Depuis deux semaines, l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de la Timone à Marseille fait la une des journaux. Son directeur, le Pr Didier Raoult, soutenu par de nombreuses personnalités politiques régionales, affirme pouvoir traiter les malades du coronavirus avec un traitement à base d’hydroxychloroquine, un anti-paludéen bien connu dans le monde mais encore controversé en France.
Il critique la stratégie du confinement et prône une généralisation des tests. Malgré cette attitude à contre-courant du discours officiel, le Pr Raoult reste l’un des conseillers privilégiés de l’Etat dans cette lutte contre le covid-19 et peu de ses confrères osent mettre en doute ses talents. Il reste l’un des plus grands experts mondiaux sur les maladies infectieuses et a fondé en 2011 l’IHU, l’un des plus gros centres de recherche médicale du pays.
En finançant la création de l’@IHU_Marseille à hauteur de 16M€, @maregionsud a souhaité anticiper la survenance de telles crises sanitaires d’ampleur internationale. Aujourd’hui, je me tiens aux côtés de ces professionnels et leur renouvelle mon entière confiance. pic.twitter.com/1ks4wHVzJO
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) March 2, 2020
Le plus gros bénéficiaire du plan investissements d’avenir en 2011
Preuve de la confiance de l’Etat dans la qualité de ses travaux, l’IHU Méditerranée Infection a reçu l’une des plus importantes subventions jamais accordées par l’Etat dans le cadre du programme investissements d’avenir (PIA). En 2011, il reçoit un financement de 72,3 millions d’euros pour son projet de centre de soins et de recherche à Marseille. Il faudra attendre finalement 2016 pour voir le bâtiment sortir de terre, sur un emplacement de choix entre l’hôpital de la Timone et la faculté de médecine.
L’IHU Méditerranée Infection a pour membres fondateurs Aix-Marseille Université, l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM), BioMérieux, l’établissement français du sang, l’institut de recherche pour le développement (IRD) et le service de santé des armées. Aujourd’hui, il emploie 800 personnes dont 250 soignants et 300 enseignants-chercheurs dont la production scientifique est l’une des plus importantes en Europe. Parmi les 9 chercheurs marseillais dont les travaux sont les plus cités, six sont à l’IHU dont le professeur Raoult. Ce dernier est lui-même l’auteur de près de 3 000 publications et a reçu le grand prix Inserm en 2010 pour ses travaux sur la découverte des virus géants.
L’IHU chasseur de virus
Sur son site, l’IHU Méditerranée se décrit lui-même comme un établissement hors-normes : « Aucune institution n’a jamais pesé aussi lourd dans la découverte de microbes (bactéries, virus géants, champignons et Archae). Plus de 40% des microbes associés à l’homme ont été décrit ici et leur génome séquencé. Ces microbes nouveaux ont été associés à des maladies humaines (infection, obésité, malnutrition…) et certains pourrait jouer un rôle dans l’évolution et le traitement des cancers ». L’IHU a isolé plus de 300 virus et identifié 14 espèces de virus à partir des arthropodes et dispose de la plus grande collection d’arbovirus du monde avec la présence de 466 souches. Parmi ses hauts faits, la découverte d’un nouveau virus géant, le Tupanvirus, qui a fait l’objet d’une publication dans Nature communications en 2018. La culture de 247 bactéries entièrement nouvelles provenant du tube digestif humain ou encore la résolution du mystère de la mort du Caravage tué par un staphylocoque doré.
Du soin et des start-up à l’IHU
En plus de la recherche, l’IHU Méditerranée porte également une mission de soin. Il dispose de 75 lits répartis en trois unités distinctes à chaque étage. Il affiche complet à plus de 90% tout au long de l’année accueillant des malades du monde entier. L’établissement a d’ailleurs accueilli les premiers patients infectés par le coronavirus et continue aujourd’hui de les traiter. « Nous avons actuellement 75 patients hospitalisés et 600 personnes à tester par jour », détaille Didier Raoult dans sa dernière vidéo du mardi 24 mars. Le bâtiment accueille le plus grand laboratoire de diagnostic de maladies infectieuses de France. Il reçoit plus de 1,5 millions de prélèvements par an et réalise plus de 125 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 67 % sont réalisés pour le CHU, 23 % pour des patients externes et 10 % pour des patients externes.
L’IHU joue également le rôle d’incubateur pour des start-up issues des découvertes de ses équipes. Il a consacré 1 000 mètres carrés pour les bureaux de ces pépites qui peuvent utiliser à volonté le matériel de pointe de l’institut. En contrepartie, les entreprises doivent céder 5 % de leur capital à l’IHU. Huit start-up sont nées au sein de l’IHU et ont créé une quinzaine d’emplois. Elles travaillent sur des sujets comme le développement d’anti-infectieux (Biosqual, Arthrobac-pharma), la traçabilité de l’hygiène (Medihandtrace) ou le développement de nouveaux outils diagnostic (Procramé, Xegen, Culture Top).
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