heureusement, César n’était que grivois. Pas vulgaire. Dommage cela aurait plu à certains supporters.
Samia Ghali prend la lumière
Sa double rangée de dents, qu’elle a tranchantes, prend remarquablement la lumière. La sénatrice Samia Ghali est devenue, au fil des années, une « bonne cliente » pour les émissions d’infotainment ces moments qui associent allègrement, et sans transition, le divertissement et l’info. Le Petit et le Grand Journal (Canal plus) comme C’est à Vous (La Cinq) l’invitent donc régulièrement, en guettant la formule qui fera le buzz et le zapping. Notre élue ne les déçoit jamais, évoquant « les kalach » et les cités réduites au quotidien à des stands de tirs. Le préfet de police de Marseille a beau démentir, la télégénie de la maire des 15-16 fait des ravages. Après l’armée, Mme Ghali réclame aujourd’hui un véritable plan d’urgence pour ces quartiers. Quel dommage que ses amis socialistes ne l’aient pas entendue lorsqu’ils étaient au Conseil général et à la Région. Une seule chose est sûre, elle refera encore quelques plateaux pour nous faire sourire ou pleurer.
Marseille ne fait pas recette
La comédie de Kad Merad et Patrick Bosso, malgré une promotion très active – une Une du Point dans les Bouches-du-Rhône – ne sera pas, en termes d’entrées, un grand succès. Honorable mais peut mieux faire, lira-t-on dans quelques semaines à propos de « Marseille ». Le film fourmille de bonnes intentions et certaines de ses images font une belle publicité à la ville. Mais est-ce le scénario cousu d’un gros fil blanc, l’évocation nostalgique et complaisante de certains milieux sociaux (les chantiers navals), ou une peinture tout miel du milieu des cités, tout cela ne fait pas monter la mayonnaise. Comme si Marseille, la rebelle, refusait de se laisser prendre dans les filets des bons sentiments. Kad a choisi d’habiter à Malmousque, d’où l’on regarde la mer en tournant le dos à la ville. On ne saurait lui reprocher, mais Bosso qui a des liens de parenté avec Gaétan Zampa, aurait dû lui expliquer qu’il y a quelque chose de rugueux dans cette ville, y compris dans l’humour.
Notre Dame de la garde suisse
Margarita Louis-Dreyfus est une femme d’affaires et l’OM, en ces temps de doute, n’en est pas une bonne. Les supporters ont beau venir menacer les joueurs au sortir des entraînements à la Commanderie, elle règle ses comptes à Zürich, près des banques et loin de ses abonnés en bleu et blanc. Pape Diouf confiait, quand il était à la présidence du club, que Robert Louis-Dreyfus était un passionné et que Marseille faisait partie de son brin de folie. Sa veuve, russe d’origine, est du genre glacé et elle n’a pas l’intention de mélanger la vodka au pastis. Bref la blonde qui a renvoyé au passage Labrune dans ses filets, est la patronne et elle restera sourde au « peuple de Marseille », à la légende de la coupe d’Europe, ou aux stars qui ont fait l’OM. Comme Josip Skoblar qui vient d’être fait chevalier dans l’Ordre du mérite par le maire. Depuis l’affaire des paradis fiscaux et notamment du Panama on sait que l’argent n’a pas d’odeur et qu’il est donc difficile de le suivre à la trace. C’est pourquoi Mme Louis-Dreyfus va droit au but. Elle investit, mais elle veut retrouver la trace du magot qu’elle a mis à l’OM. Tout le reste…
Ainsi font font font
Il y avait quelque chose des années cinquante au vallon des Auffes avant la rénovation de la pizzéria Jeannot. Changement de propriétaire puisque Lionel (Jeannot) a cédé son affaire à Alexandre (Fonfon) son cousin. Restant dans la famille, le lieu a su garder son âme dans cet espace magique de Marseille. Un bon point la qualité de la table demeure et l’addition est quasiment stable. En revanche le personnel attentionné est plus nombreux et c’est heureux lorsque l’on est confronté à un rez-de-chaussée bondé et un premier étage terrasse qui l’est autant. Et pour assurer le succès l’établissement a fait appel à la pâtisserie Marrou pour les desserts. Voilà sans doute un des endroits où les couchers de soleil vous mettent en appétit, et où la brise marine vous caresse affectueusement pour la digestion, lorsqu’un rosé bien glacé s’est imposé avec une Calzone. Quand le plaisir demeure, il faut le signaler.
Le bel esprit de Julien
Julien Baudon était un enfant de Vauban. Il a disparu à l’âge de 25 ans. Il faisait partie des South Winners supporters historiques de l’OM. Un petit stade au pied de Notre Dame, où l’on joue au foot et au basket, porte son nom et des graffitis lui rendent hommage ou prolongent son état d’esprit. On peut y voir ainsi un drapeau dédié aux attentats du 13 novembre 2015 et, comme pour perpétuer cet élan, le mot « amour » pour saluer 2016. Des centaines de touristes passent en car tous les jours devant ces messages colorés. Les vraies couleurs de Marseille.