En ce début dʼannée 2018, le président dʼAix-Marseille Université (Amu), Yvon Berland, a présenté ses vœux aux personnels et à lʼensemble des acteurs du territoire. Lʼoccasion de dresser un bon bilan de 2017 et dʼaborder les grands chantiers à venir.
Pour le président Berland, 2017 « a été d’abord le souci d’inscrire Aix-Marseille Université dans la modernité pour en faire une référence au niveau national dans son fonctionnement et préparer l’université que nous voulons pour demain ». Pour illustrer les grandes avancées de son établissement, il a mentionné lʼaboutissement de plusieurs schémas directeurs engagés depuis 2015 (handicap, numérique, ressources humaines…), la mise en œuvre dʼAmidex avec une dotation de 26 millions par an « pour lʼéternité », les succès aux appels à projets nationaux (Epinov, Pioneer, Neuroamu, Aix-Marseille school of economics)…
Le travail de ses équipes a dʼailleurs été salué par le haut conseil de lʼévaluation de la recherche et de lʼenseignement supérieur (HCERES) dans un récent rapport : « Au terme d’une fusion réussie, dont on soulignera d’autant plus le mérite qu’il faut en reconnaître la difficulté, Amu compte désormais parmi les meilleures universités françaises dans les classements internationaux. Amu a su tirer parti des programmes particuliers de la dernière décennie en matière d’enseignement supérieur et de recherche (opération campus et programmes d’investissement d’avenir) et bénéficie aujourd’hui d’une image dynamique », écrit le HCERES dans ses observations. Mais le travail est loin dʼêtre terminé pour lʼuniversité qui sʼattaque dès à présent à une année 2018 très chargée.
Le patrimoine immobilier, une ressource à exploiter
« Une échéance importante attend Amu en 2018, celle d’accéder à la dévolution du patrimoine », a rappelé Yvon Berland. Si le conseil dʼadministration de lʼuniversité a donné son accord de principe en mars dernier, elle doit poursuivre ses travaux avec l’État afin dʼobtenir la propriété de son patrimoine cette année. Elle a mandaté un cabinet pour réaliser une étude sur les pistes de valorisation de ce patrimoine attendue pour le mois de juillet. Lʼuniversité souhaite pouvoir tirer de nouvelles ressources de ses quelques 2 millions de m² dont 820 000 m² de bâtis et quelques 130 bâtiments. Plusieurs pistes sont abordées par le président comme lʼaccueil d’événements ou la location temporaire à des acteurs privés.
Lʼuniversité pourrait également ouvrir ses portes aux entreprises et aux acteurs de lʼinnovation qui pourraient sʼinstaller sur les campus « à condition que les projets soient en accord et complémentaires avec nos missions », précise Yvon Berland. Sur la possible vente de biens, le président affirme quʼil nʼy aura quasiment pas de cessions, si ce nʼest un petit bâtiment inutilisé sur la Canebière.
Amu compte poursuivre ses investissements pour améliorer la qualité de ses équipements. A Luminy, le bâtiment « TPR1 » accueillera à la rentrée un prochaine un fab lab ultra-moderne. A Saint-Charles, le bâtiment 5 fera l’objet de travaux de réhabilitation grâce à une mobilisation exceptionnelle du fonds de roulement de l’université à hauteur de 8,6 millions d’euros. L’opération Campus Aix-Quartier des facultés s’achèvera à la fin de l’année, avec la construction du « cube », conçu comme un espace de service et de vie étudiante. Sont également prévus, le début de la rénovation des amphithéâtres de la faculté de droit et science politique et la réhabilitation du bâtiment de lʼIAE à Puyricard.
