Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a inauguré vendredi 9 décembre l’extension du centre pénitentiaire des Baumettes, alias « Baumettes 2 » ou « B2 », à Marseille. Cette extension entrera en service en avril 2017, avant que la démolition du bâtiment historique n’entame la dernière étape du processus de rénovation de la prison marseillaise. D’ici 2020, « Baumettes 3 » aura remplacé « Baumettes 1 », construit entre 1933 et 1939 et dont l’insalubrité est régulièrement dénoncée.
« La prison du 21e siècle »
Trois ans de travaux et 95 millions d’euros ont été nécessaires pour construire le bâtiment de 573 places, dont 150 pour les femmes. À l’intérieur, des verrières, des peintures bleues, vertes, jaunes et oranges. Un univers dont la lumière et la couleur tranchent avec l’image grise associée à la prison. L’architecte Bernard Guillien confie avoir élaboré le lieu en se mettant « à la place d’un enfant qui vient rendre visite à ses parents ». Une vision appréciée par le ministre, d’autant qu’avant de venir voir « B2 » et ses odeurs de peinture fraîche, il a visité la vieille « B1 ». Le garde des Sceaux a ainsi félicité ce bâtiment « ultramoderne et ultrasécurisé », avec plus de 600 caméras, permettant des « conditions de détention dignes et de meilleures conditions de travail pour les personnels ». Des personnels pénitentiaires qui lui ont tous invoqué le manque d’effectifs patent dont ils souffrent au quotidien.
Alors le ministre a évoqué sa vision de la prison moderne, vantant un établissement « dans la ville » contrairement à la plupart de ses congénères situés en périphérie « comme si nos sociétés n’assumaient pas la sanction ». Il veut combattre « l’oisiveté en prison, fléau contre la réinsertion qui se fait grâce au travail et à la formation ».
La question de la surpopulation carcérale
Ce nouveau bâtiment mixte dispose d’une capacité de 573 places, « en théorie puisqu’il y aura plus de détenus que de places » glisse une membre de l’équipe du ministre. La région Paca connait une surpopulation carcérale de 2 000 personnes. Les travaux en cours dans les centres pénitentiaires d’Avignon, Aix, Draguignan et Marseille ont pour objectif d’y répondre. En attendant, le taux d’occupation de la maison d’arrêt des Baumettes oscille en 2015 autour de 144% d’après le rapport d’activité 2015 de l’administration pénitentiaire que La Provence s’est procuré (152,5% au niveau régional selon les statistiques de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Marseille).
S’il a vanté cette extension, Jean-Jacques Urvoas reconnait que dans ses dimensions, le bâtiment reste trop grand. « Un établissement modèle ne peut pas être un établissement où il y a 600 places, je pense que 300 places seraient mieux mais malheureusement nous n’y arrivons pas pour des impératifs de gestion ». Une fois « Baumettes 3 » terminé, le centre pénitentiaire devrait être en capacité d’accueillir environ 1 300 détenus au total (573 sur « B2 » et 700 sur « B3 »). En moyenne sur l’année 2015, les Baumettes en ont comptés 1 650 chez les hommes et 150 chez les femmes. Durant les travaux, les détenus seront répartis entre « B2 » et les maisons d’arrêt d’Aix (Luynes 2) et de Draguignan, actuellement en construction.
Nouvelles prisons : huit terrains en cours d’identification dans la région
Le ministre de la Justice a aussi évoqué le plan de construction de 33 établissements pénitentiaires lancé le 3 octobre par l’ancien Premier ministre Manuel Valls. Jean-Jacques Urvoas a parlé de « 8 terrains » en cours d’identification dans la région. « Nous lancerons les procédures accélérées en janvier » pour l’acquisition des terrains et le lancement des projets.
Il a annoncé le lancement du Livre Blanc promis par Manuel Valls, qui devrait rendre ses conclusions fin mars 2017. Le but est d’opérer un diagnostic auprès de trois collèges : l’État, le Parlement et des personnalités qualifiées (chercheurs, professionnels…) afin de mieux cibler les besoins. Il a également annoncé que ce collège serait dirigé par Jean-René Lecerf, président Les Républicains du conseil départemental du Nord et ancien sénateur, cela dans une logique « transpartisane ».