« En 2040, l’exploitation d’énergie fossile sera terminée sur le sol français », a souligné Nicolas Hulot, dans le cadre de son « plan climat». Quatre usines de charbon sont dans le collimateur du ministère de la Transition Ecologique. Parmi elles : celle de Gardanne/Meyreuil, dans le pays d’Aix.
Après l’annonce de la fermeture de l’usine thermique de Provence le député François-Michel Lambert est en colère. Et il le le dit haut et fort. Pas à l’encontre de son ministre Nicolas Hulot, mais d’un territoire et de ses élus qu’il estime d’un autre temps. Joint par téléphone, pour lui, « s’il y a un territoire où rien ne bouge c’est le nôtre », clame-t-il, très remonté. « ça fait cinq ans, avant même d’être député que j’alerte sur l’avenir de cette centrale pour dire que nous sommes sur la mauvaise trajectoire. Que ça ne tiendra pas, ni en plan d’approvisionnement, ni en rendement énergétique, ni en besoins électriques qui n’existent pas… Un projet de biomasse de ce type c’est une tromperie extraordinaire. »
Un contre-sens écologique que beaucoup avaient dénoncé au moment du changement de régime alimentaire pour le dinosaure électrique de Gardanne. « On va brûler l’équivalent d’un train par jour dans un monde qui doit répondre à de plus grandes exigences environnementales ». Pierre-Marie Abadie, directeur de l’énergie (2008 à 2014) au ministère du Développement durable lui-même estimait que ce projet de la plus grande installation de biomasse de France était une aberration : « Brûler du bois pour faire de l’électricité qu’on va mettre dans un chauffage est un désastre en termes d’utilisation de la ressource », avait-il expliqué devant le Sénat. « Nous sommes hostiles à tout usage 100% électrique. Quand on fait de l’électricité, il faut faire de la cogénération ». Une « grossière erreur », également pour le sénateur Philippe Leroy, rapporteur sur le projet de loi d’avenir de la forêt.
Reconversion: sur la piste de l’éolien
C’est vers d’autres solutions qu’il aurait fallu se pencher selon François-Michel Lambert qui regrette le manque d’anticipation. « Il y a sur ce site un fort potentiel avec le développement de la géothermie ou encore l’éolien », et c’est d’ailleurs dans cette direction que le député entend creuser, d’autant qu’une réflexion autour d’une reconversion de l’usine d’Altéo avait été menée avec Ségolène Royal. « Ce sont des travaux que l’on peut reprendre et déplacer de trois kilomètres », explique le député.
Dans cette perspective, il a saisi le préfet de Région lors d’une rencontre afin qu’il convoque en urgence les inspecteurs mandatés par Ségolène Royal en 2016, en charge de cette étude, afin de présenter ces travaux aux élus, aux acteurs économiques, aux salariés… « On a quatre ans devant nous pour le faire. Et il faut aussi que E.ON se bouge. Aujourd’hui ce sont 150 familles qui sont dans l’angoisse sur un territoire qui a déjà subi il y a plus de 15 ans, la fermeture des mines », ajoute le président de l’Institut de l’économie circulaire. Inquiétude partagée par le maire PCF de Gardanne Roger Mei.
Compte tenu de ses alertes répétées sur le sujet, François-Michel Lambert rejette toute responsabilité et jette même la faute sur les élus du territoire «immobiles». Il entend néanmoins être chargé par le gouvernement d’approfondir les différentes pistes de reconversion.
Rappelons que la centrale de Provence, exploitée par Uniper, possède deux tranches de production d’électricité, l’une classique au charbon, l’autre en cours de conversion à la biomasse. Mais cette transition a été remise en cause début juin par le tribunal administratif de Marseille à cause d’une étude d’impact jugée insuffisante.