Nicolas Ponson, co-fondateur du promoteur immobilier Redman (Aix) détaille les raisons et le montage de l’opération de levée de fonds (voir notre précédent article), réalisée avec Omnes Capital, pour un montant total de 31 millions d’euros.
Pourquoi avoir décidé de lever des fonds et d’ouvrir votre capital ?
Nicolas Ponson : Il y a 15 ans, avec mon associé Matthias Navarro, nous avons créé la société avec 100 000 euros. Et on se retrouve rapidement à travailler sur des opérations complexes comme Station F, thecamp… On réinvestit tous les bénéfices dans l’entreprise. Et il y a six ans, nous prenons le virage de l’engagement social et environnemental. Nous avons ouvert le capital en 2020 aux salariés. Mais cet engagement est parfois dur à porter au jour le jour. Néanmoins, nous apercevons que c’est le bon choix : on fait 300 millions de prises de commande sur les deux dernières années. A la fin de 2022, nous retrouvons avec 20 millions de capitaux propres. Ce qui est déjà très bien en étant parti de 100 000 euros. Mais ce n’était pas du tout suffisant pour réaliser les 300 millions de prises de commande. Donc il a fallu ouvrir le capital.
Pourquoi Redman a choisi Omnes ?
N. P. : Nous voulions quelqu’un qui soit fidèle à nos valeurs. C’est le cas avec Omnes. Et en plus, ils nous poussent à progresser. Quand on regarde 2022, au moins sur le second semestre, la levée de fonds de Redman est la seule opération dans le capital d’un promoteur en France. Car il y a des risques dans l’activité immobilière aujourd’hui : les coûts non maîtrisés en raison des hausse des tarifs de l’énergie notamment, la hausse des taux…
Comment donc être avez-vous pu passer « entre les gouttes » ?
N.P. Il est possible que les années 2023-2024 soient très compliquées. Sur le secteur de l’immobilier, ça va tanguer. Les investisseurs d’Omnes, à travers le fonds CEP2, fonds dédié à la ville durable, ont choisi d’investir dans Redman qu’ils considèrent comme l’un des promoteurs les mieux armés pour affronter la période. On ajoute donc 31 millions à nos fonds propres. On va pouvoir au total investir 50 millions pour déployer notre métier. Imaginez le point d’inflexion et l’accélération que cela va nous donner. Ca nous permet d’ajouter 500 millions d’activités de promotion en plus des 150 millions d’activités récurrentes comme la foncière solidaire et l’hôtellerie dans les trois ans qui viennent. Nous réalisions 35 millions de chiffre d’affaire en 2021, puis 85 millions en 2022. Nous devrions atteindrons les 125 millions en 2023. Et on va donc aller chercher les 200 millions en 2025. 80% de ces montants sont réalisés dans l’activité de promotion immobilière, le reste concerne la foncière solidaire et l’hôtellerie.
L’autre partie de la dette est constituée par des obligations relance contractées auprès de Tertium
Nicolas Ponson
La levée de fonds de 31 millions d’euros de Redman réalisée avec Omnes se répartit entre dette et capital, pouvez-nous nous donner plus de détails ?
N. P. : 11 millions concernent de la dette. Celle-ci est segmentée entre de la dette corporate (6,3 millions) accordées par la Caisse d’épargne Haut de France, la Caisse d’épargne Cepac basée à Marseille. L’autre partie de la dette est constituée par des obligations relance (4,7 millions), le dispositif lancé par le gouvernement intégré dans France relance, que nous avons contracté par l’intermédiaire de Tertium. Le reste est donc en actions, en position minoritaire dans notre capital et dans un fonds dédié à l’achat d’achat d’actifs sans conditions suspensives. Cela nous permet d’être plus rapide sur des opportunités de rachat car nous ne mettons pas de clauses suspensives, ce qui permet de boucler plus rapidement l’acquisition. C’est stratégique quand on sait que notre activité est à 60% orientée vers de la restructuration de bâtiment déjà existants.
Vous rayonnez désormais partout en France avec de nombreuses implantations et même en Afrique à Dakar. Est- ce que la région provençale et pus largement le Sud restent une zone attractive pour votre activité ?
N. P. : C’est un territoire très attractif que ce soit Montpellier, Aix, Nice, Avignon aussi. Nous avons d’ailleurs de nombreuses opérations en cours ou à venir. On va par exemple attaquer la 4e phase du siège de Voyage privé sur la constance avec un bâtiment de 7000 m2. On va lancer une opération de 3500 m2 de bureaux à Avignon, des opérations de logements à La Ciotat et Salon, un projet d’école de 8000 m2 sur Euroméditerranée. Pour nous la principale difficulté ce sont les infrastructures, les transports et le retard que l’on prend. Quand on regarde un territoire comme Aix, Marseille, Aubagne, c’est catastrophique en terme d’impact carbone. On est obligé de prendre la voiture tout le temps. Les transports en commun, les infrastructures cyclables ne sont pas du tout au niveau. La vie ici qui pousse à prendre la voiture. On organise les villes et les interactions entre les villes et les lieux de vie par de la voiture…
Liens utiles :
> Le site d’Omnes Capital
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