La CCI Aix-Marseille Provence va accueillir cette semaine un pop-up store du géant chinois de prêt-à-porter en ligne, Shein, au World Trade Center, situé en plein cœur commerçant de Marseille, à côté du Centre Bourse. Cette boutique éphémère qui a ouvert le mardi 29 octobre (10h-17h) et du 30 octobre au 3 novembre (10h-20h) est une initiative promotionnelle qui suscite de vives réactions au niveau local, notamment de la part du syndicat régional Sud des entreprises de mode et du mouvement citoyen Place publique 13, car il s’agit d’une enseigne de fast-fashion.
La CCI Aix-Marseille souhaite accompagner les entreprises extérieures au territoire afin de favoriser les investissements en Provence. Cependant, la présence de Shein, une entreprise chinoise controversée, soulève de nombreuses interrogations. Selon Place publique 13, cette initiative envoie un signal désastreux aux acteurs engagés dans une démarche éco-responsable. Dans un communiqué de presse daté du 29 octobre, le mouvement s’indigne : « Alors que la réduction de l’empreinte environnementale devient cruciale et que les pratiques de production déloyales obligent de nombreuses entreprises françaises à fermer, l’installation de la boutique éphémère Shein est problématique. »
Pascaline Lécorché, secrétaire générale de Place publique et co-référente du mouvement, ancienne candidate aux dernières élections législatives ajoute : « Rien ne va dans la décision de la CCI Aix-Marseille Provence. On a du mal à voir la durabilité de l’investissement pour la région. Marseille mérite mieux. »
Le modèle économique de Shein en question
Mais pourquoi cette marque de fast-fashion suscite-t-elle en particulier autant d’inquiétudes ? Selon Place publique, c’est l’ensemble du modèle économique de Shein qui est en question. La marque génère des dépenses énergétiques et une empreinte carbone considérables, produisant des tonnes de CO2 chaque année. Elle utilise massivement le polyester, dérivé du pétrole et du gaz, tout en contribuant à une surconsommation de matières premières, notamment en eau et à une surproduction alarmante, avec au moins 1 000 nouvelles références mises en ligne chaque jour. Ce modèle repose sur l’obsolescence des produits, incitant les consommateurs à acheter en permanence.
S’appuyant sur de nombreuses enquêtes journalistiques et d’ONG publiées ces dernières années, Place publique souligne que la marque chinoise entretient un modèle social destructeur, fondé sur l’exploitation humaine, notamment celle des Ouïghours. Les normes de sécurité ne sont souvent pas respectées et les cadences de travail insupportables se font sans aucune protection sociale, ce qui permet à la marque de maintenir des prix toujours plus bas.
Une stratégie qui ne sert pas à redynamiser les centres-villes
Le syndicat régional des entreprises de mode Mode in sud partage également ces inquiétudes dans un communiqué publié le 28 octobre. En effet, « l’opération Shein, qui vise à permettre aux clients de repérer et d’essayer les produits sur place avant de commander en ligne, génère d’importantes dépenses en énergie. De plus, cette stratégie va à l’encontre des politiques publiques visant à redynamiser les centres-villes, en favorisant une consommation durable et locale. »
Pour rappel, l’Union française des industries de la mode et de l’habillement (UFIMH) a œuvré pour qu’une loi anti-fast fashion soit portée par le gouvernement. Votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 17 mars dernier, cette loi est désormais au Sénat. Le syndicat régional, affilié à l’UFIMH, a lancé une action de sensibilisation auprès des parlementaires de son territoire.
La semaine dernière, Jean-Luc Chauvin, président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence, a décidé d’apporter son soutien à cette initiative par le biais d’un courrier. Jocelyn Meire, président de Mode in Sud, ajoute que : « La relocalisation de la mode en France, qui participe à la réindustrialisation de notre pays, ne se fera pas sans des prises de décisions claires et fermes. »
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