À Hong-Kong, les autorités ont imposé le port de bracelets connectés à tout individu placé en quarantaine et présentant des symptômes du virus. Ces e-bracelets associés au smartphone permettent de géolocaliser les individus cible afin de les empêcher de quitter leur domicile. Singapour a mis en place une application mobile qui prévient les personnes qui auraient pu être en contact avec quelqu’un qui est porteur du virus, leur permettant de vérifier s’ils ont pris le même avion ou le même train que des personnes infectées. Taiwan suit également de façon extraordinairement précise les cas suspects en localisant des téléphones et en s’assurant fréquemment de l’évolution du patient. Des messages sont envoyés à ceux qui ne respectent pas leur quarantaine et le traceur est directement relié aux services de police.
En Corée du Sud les données personnelles des malades sont mises en ligne sur Internet et consultables par l’ensemble de la population.
Pierre Grand-Dufay
En Corée du Sud les données personnelles des malades sont mises en ligne sur Internet et consultables par l’ensemble de la population. Il est ainsi possible de vérifier, en temps réel, où les porteurs se trouvent et où ils se déplacent. Les contaminés depuis moins de 24 heures sont représentés par un point rouge, ceux qui le sont de 24 heures à 4 jours apparaissent en jaune tandis que ceux qui le sont depuis neuf jours sont visualisables en vert. Ces données de tracking sont recueillies avec les images de vidéo-surveillance, l’analyse des cartes bancaires ou des téléphones des malades : en cas de refus de partager ces informations, les patients récalcitrants risquent jusqu’à deux ans de prison !
Force est de reconnaître que chacun des pays cités a semblé en mesure de contenir l’épidémie, même quand elle avait pris d’importantes proportions comme en Chine. L’utilisation de l’IA et des nouvelles technologies y a largement contribué en démontrant une évidente efficacité mais au prix d’un renoncement important à certaines libertés individuelles.
Alors il est légitime de se demander pourquoi la France n’utiliserait pas ce type de technologies au service de la lutte contre une telle pandémie. Un débat qui devra nécessairement avoir lieu si nous voulons bénéficier de l’efficacité d’un pays moderne, mais qui heurtera de plein fouet la question de la protection des libertés individuelles.
Pierre Grand-Dufay
(*) Gomet’ Media, attaché à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes de contributeurs extérieurs. Ces points de vue n’engagent pas la rédaction.