Le Défenseur des droits et l’Union des centres sociaux des Bouches-du-Rhône lancent une initiative expérimentale, innovante et unique en France, pour favoriser l’accès aux droits des enfants, des jeunes et de leur famille.
Laurence Hudry, cheffe du Pôle régional du Défenseur des droits et Nathalie Raymond, présidente de l’Union des centres sociaux des Bouches-du-Rhône (UCS 13), ont signé une convention de partenariat lors d’une conférence de presse mardi 24 octobre à l’Espace Jeunes La Garde (13e). Joseph Richard-Cochet, délégué départemental UCS 13, Stéphane Pianetti, délégué du Défenseur des droits et Djamila Mostefa, agente d’accueil au centre social l’Agora (14e), étaient également présents lors de cet événement.
L’UCS 13 comporte 50 adhérents et regroupe 14 centres sociaux dans le secteur nord-est de Marseille.
Ce partenariat a pour objectif de créer une permanence itinérante dans les centres sociaux des 10e, 11e, 12e, 13e, 14e et 15e arrondissements de Marseille. L’objectif est d’aller au plus près des personnes vulnérables, de diversifier les lieux d’intervention du Défenseur des droits, en particulier dans les quartiers de la politique de la Ville, pour lutter contre le non-recours et imaginer des solutions complémentaires aux canaux de saisines existants.
« Le choix de collaborer avec les centres sociaux, porteurs des valeurs de l’Éducation populaire, s’est présenté comme une évidence liée à leur proximité et à leur engagement avec les habitants des quartiers populaires de Marseille », explique Laurence Hudry. La permanence sera assurée par les salariés et bénévoles-militants des centres sociaux.
Ce nouveau partenariat sera l’occasion de mettre l’accent sur la jeunesse, axe d’intervention prioritaire du mandat de la Défenseure des droits, afin de pallier les difficultés certaines d’accès à aux droits, par méconnaissance, par désintérêt ou par défiance vis-à-vis des organismes publics.
Au niveau des chiffres, à l’échelle nationale, 570 délégués du Défenseur des droits exercent aujourd’hui, contre 350 il y a 10 ans, selon Laurence Hudry, pour une vingtaine dans les Bouches-du-Rhône. Des chiffres proportionnels à l’augmentation des saisines d’environ 10%, au niveau national, sur la même période à savoir 125 000 saisines, toujours selon la cheffe du pôle régional.
« Cette initiative est destinée aux personnes victimes de discrimination, car c’est souvent banalisé. “On m’a refusé cet emploi parce que je porte le foulard, tant pis, je vais aller chercher un emploi ailleurs”, non ce n’est pas possible, car c’est illégal, c’est un délit », affirme Nathalie Raymond.
Djamila Mostefa : « Aider au mieux les usagers »
Si une situation similaire arrive, les personnes peuvent aller voir le délégué du Défenseur des droits. Stéphane Pianetti, délégué du Défenseur des droits, présent lors de la conférence de presse. Il explique le déroulé d’une demande de saisine.
« Un usager, jeune ou moins jeune, vient au centre social, explique le problème à l’agent d’accueil, qui lui, appelle le délégué du Défenseur des droits, moi-même, nous fixons alors un rendez-vous et je reçois la personne sur le lieu de vie, dans un délai d’une semaine maximum. »
Djamila Mostefa, agente d’accueil au centre social l’Agora (14e), évoque son quotidien : « sur ce problème, il y a énormément de demandes, le service des défenseurs des droits est très réactif, par exemple, un enfant déscolarisé est venu demander de l’aide, nous avons appelé Monsieur Pianetti et en deux appels, l’élève était scolarisé. Notre mission est d’aider au mieux les usagers. »
Nathalie Raymond : « nous sommes tous concernés »
Les jeunes sont primordiaux, car, s’ils sont informés tôt de ces droits, ils peuvent réagir. « C’est important de porter ces paroles à tous les habitants pour qu’ils puissent vivre sereinement, la loi s’adresse à tous, elle est là pour protéger tout le monde, pas pour donner des droits à quelques-uns », informe Nathalie Raymond.
Elle poursuit : « lorsque l’on est victime, on a tendance à se replier sur soi-même et à se dire que ‘parce que j’habite dans les quartiers nord, je n’ai pas le droit à certaines choses, c’est comme ça.»
Consciente de l’universalité du problème, la présidente de l’UCS 13 adresse un message aux personnes qui se trouveraient dans cette situation.
« Nous sommes tous concernés de près ou de loin, il faut prendre un peu de courage pour aller consulter un délégué du Défenseur des droits, qui ne sera pas là pour vous juger, mais pour vous écouter, vous accompagner. Après cela, vous déciderez si vous souhaitez aller en justice, faire intervenir une médiation pour avoir accès à vos droits. Vous êtes libres. »
Elle conclut en dénonçant la discrimination : « ce n’est pas normal que des personnes ou des institutions agissent en toute impunité, quand on ne dit rien, on laisse faire, donc cela va continuer. Le dire, c’est se protéger soi-même, mais aussi protéger les autres. »
La solidarité, la dignité humaine et la démocratie
Cette expérimentation donne une nouvelle opportunité aux centres sociaux de faire vivre leurs valeurs : la solidarité, la dignité humaine et la démocratie.
Le 20 novembre aura lieu la « Journée internationale des droits de l’enfant », Stéphane Pianetti se déplacera dans certains centres sociaux marseillais pour discuter avec les enfants de leurs droits. Le 6 décembre prochain aura lieu la venue du Défenseur national des enfants, il se déplacera dans le centre social d’Air Bel (11e) pour évoquer le rapport qui va être remis au Président de la République en matière des droits de l’enfant. Il sera concentré, cette année, autour de l’accès aux loisirs, à la culture et au sport, le tout dans une démarche d’éducation et de proximité.
Missak Manouchian est un rescapé du génocide des Arméniens ayant trouvé refuge en France, militant communiste qui a rejoint les rangs de la Résistance armée contre l’occupant allemand, apatride mort pour la France. Depuis, il est un symbole de courage, de démocratie et d’engagement pour un pays, la France, qui l’avait accueilli. Le mouvement Missak Manouchian vise à renforcer la sécurité, la démocratie et le respect de l’État de droit en Arménie. Inspiré par l’esprit de résistance de Missak Manouchian, il « promeut son héritage en France et en Europe ».