C’est à Marseille que se tenait fin septembre le premier Forum de l’industrie de demain en Paca, organisé par EDF et ses partenaires, sur le thème des énergies bas carbone. L’occasion de (re)découvrir les atouts industriels de la région, bien souvent sous-estimés et pourtant moteurs de l’économie locale.
Le saviez-vous ? Le poids « réel » de l’industrie en Paca, compte tenu de ses activités induites, est estimé à près du quart de la valeur ajoutée créée, selon une étude du Medef Paca. Avec le tourisme, l’industrie serait donc le deuxième moteur de l’économie régionale, secteur « entraînant », c’est-à-dire capable de tirer la croissance en exportant la valeur ajoutée hors de Paca.
A l’échelle nationale, si la part de l’industrie dans le Produit Intérieur Brut n’a cessé de décliner pour se situer derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou l’Italie, « c’est aujourd’hui une véritable résurrection que l’on essaie de mettre en place. Il est indispensable de recréer un appareil industriel dans le pays », a déclaré le préfet de région Stéphane Bouillon. D’où les initiatives gouvernementales telles que les plans pour une nouvelle France industrielle, le programme des investissements d’avenir, la création des pôles de compétitivité ou encore le soutien au numérique.
De belles et discrètes pépites industrielles nées en Provence
Et la région marseillaise dispose d’atouts souvent ignorés, avec, entre autres, son pôle pétro-chimique autour de l’Etang de Berre, des fleurons comme Airbus Hélicopters ou Iter, le technopôle de l’Arbois, ou encore ses filières d’énergie renouvelables…
En témoignent les dirigeants de quelques grandes entreprises locales, interviewés pour l’occasion : André Einaudi, PDG d’Ortec (Aix-en-Provence, 10 000 salariés) ; Denis Gasquet, président du directoire d’Onet (Marseille, 58 000 salariés) ; Jean-Pierre Dréau, président de SNEF (Marseille, 9 000 collaborateurs); et Philippe Lazare, directeur général de la division Systèmes industriels de CNIM (La Seyne sur Mer, 3 000 collaborateurs). Ce qu’ils réclament pour leurs entreprises : un meilleur accompagnement des ETI (entreprises de taille intermédiaire), des infrastructures et des salariés formés, disponibles localement.
Transports et formation, priorités des élus pour soutenir les industriels
«L’emploi est une priorité du département, nous devons notamment développer des formations en adéquation avec les demandes du monde économique pour faire reculer le chômage. Le ‘Marseille bashing’ nous a fait beaucoup de tort, mais nous avons ici des réussites formidables. Le monde industriel doit faire aussi sa propre publicité, et nous sommes là pour l’aider. Il y a les hightech, mais aussi de nombreuses autres entreprises qui peuvent se développer sur notre territoire. […] Nous devons avoir une ambition internationale pour résoudre nos problèmes locaux », a assuré Martine Vassal, présidente du conseil départemental.
Pour sa part, la conseillère métropolitaine déléguée à l’industrie et aux énergies, Béatrice Aliphat, a assuré que l’une des priorités des élus est d’améliorer la qualité des transports : «C’est un des rares sujets qui a mis tout le monde d’accord. Nous avons de gros efforts à faire en termes d’aménagement du territoire pour que notre région soit attractive ».
Pas de complexes vis-à-vis de l’Allemagne
Mais concrètement comment faire pour promouvoir l’industrie française, tombée à moins de 15% de l’emploi et de la création de richesse nationale ? « On va redresser l’industrie française par l’innovation, la formation et la montée en gamme », a assuré Alexandre Saubot, président de l’UIMM. « Il y a en France un extraordinaire attachement à l’industrie. […] Mais ces métiers attirent peu les jeunes; pourtant les conditions de travail n’ont plus rien à voir avec Zola. La métallurgie va créer plus de 100 000 emplois par an jusqu’en 2020. Soyez fiers de ce qui existe ! L’industrie française, ce sont de belles pépites qui malgré les contraintes ont réussi à se développer. Nous n’avons pas de complexe à avoir vis-à-vis de l’Allemagne », poursuit-il, jugeant les entreprises françaises plus souples et réactives que leurs consoeurs outre-Rhin.
L’énergie, une mine d’emplois en Paca
« A Marseille, 1 700 ingénieurs travaillent sur le nucléaire. Qui le sait ? », renchérit Jean-Luc Monteil, président du Medef Paca. EDF et ses filiales emploient 7 000 salariés en Paca: “Priorité aux clients avec les territoires”, a assuré le PDG du groupe Jean-Bernard Lévy. A Cadarache, où est construit le plus grand tokamak du monde, le premier plasma nucléaire sera prêt fin 2025. Un vaste projet porteur d’emplois pour l’économie locale : « Nous allons entrer dans la phase d’assemblage et de construction. Le tissu local industriel va être sollicité, avec plus de 100 millions d’euros d’appels d’offres pour le câblage et l’assemblage des composants », prévient Bernard Bigot, directeur du projet. « Il faut restaurer les métiers industriels dans l’esprit du public et des jeunes. Ce sont les plus beaux métiers, ceux qui vont bâtir les cathédrales de demain » !
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