« Icade licencie, Merci Bercy. » Sous les fenêtres des bureaux d’ANF, rue de la République, la vingtaine de salariés affichent leur colère face au comportement de la caisse des dépôts qui vient de racheter leur entreprise. Ils sont entrés dans un bras de fer avec Icade qui semble décider à se passer de leurs services à minimum de frais. Un plan de sauvegarde de l’emploi est désormais engagé et les négociations entre direction et syndicats ont débuté dans un climat tendu depuis le début du mois de juillet. « Au départ, on nous a assuré que nous conserverions nos emplois et aujourd’hui, on veut nous faire partir une main devant, une main derrière. C’est inacceptable ! », s’insurge Cyrille Beignon, responsable commercialisation chez ANF.
Un licenciement déguisé en proposition de mobilité
Le rapprochement entre les deux structures est connu depuis maintenant un an (lien). En octobre 2017, la rumeur d’une fusion commence à bruisser dans les couloirs et les équipes commencent à s’inquiéter de leur avenir. « A l’automne 2017, on nous a rassuré en affirmant qu’il n’y aurait aucun problème pour intégrer les équipes », raconte Olivier Ballester, délégué du personnel d’ANF. Dans un compte-rendu du comité d’entreprise d’ANF datant d’août 2017, Icade indique « pour le site de Marseille qu’il préférerait à terme regrouper l’ensemble des effectifs (environ 20 salariés Icade Promotion) sur le patrimoine restant d’ANF. Icade précise qu’ils ont acheté d’autres immeubles sur Marseille. Monsieur Wigniolle (directeur général d’Icade) indique également qu’il est plus facile de délocaliser (en dehors de Paris s’entend) des personnes attachées à la fonction support (comptabilité à distance par exemple) ». Pourtant, début 2018, le discours change et les postes proposés pour la vingtaine de salariés marseillais sont tous à Paris. « Ils savaient très bien qu’on refuserait. On leur avait indiqué lors de nos entretiens. Cette proposition de mobilité est totalement irréaliste », affirme Olivier Ballester. De plus, les salariés signant un nouveau contrat avec Icade, ils perdent leurs anciens avantages, leurs primes et se retrouvent à des niveaux hiérarchiques inférieurs. « On restait au même niveau de revenus fixes avec moins de primes. Vu le niveau de la vie à Paris, on perdait énormément en pouvoir d’achat », explique le délégué du personnel.
Face au refus des salariés de quitter Marseille pour la capitale, Icade engage une procédure de licenciement économique arguant que Icade SA qui intègre ANF n’a pas d’autres postes à proposer : « Icade SA qui est la maison-mère n’emploie que la direction du groupe mais on aurait très bien pu être intégrer dans la promotion ou chez le GIE management », assure Olivier Ballester. Désormais, les ex-salariés d’ANF ne semblent pu se faire trop d’illusions quant à leur avenir au sein du groupe Icade. Ils souhaitent aujourd’hui négocier au mieux leur départ mais regrettent que Icade, filiale de la Caisse des dépôts à 39 %, « ne tient ses promesses et licencient des personnes compétentes de plus de dix ans d’ancienneté alors qu’ils ont largement les moyens de les intégrer », avance Cyrille Beignon. Le 23 juillet, le groupe a présenté des résultats semestriels très positifs avec un résultat net foncières à 155,9 millions d’euros en hausse de 6,9 % et un cash-flow à 167,4 millions d’euros en progression de 6,6 %. Icade emploie actuellement 1 500 salariés.