Avec ses "écospots" de biodiversité, Inveo (Aix) veut remettre du vivant dans les villes

Présenté comme le projet cleantech le plus prometteur lors de la revue des nouvelles sociétés du Technopôle de l’Arbois cette année, lors des 12/14 du 7 novembre dernier, la start-up Inveo veut « symboliser la reconquête de la biodiversité dans les villes, en prenant en compte l’humain ».

A sa tête : Gérard Filippi, entomologiste « passionné depuis l’âge de huit ans », également fondateur d’Ecotonia, un bureau d’études naturaliste, et l’association Microland. Depuis avril 2023, Inveo est labellisé « Entreprises engagées pour la nature ». Cette initiative, portée par l’Office français de la biodiversité (OFB), engage la start-up à maintenir des objectifs pour la biodiversité pendant quatre ans. Projetée par la Région et la Métropole, Inveo sera présente lors du prochain Consumer electronics show (CES) de Las Vegas qui se déroule la semaine prochaine.

De l’importance de la biodiversité en milieu urbain, Inveo au coeur du vivant

Reconnu dans la région pour son bureau d’études expérimental, Ecotonia, Gérard Filippi souligne que son équipe a identifié un besoin crucial en milieu urbain, point de départ d’une nouvelle branche d’études et d’ingénierie spécialisée qui a abouti à la création d’Inveo.

Gérard Filippi, fondateur d’Inveo. Crédit : image Linkedin

« Notre approche en ingénierie écologique est un allié incontournable dans la lutte contre le changement climatique, car elle vise à renforcer la résilience des écosystèmes en milieu urbain grâce à la création d’écospots de biodiversité. Nous mettons un accent particulier sur les pollinisateurs en développant des protocoles scientifiques spécialement conçus pour soutenir cette vision »

Inveo s’est engagée à promouvoir la végétalisation urbaine en créant des “écospots” de biodiversité, une notion développée par son fondateur pour désigner des écosystèmes où le végétal et l’animal interagissent harmonieusement, comme les interactions entre les insectes et les fleurs sauvages. L’objectif d’Inveo est de transformer les espaces verts en écosystèmes fonctionnels spécifiquement adaptés aux environnements urbains.

Dépasser le “green-washing” en intégrant le vivant

Gérard Filippi insiste sur le fait que les écosystèmes mis en place en milieu urbain doivent être véritablement opérationnels, déplorant le simple “green-washing” souvent adopté par les collectivités désireuses de verdir sans réellement intégrer le vivant.

Inveo perçoit les changements dans les réglementations de construction comme une opportunité de promouvoir des approches écologiques plus intelligentes. L’environnement est une discipline scientifique nécessitant une réelle compréhension de sa diversité insiste Inveo qui étudie les spécificités et les interactions écologiques des espèces afin de concevoir des solutions durables et fonctionnelles, en harmonie avec la biodiversité.

En partenariat avec des acteurs majeurs du monde économique, tels que le promoteur Cogedim, la start-up apporte son expertise écologique pour restaurer et reconstruire de manière intelligente, évitant la création de zones vertes purement esthétiques, mais dépourvues de vie et de pollinisateurs.

L’ingénierie Ville-nature Inveo en schéma. Crédit : Inveo

L’approche d’Inveo vise à développer ses recherches scientifiques en collaborant avec des paysagistes, des jardiniers, des pépiniéristes et des architectes, passant ainsi de la phase d’analyse à l’application concrète. L’objectif est de replanter intelligemment pour favoriser la biodiversité en milieu urbain.

BatCave connect : le premier gîte à chauves-souris isolé et connecté

La start-up axée sur la recherche et le développement en matière de biodiversité se concentre sur « l’amélioration des connaissances en génie écologique pour la restauration des corridors urbains » explique Gérard Filippi. Depuis le début de l’année, Inveo est installée au Technopôle de l’environnement de l’Arbois, où la société conçoit et met au point des produits d’origine naturelle, créant des écosystèmes urbains et des palettes végétales en interrelation avec les insectes pollinisateurs. La société se distingue notamment par la création de mini-habitats pour la faune.

La bat-cave d’Inveo (prototype). Crédit : Inveo

« La BatCave est un habitat artificiel et connecté pour les chauves-souris, intégré à une zone urbaine boisée » explique le fondateur. « Les chauves-souris fournissent d’importants services écosystémiques qui ont un impact sur l’Homme », souligne Gérard Filippi. Environ quinze prototypes de refuges ont été testés pendant six mois en Occitanie et dans les Bouches-du-Rhône. Ces refuges utilisent des matériaux naturels isolants afin de protéger les chauves-souris des températures potentiellement fatales pour elles. La BatCave développée par Inveo est équipée de capteurs de chaleur, de caméras infrarouges et d’une application permettant de collecter des données. Selon le fondateur, « l’expérimentation a été concluante : le gîte résiste aux variations de température et s’intègre esthétiquement à son environnement naturel ».

Pour le moment en phase de développement, Inveo doit produire au courant de l’année 2024 des Batcaves en grande quantité, « il y a un marché important au niveau des villes » précise l’entomologiste, qui envisage de commercialiser son éco-spot de biodiversité entre 150 et 200 euros pièce.

Inveo au Consumer Electronics Show de Las Vegas, “une vitrine exceptionnelle”

Présent au CES de Las Vegas, Gérard Filippi et son équipe saisiront l’opportunité offerte par cet événement pour partager leur expertise. « C’est une véritable valeur ajoutée et une interface entre notre savoir-faire et les avancées technologiques » se réjouit le fondateur, « une vitrine exceptionnelle qui va nous permettre de nous faire connaître par les Français mais aussi à l’international et récolter des fonds pour encore plus développer nos actions pour la préservation de la planète » surenchère t-il. « Et je ne vais pas m’arrêter aux chauves-souris, pleins d’autres projets sont dans le tiroir » nous confie Gérard Filippi.