[Aujourd’hui la suite de notre dossier consacré aux start-up incubées à l’IHU Méditerranée Infection dirigé par le professeur Didier Raoult.]
Au plus fort de l’épidémie de Coronavirus, Medihandtrace basée à l’IHU (Institut hospitalo universitaire) Méditerranée Infection étudie un sujet majeur pour les hôpitaux : l’utilisation du gel hydroalcoolique dans les hôpitaux. La société a développé un dispositif électronique installé sur les distributeurs de gel qui permet d’analyser l’utilisation de ces derniers par le personnel soignant.
« Nous l’avons installé à l’IHU depuis plusieurs années et cela leur permet de surveiller les bonnes pratiques d’hygiène avec des données précises. On a d’ailleurs relevé une très forte augmentation de l’utilisation du gel depuis le début de la crise », explique Francine Lanceleur, la directrice générale de Medihandtrace. Forte de son expérience à l’IHU, elle a réussi à vendre sa solution à une vingtaine d’établissements en France et à l’étranger. L’an dernier, elle a attiré l’attention du groupe néerlandais Christeyns, leader européen des solutions d’hygiène, qui est entré à son capital aux côtés de l’IHU.
« C’est le professeur Raoult, lui-même, qui vient directement assister aux réunions stratégiques pour donner son avis au nom de l’IHU »
Eric Chabrière
En contrepartie de tous ces avantages (lire le premier volet de notre dossier publié hier), les start-up ont toutes cédé 5% de leur capital à l’IHU. Une participation mineure mais qui implique réellement l’établissement dans la vie des sociétés. « C’est le professeur Raoult, lui-même, qui vient directement assister aux réunions stratégiques pour donner son avis au nom de l’IHU », raconte Eric Chabrière. L’établissement profite pleinement lui-aussi de l’activité de ses start-up.
Certaines sociétés comme Gene&GreenTK publient aussi des articles scientifiques en collaboration avec l’IHU et l’hôpital, ce qui augmente le financement du ministère de la santé qui rémunère les établissements de soin en fonction des publications. « En plus, ils apportent un appui technique sur des travaux de recherche. Je peux vous dire que l’investissement de départ de l’IHU est largement remboursé », assure Eric Chabrière.
Les outils développés par les start-up font partie du quotidien de l’IHU. « On utilise la solution de Medihandtrace tous les jours pour se protéger des maladies nosocomiales », affirme le chercheur. Une autre start-up Procramé a créé une boite pour ranger les blouses, les masques et les gants dans un environnement stérile. « Tous nos services sont équipés », poursuit-il. Un partenariat gagnant-gagnant en somme.
Créer à l’IHU une biobanque de la collection de microbes et de bactéries
Et l’IHU compte bien donner naissance à d’autres sociétés. Dernière en date, Techno-jouvence a été créée en novembre dernier. Elle utilise les propriétés régénératrices du ver planaire pour développer des cosmétiques. Et l’Institut hospitalo universitaire réfléchit à monter une nouvelle société pour créer une biobanque de sa collection de microbes et de bactéries. Une mine d’or qu’il pourrait valoriser en offrant l’accès à d’autres organismes de recherche, publics et privés.
Cela permet à nos chercheurs d’être en lien direct avec les besoins réels de la société
Eric Chabrière
La valorisation de la recherche rapporte un peu plus de 500 000 euros par an à l’IHU « mais surtout, cela permet à nos chercheurs d’être en lien direct avec les besoins réels de la société », insiste Eric Chabrière. Il estime que sa casquette d’entrepreneur lui permet d’être plus efficace même comme soignant. « Cela m’apporte un réseau bien plus large que le seul monde académique. Nous avons une vision plus proche des chefs d’entreprises avec un seul objectif : faire avancer la recherche au service du citoyen. Grâce à cette approche et au réseau, l’IHU a pu aller vite sur la mise en place du dépistage massif du coronavirus et tester 2,5 % des Marseillais », se félicite-t-il.
Lire le premier volet de notre dossier :
A l’IHU Méditerranée Infection de Didier Raoult, les start-up sont aussi les bienvenues (1/2)
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