Intensifier lʼecho mondial de la recherche
Lʼannée 2018 sera aussi celle de lʼinnovation pour lʼuniversité avec une recherche de pointe de plus en plus structurée. Lʼan dernier, elle a remporté des succès importants avec deux RHU retenus par les investissements dʼavenir et sʼapprête à réitérer lʼexploit avec le quatrième volet de lʼappel dʼoffres prévu pour cet été. Amu compte notamment sur un programme de recherche autour de lʼimagerie médicale portée avec lʼAP-HM pour remporter un nouveau succès. Pour soutenir le travail des équipes, lʼuniversité souhaite mettre en place de grands instituts : « Ils doivent permettre d’affirmer le lien recherche-formation, notamment dans des domaines pour lesquels Amu joue un rôle de premier plan mondial ou aspire à l’exercer en associant recherche d’excellence et graduates schools. Je souhaite que ces instituts soient en place à l’été 2018 », a affirmé Yvon Berland. Le troisième axe est de poursuivre le développement scientifique à l’international avec des établissement-cibles identifiés au travers d’unités mixtes internationales, de laboratoires associés, d’instituts français de recherche à lʼétranger, de réseaux scientifiques thématiques. Amu a dʼailleurs concrétisé lors du voyage avec Emmanuel Macron en Chine la création dʼun institut en partenariat avec lʼuniversité de Wuhan. « Le Président mʼa dit sa volonté de multiplier ces partenariats de recherche avec un certain nombre de pays dont la Chine. Il a dʼailleurs affirmé quʼil y retournerait au moins une fois par an pour faciliter ces initiatives », annonce Yvon Berland.
Outre la Chine, le président de la République souhaite la création dʼuniversités européennes et là encore, Amu est particulièrement en avance car elle a créé depuis un an et demie le campus transational Nord-Méditerranéen avec les universités de Madrid, Barcelone et Sapienza à Rome. Le ministère de lʼEnseignement supérieur serait en train de plancher sur un appel dʼoffres dans le cadre des programmes investissements dʼavenir pour financer les projets dʼuniversités européennes.
La mobilité internationale des étudiants est également un sujet majeur pour Yvon Berland qui regrette « le déficit de mobilité des étudiants français comparé à dʼautres pays comme lʼAllemagne. En médecine notamment, le système français de lʼinternat empêche tout échange ». Le parcours de formation des étudiants sera certainement le dernier gros chantier auquel il devra sʼatteler. A la rentrée 2018, lʼuniversité mettre en place son nouveau catalogue de formation pour les cinq ans à venir et devra sʼadapter aux réformes engagés par le gouvernement.
Aix-Marseille Université prépare son plan étudiants pour la rentrée
Avec la mise en place du nouveau système dʼadmission des bacheliers, « Parcoursup », lʼuniversité dʼAix-Marseille va devoir redoubler dʼeffort cette année pour éviter le couac de la saturation de certaines filières comme Staps, psychologie ou droit. « La préoccupation première en ce début d’année est de préparer notre université à accueillir plus quand elle le peut et surtout mieux », a déclaré le président dʼAix-Marseille Université lors de ses vœux pour la nouvelle année. Il rejette en bloc lʼidée dʼune sélection à lʼentrée et préfère miser sur une meilleure orientation des lycéens. Il veut tester de nouvelles solutions pour aider, dès la seconde, les élèves à mieux choisir leur parcours dans le supérieur en fonction de leurs compétences. Lʼuniversité dʼAix-Marseille prévoit notamment dʼenvoyer des étudiants expérimentés dans les lycées pour parler de leurs filières et accompagner les lycéens dans leur orientation. « Aujourd’hui, ce sont 40% des étudiants inscrits en première année de licence qui soit ne se présentent pas aux examens, soit ne passent pas toutes les épreuves. Cela signifie que bon nombre de lycéens sont mal orientés, et insuffisamment informés des acquis nécessaires pour réussir leur parcours de formation dans l’enseignement supérieur. », insiste-t-il. Ainsi, le président veut pouvoir aménager le parcours de la licence en donnant la possibilité de lʼétaler sur quatre ans ou dʼajouter une année propédeutique afin de fournir tous les prérequis aux étudiants. « Mais ne nous leurrons pas : accueillir plus et accueillir mieux nécessitent un accompagnement financier des universités qui ont vu ces dernières années, une augmentation très importante de leur nombre d’étudiants. Et accueillir mieux, c’est un investissement des enseignants et enseignants chercheurs, qui devront dégager beaucoup de temps, un temps qui devra être valorisé. Sans cela, ce plan étudiant sera un échec comme l’a été il y a quelques années, malgré toutes les bonnes intentions, le plan licences », lance-t-il à destination du gouvernement.