Le sommet sur l’intelligence artificielle s’est clôturé mardi 11 février à Paris. Parmi les multiples start-ups et autres entreprises présentes, la marseillaise Sesterce s’est distinguée : la société fondée par Youssef El Manssouri et Anthony Tchakérian a annoncé lundi 10 février à Paris prévoir un grand plan d’investissement à la hauteur astronomique de 52 milliards d’euros pour « transformer la technologie européenne économique. » L’annonce a été reprise par la presse spécialisée et par la Région Sud, qui se place pour accueillir « des projets stratégiques ».
Le montant interroge alors que la veille Emmanuel Macron avait déjà annoncé quelque 109 milliards d’investissements avec notamment les engagements des Emirats arabes unis (entre 30 et 50 milliards) et les 20 milliards du fonds d’investissement canadien Brookfield. La start-up marseillaise serait-elle donc à elle seule capable de mobiliser plus que les grands acteurs internationaux ?
Créée en 2018, l’entreprise est localisée précisément avenue de Hambourg à Marseille (8e) mais déploie son activité dans plusieurs pays. Selon Les Echos, elle a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros et compte à ce jour une soixantaine de salariés.
Elle s’est spécialisée dans les supercalculateurs, les solutions mécaniques qui permettent à l’intelligence artificielle de fonctionner et de s’entraîner de façon efficiente. Sesterce a déjà déployé des supercalculateurs à Paris ainsi qu’à Marseille, où l’entreprise travaille notamment avec Digital Realty. Avec un mantra : « Le futur de l’IA, ce ne sont pas les algorithmes mais les infrastructures » écrit sur son compte Linkedin le PDG Youssef El Manssouri.
Sesterce prévoit un plan d’investissement dans l’IA à 52 milliards d’euros
Contacté par Gomet’, Youssef El Manssouri précise son plan et son calendrier : « Il se déclinera sur trois axes : une première phase à Valence (Drôme), qui est actuellement en cours ; une deuxième dans le sud-est de la France à Gardanne ; et une troisième dans le Grand-Est », détaille-t-il ainsi. A noter que, pour ce plan d’investissement de 52 milliards d’euros, Sesterce ne sera pas seule à investir et prévoit d’être accompagnée, mais son PDG ne souhaite pas communiquer sur les co-investisseurs potentiels.
Concrètement, l’objectif de Sesterce est de déployer dans les zones pré-citées des « compute centers », qui diffèrent des data centers dans la mesure où ils ne permettent pas seulement de stocker la donnée, mais aussi de l’exploiter. Le projet localisé à Gardanne (le site de la centrale de Gardanne Meyreuil pourrait être le lieu d’atterrissage) détiendra une capacité de 250 mégawatts et se chiffre aux alentours de 450 millions d’euros à lui seul, de même que le “compute center” de Valence.
Sesterce à Gardanne : un emplacement stratégique
L’emplacement de Gardanne est stratégique pour Sesterce : « On est à proximité des arrivées Internet à Marseille (en référence aux câbles sous-marins atterrés à Marseille, ndlr). Cela nous permet également d’être bien positionnés à proximité de l’Université, pour avoir accès à une diversité de profils », ajoute Youssef El Manssouri. Deux sites sont également prévus dans le Grand Est : un à l’horizon 2028 d’une puissance de 650 mégawatts, et un autre d’1,2 gigawatt. Au total, Sesterce prévoit le déploiement d’1,2 million de GPU (processeurs graphiques permettant le fonctionnement de l’IA) d’ici 2030.
S’il ne dévoile pas encore le nom de tous ses partenaires, Youssef El Manssouri précise qu’il « travaille historiquement avec Mistral AI, et des sociétés américaines du cloud » à commencer par Nvidia.
A l’occasion de la 32e édition du Prix de l’Entrepreneur de l’Année, organisée par EY en septembre 2024, Sesterce avait été lauréate du prix de la start-up de l’année pour la région Sud-Est.
En savoir plus :
> Le site de Sesterce
> Sommet sur l’IA : la région Sud se place